Paiement mobile : la leçon kenyane au monde

Publié le 11 avril 2013 par Philippe Lerouge

14,6 millions d’utilisateurs actifs en mars 2012, 650 millions de dollars de transaction chaque mois, le service M-Pesa, proposé par l’opérateur de téléphonie mobile Safaricom au Kenya, reste une référence, le numéro 1 mondial lorsque l’on parle du paiement mobile. Tour d’horizon des facteurs de succès de ce service innovant.

Sur leur téléphone portable, 24h sur 24 et 7 jours sur 7, près de 20 millions de Kenyans ont la possibilité d’envoyer et de recevoir de l’argent. Simple à utiliser, le service le plus répandu, M-Pesa (M pour mobile et Pesa pour argent en langue swahili), développé entre 2003 et 2006 par Sagentia, entreprise spécialisée dans le développement de produits technologiques, pour le compte de Safaricom, filiale de Vodafone, satisfait à la fois les lettrés et les illettrés. Il suffit juste de savoir utiliser les bases fondamentales d’un téléphone portable pour souscrire gratuitement au service M-Pesa. Une fois abonné, le client dispose sur sa carte SIM d’un e-compte dans lequel il peut verser de l’argent, le recevoir ou encore le transférer à un tiers. Dès sa mise en service en mars 2007, M-Pesa se limitait à la réception et à l’envoi d’argent via le téléphone. Le service est très vite adopté par les populations kenyanes. Son marketing repose sur un simple slogan de trois mots : Send money home. Il séduit cinq millions d’abonnés dès les deux premières années de lancement. Et le succès va aller grandissant.

Innovations permanentes

Mais, à ce jour, en 2013, comme on peut le constater sur son site web, M-Pesa ne se limite plus seulement au transfert d’argent. Depuis 2010, Safaricom a mis sur pied M-Kesho, un service subsidiaire à M-Pesa qui permet d’avoir un compte bancaire (épargne) dans une banque traditionnelle à travers son téléphone portable. C’est avec Equity Bank, une grande banque commerciale offrant des services de microfinance, que M-Kesho a été lancé. Moins de deux ans après, 700’000 comptes ont été ouverts pour un total de quelque 8 millions de dollars de dépôts.

Sur le site web de l’entreprise, on peut constater que ce n’est plus la seule possibilité d’avoir un compte bancaire. A travers le service « M-Pesa to Bank » ou encore « Bank to M-Pesa », il est possible aux abonnés du service d’avoir accès à leur compte bancaire ou d’effectuer des opérations bancaires à partir de leur téléphone portable. Les banques concernées sont Barclays Bank, Commercial Bank of Africa, Consolidated Bank, Cooperative Bank, Equity Bank, Family Bank, Housing Finance, KCB Bank, K-Rep, National Bank, NIC Bank, Post Bank, Standard Chartered et Transnational Bank. « Avec M-Pesa to Bank et Bank to M-Pesa, les clients ont la possibilité de déposer de l’argent sur leurs comptes bancaires à partir de leur M-Pesa, et de retirer de l’argent de leur banque pour le mettre sur leur compte M-Pesa sans visiter la banque », explique Safaricom. Le coût des transactions M-Pesa - banques est fixé par les banques et diffère d’une banque à l’autre.

Ce succès a même suscité la concurrence entre les banques et les opérateurs de téléphonie mobile, qui ont lancé des services similaires au M-Pesa. Ainsi, trois autres banques (KCB Connect, Pesa-Connect et Family Bank’s Pesa Pap) ont introduit des produits de paiement mobile, et les opérateurs de téléphonie mobile tels que Zain ou Essar ont également lancé leur service : Zap pour Zain et Yu Cash pour Essar. Ils n’ont cependant pas connu le même succès que M-Pesa, qui a une longueur d’avance sur ses concurrents. M-Pesa permet désormais de payer les frais de scolarité, de payer des factures (supermarchés, taxis, billets d’avion, hôpitaux, etc.), d’effectuer des prêts sociaux, ou encore de collecter des fonds. Plus encore, en 2010, le service M-Pesa incluait déjà la possibilité d’envoyer de l’argent via Western Union dans 45 pays.

Ce succès rencontré par M-Pesa, aujourd’hui cité comme exemple dans le monde entier, est la résultante de trois facteurs : le boom de la téléphonie mobile dans le pays ; la simplicité, l’accessibilité et ses faibles coûts ; et enfin l’action de la Banque centrale kenyane pour la validation du service.

Référence et suite sur http://www.agenceecofin.com/banque/0604-10050-paiement-mobile-la-lecon-kenyane-au-monde