Evidemment là, c’est l’été et après l’hiver de merde de 9 mois qu’on vient de se taper, vous vous sentez nettement plus concernés par la température de l’eau à Carcans que pas le réchauffement de la planète. Mais vous ne pouvez pas anticiper un peu tas d’inconséquents ?! Et après vous allez venir pleurer à la rentrée quand Yves Calvi vous collera en pleine gueule un « C’est dans l’air » consacré à « l’influence géopolitique de l’assèchement de la mer d’Aral ». Et ben ce sera trop tard ! Depuis le temps qu’on vous dit d’arrêter « Les Experts Manhattan » et de vous convertir illico presto à la poésie du générique en morphing où un bulot devient un chalutier qui devient un poulpe qui devient un cendrier en coquille Saint-Jacques…
Le vendredi, c’est permis…mais y’a des limites !
J’ai, malheureusement pour mon entourage, la mauvaise manie d’être incontestablement psychorigide à tendance obsessionnelle et, lorsque je pense tenir un truc susceptible de sauver l’âme de mes coreligionnaires, je suis capable des pires excès. Après avoir donc enfant consacré mes vendredis soir à l’écoute attentive de France Info, dont je rappelle pour aux ignares qu’il s’agit d’un fil d’information se répétant de manière quasi identique tous les quarts d’heure, et ce afin d’être sûr de n’avoir rien loupé des chroniques de Jean-Pierre Gaillard, pour la bourse, Yolaine de la Bigne, pour « quelle époque-épique » et Joël Collado pour la météo, j’ai donc regardé tous les Thalassas depuis que j’ai le droit d’échapper au couvre feu de 20h45, juste avant d’aller laver mes mains et brosser me dents, ou l’inverse ! Ceux qui maitrisent parfaitement la grille des programmes, TNT incluse, auront immédiatement compris les raisons de ce choix. Pour les autres, je récapitule. Donc le vendredi soir vous avez sur la Une, 3 épisodes des experts avec ville au choix (et 3 épisodes avec le jeu d’acteur de Horatio, c’est long), sur la 2, une série française (oui, je sais, ça pique les yeux), sur canal…ah ben non, j’ai pas canal…sur France 5 un reportage sur la culture du maïs transgénique en milieu sub-tropical et sur la 6 une série avec des vampires, ou des morts, ou les 2. Pour les chaines de la TNT, c’est en général un truc de télé-réalité avec des jeunes qui se proposent de vous apprendre les bonnes manières en colocation ou en voyage à grand coups de secrets révélés (elle a été gogo danceuse ou il est monotesticulaire) ou de découvertes culturelles à Ibiza. Sinon, il vous reste toujours un épisode de Julie Lescaut pour être certain de définitivement détester Véronique Genest. Ouf ! Alors ? Thalassa ou pas thalassa ? Et ben thalassa les mecs…
Georges Pernoud aime-t’il vraiment la mer ?
On ne peut pas dire aujourd’hui que la prise de conscience mondiale sur la nécessité de préserver l’environnement soit manifeste. A l’ouest, on laisse ça aux écologistes qu’on fait semblant d’écouter en espérant intérieurement qu’ils se taisent au moins à l’heure de Plus Belle la Vie (oui, il ya des priorités quand même). A l’est, on en a clairement rien à secouer et on se demande bien pourquoi, maintenant qu’on commence à goûter aux joies de l’économie de marché, il faudrait qu’on passe directement de « économiquement inexistants » à « écologiquement responsables » sans passer par la case « on se gave ». Au milieu de tout ça, il y a la mer, belle, puissante, infinie. Enfin sur le dessus. Parce qu’en dessous, depuis le temps qu’on y balance nos poubelles, ça commence à être un sacré bordel du genre de ceux qu’on trouve en banlieue de Calcutta, dans la boîte crânienne de Frigide Barjot ou au Carlton de Lille. Et l’ami Pernoud, il nous montre quoi ? Du surf en tandem, des documentaristes spécialisés dans les bancs de sardines et leurs réactions face au danger et des plages paradisiaques aux quatre coins du monde. Alors que monsieur Pernoud cherche n’importe quelle excuse pour aller tourner des reportages aux caraïbes, je peux comprendre. Il fait de la télé et même à France 3, on a le droit de se payer des vacances avec l’argent des téléspectateurs. Mais franchement, il est vraiment obligé de nous refiler le mal de mer avec un portrait des marins-pêcheurs de Saint-Pierre-et-Miquelon ? Ce mec là, si il aimait la mer, il ne chercherait pas à nous en dégoûter.
Et puis d’abord, il me semblait qu’on avait décidé que tous les vrais défenseurs de la planète portaient une moustache comme José Bové ou Yann Arthus-Bertrand histoire qu’on puisse plus facilement les reconnaître et que les CRS puisse mieux les identifier pour leur taper dessus dans les manifs. Claude Allègre, ça c’est un vrai écologiste. Il n’a pas changé de costume depuis 1974 et ses verres de lunettes sont issus du recyclage de culs de bouteilles de Saint-Emilion. Un bon exemple de consommateur responsable…
Gabriel de Calomnie