Google lance son comparateur d’assurance automobile en France
Publié le 30 juillet 2013 par Bedigitalbusiness
@bdb_paris
Nous avons déjà abordé les attaques de Google contre les comparateurs shopping, ceux du voyage, de l’hôtellerie… Maintenant, place à la finance, Google propose un comparateur d’assurance automobile avant de se lancer, j’en suis certaine dans le bancaire.
Mais revenons à l’annonce du comparateur de Google dans le domaine assurantiel. Les plus fidèles lecteurs savent que j’ai travaillé dans l’assurance à plusieurs titres. Plus particulièrement, j’étais la VP Internet (Directrice Marketing Digital si vous préférez) de Courtanet, en charge du lancement de assuremieux.com, devenu lesfurets.com.
Depuis des mois, j’évoque à mon entourage professionnel la possibilité que Google se lance dans le domaine…
Après un focus rapide sur le process de comparaison en ligne de Google, j’axerai mon propos sur le business.
Le process simplifié par vos données personnelles
Le process est semblable à celui des autres comparateurs : choix du véhicule, état de ce dernier, questions sur le conducteur, sur son historique assurantiel. Le seul changement est que si vous êtes connecté à Google +, d’office votre email, votre prénom et votre nom sont remplis. Vous pouvez bien sûr les modifier (pour l’instant)
Le résultat
Un devis comme ailleurs, je vous laisse le soin de le visualiser au format PDF
NDLR : les données personnelles fournies sont fausses.
Une concurrence effroyable, une concurrence déloyale ?
Quel facteur clé de succès pour rester un acteur du domaine ?
Les internautes aiment le choix et pour l’instant, seuls 6 assureurs ou courtiers sont disponibles, mais c’est transitoire.
Vu la force de frappe de Google, si j’étais directrice marketing dans le secteur de l’assurance, je me demanderais dès ce soir quelle valeur ajoutée apportée à ma plateforme pour ne pas perdre voire retenir mes internautes si chèrement acquis.
Un concurrent avec un trafic illimité et gratuit !
En effet, le nerf de la guerre des comparateurs est le trafic. Google est le moteur de recherche préféré des européens à plus de 90%. Le premier poste de dépense est donc nul pour lui : il n’a pas à payer son trafic.
Un concurrent avec une image de marque forte et crédible
Google est la première marque préférée des français.
Source : La Tribune
Un concurrent qui gagne sur tous les tableaux
Nous pourrions nous demander : mais ne cannibalise-t-il pas ses clients annonceurs (Pub / Google Adwords) ?
La réponse est claire : que peuvent-ils faire à part payer plus de publicité et accepter de devenir membre du panel (conditions financières ?) ?
Pour le CA de Google, c’est une pure merveille. Pour générer du CA en direct, les assurances devront payer plus cher leurs campagnes, car la concurrence va s’intensifier : les autres comparateurs pour survivre devront renchérir sur les mêmes mots-clefs. Pour information, les enchères pour les mots clés liés à l’assurance oscillent déjà autour des 20 à 50 euros le clic…
Le SEO, le référencement naturel est-il une solution ?
En effet, si vous avez du temps et un dieu du SEO pour vous faire parvenir au sommet des résultats de recherche (en toute conformité avec les règles Google) alors que les changements d’algorithmes du moteur mystérieusement favorisent les services Google, vous pouvez encore croire pouvoir continuer votre business sans un budget de fonctionnement de plusieurs millions…
Mais rappelons-nous que depuis que Google Shopping est arrivé, les comparateurs produits ont connu bien des misères, dont un changement de calcul des résultats (Panda) la semaine avant Noël 2012… A priori, en septembre et en janvier, les assureurs vont connaître des évolutions de leurs positions en référencement naturel…
Bien sûr, les entreprises portent plainte contre cette position dominante mais pour l’instant sans succès.
Source : La tribune
Google n’est plus un moteur de recherche, Google est un intermédiaire
Baisse inexorable du CPC
Le business de Google n’est plus d’être un endroit où l’internaute cherche et où il trouve de la publicité des annonceurs en haut, en bas et à droite de sa page de résultat. Le tarif de la pub (CPC,coût par clic) baisse inexorablement surtout avec le mobile : – 6% lors du T2 2013, résultat l’action plonge.
Source : highprofilesnews.com
Changer de business model pour survivre
Google a tenté de sauver son CA en mettant en place le CPA (coût par action, paiement à l’acte). Malgré cela, il faut trouver d’autres ressources et le business de Google est en train de devenir : être l’intermédiaire de tous les services, de tous les produits recherchés sur le digital.
A chaque recherche, il veut gagner de l’argent non plus sur la publicité mais sur la transaction. Plus votre trafic est proche de l’acte d’achat, plus vous pouvez le vendre à bon prix.
Pour résumer, billets d’avions, nuits d’hôtel, T-shirts, assurance et bientôt paiement et livraison… tout passe et passera via Google et les entreprises qu’il a achetées.
Google, la création de notre e-identité unifiée et sa vente ?
C’est l’impact le plus fort et le moins perçu.
Google va détenir la première base mondiale des données personnelles unifiées, en effet tout ce qui est nécessaire de savoir pour vous vendre des produits (taille de pantalon, couleur préférée, adresse de livraison, nom de la banque…) ou des services (voiture conduite, délits commis [résiliation assurance]…) sera relié.
En réutilisant nos données personnelles, sur tous ses services, Google va bientôt réussir à créer l’unicité de l’identité de l’internaute. En effet, dans ce test, j’ai modifié mes données, mais si cela avait été dans le cadre d’une vraie recherche, il aurait pu associer mon email, à mon adresse physique, à mon statut matrimonial et les réutiliser de services en services… Le rêve de tout e-marketeur est proche : l’identité morcelée de l’internaute sera bientôt remplacée par l’identité unique.
La CNIL travaille sur ce sujet mais ses moyens de coercition sont faibles : La CNIL met en demeure Google
Conclusion
Comme je l’ai déjà dit et écrit, aucune secteur n’est à l’abri.
Google est devenu un concurrent direct sur le digital et sur le physique (services de livraison et de paiement) ; il a aussi le désir de devenir un pont entre la vente sur le web et celle en magasin physique, la nouvelle version de Google Analytics Universal est un premier pas.
En effet, nous sommes au début de sa mutation. Digital et physique vont s’entrecroiser de plus en plus, mais surtout le corps humain semble être la prochaine frontière de l’entreprise, avec l’intérêt croissant des fondateurs pour le transhumanisme et l’ADN. Ray Kurzweil, le « pape » du transhumanisme, a été embauché par Google et l’ADN est au coeur du business de la femme d’un des deux cofondateurs.
Le slogan d’origine de Google « Don’t be evil » est bien oublié. Survivre semble valoir toutes les compromissions pour ses fondateurs.
Sources :
- Google et les transhumanistes, le Monde
- Qu’est-ce que le transhumanisme, France Inter
Sources
En plus des liens dans le corps de l’article, je vous invite à (re)lire
Article du blog :
- Google de la recherche à la livraison
Liens extérieurs :
- États-Unis : ne dites plus Internet, dites Google
- Google lance un comparateur d’assurance automobile en France
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