Il y a quelques jours, j’étais partie pour faire une critique du film Kick-Ass. Sauf qu’entre temps, c’est-à-dire hier soir, j’ai vu Le premier jour du reste de ta vie, film de Rémi Bezançon sorti en 2008 avec Zabou Breitman et Jacques Gamblin.
Un très bon ami nous avait offert le dvd et nous ne l’avions pas encore regardé. Hier soir, pleins de bonnes intentions, nous nous sommes dit que le moment était venu de le visionner. Le titre laissait augurer le meilleur, le casting et les critiques aussi. Eh bien après ce visionnage, un seul mot me vient à l’esprit, et même pas en français : awful.
Je m’attendais, allez savoir pourquoi, à un film plein d’optimisme, de ces films qui vous laissent le coeur léger et remplis de foi en la vie. Au lieu de ça, après l’arrêt du dvd, j’étais tellement déprimée que j’ai ressenti un besoin urgent de regarder How I met Your Mother, même en VO non sous-titrée, et j’ai dû faire un effort impérieux pour ne pas me jeter sur un Mars glacé pour me réconforter.
Le scénario de ce film est une sorte de kaléidoscope, construit autour de cinq jours-clés de la vie d’une famille de cinq personnes. Cinq jours qui influeront irrémédiablement sur le cours de leurs vies.
Une très belle idée de départ, et une construction intéressante du film. Mais c’est sans compter une galerie de personnages, un couple bobo soixante-huitard et leurs trois enfants, assez tête à claques. La faute à des caractères peu nuancés et très stéréotypés : un fils coléreux qui a réussi dans la vie mais qui a l’impression d’avoir tout fait de travers, un glandeur / looser qui finit par se trouver une vocation sur le tard, une petite dernière rebelle qui tombe dans tous les pièges de la jeunesse, un père un peu raté et sans cesse rabaissé par un grand-père bougon, une mère confrontée aux affres du temps qui passe. Beaucoup de déjà-vu. Ainsi, aucun cliché ne nous est épargné, de la mère qui se rend à un rendez-vous galant pour se prouver qu’elle peut encore séduire aux classiques altercations père-fils ou fraternelles.
Petit aparté sur Déborah François, dans un rôle que pour ma part j’ai trouvé assez détestable, celui de la benjamine : une jeune grunge fan de Kurt Cobain (évidemment…), qui connaît sa première expérience sexuelle avec un chanteur de rock (évidemment…) qui la jette aussitôt l’affaire faite, une grossesse et un avortement secret, une fuite de la maison en pleine nuit, sous la pluie, les cheveux mouillés et le maquillage dégoulinant, dans une scène de ‘Maman, je te déteste’ qui se termine par un accident de voiture. Sans compter une scène hallucinante et prétendument comique, où après une fellation un peu trop rapide, elle se retrouve sur le chemin de la salle de bains nez-à-nez avec les parents du jeune homme, la bouche pleine de semence. Grande classe… Tout ça pour dire que ce personnage illustre à lui seul le nombre de stéréotypes contenus dans le film.
Alors oui, de (trop ?) nombreux thèmes sont traités : la famille, l’amour sous toutes ses formes, le sexe (des jeunes et des vieux), la réussite, les égarements de la jeunesse, l’argent, la drogue, le tabac, la solitude, la maladie, la mort, le temps qui passe, … mais sans aucune profondeur. Juste l’impression d’assister à un long catalogue de tout ce qui peut arriver de triste au sein d’une famille moyenne à laquelle j’avais envie de tout sauf de m’identifier. A vous faire regretter d’avoir des enfants si ça doit donner ça plus tard.
J’ai donc attendu pendant tout le film une étincelle un peu positive, qui aurait pu justifier toute cette accumulation, mais non. La fin du film finit d’enfoncer le clou avec la mort attendue du père comme pour dire : ‘Vous n’avez pas encore pleuré ? Alors en voilà encore !’. Et la seconde d’optimisme qui arrive enfin dans la toute dernière scène n’arrive même plus à relever un plat d’une lourdeur que j’ai trouvée vraiment indigeste.
Ceci dit, pour être franche, j’ai quand même eu la larme à l’oeil, voire même plus – oui, j’aime pleurer devant mon écran -, je ne peux donc pas dire que ce film m’ait laissée de marbre. Mais c’est comme si on m’avait enfoncé des aiguilles pendant tout le film jusqu’à ce que je finisse par céder. De l’émotion provoquée et des larmes poussives.
Ce film a été encensé, je peux tout à fait comprendre pourquoi, mais il se trouve que ce style de cinéma est à l’opposé de ce que je recherche dans le 7ème art, à savoir le rêve et l’évasion. Peut-être aussi suis-je allergique au cinéma français. C’est vrai que mes dernières tentatives (Le prénom, Un heureux événement, Comme des frères, …) ne m’ont pas laissé un très bon souvenir, entre ennui poli et franche déprime. Et je ne parle même pas de la série française Les revenants (du fantastique à la française, il fallait que je voie ça de mes yeux !) que j’ai trouvée franchement mauvaise. A croire que les cinéastes français ont oublié que le cinéma pouvait aussi être léger, sans pour autant tomber dans la comédie. Enfin si, certains essaient, mais ça donne, comme avec La Science des rêves de Michel Gondry (dont j’ai pourtant adoré Eternal Sunshine of The Spotless Mind), un film sous acide très ennuyeux.
J’avais commencé récemment à regarder De rouille et d’os, et j’ai encore Les petits mouchoirs dans ma liste. Visiblement, ce sont de bons films mais je ne sais pas si j’aurai le courage. A une vision de la vie ultra-réaliste telle qu’elle est dans les films français, je préfère la fraîcheur et la candeur de la vie telle qu’elle pourrait être comme dans un Big Fish de Tim Burton.
Et pour ce qui est du Premier jour du reste de ta vie, je vais oublier le film et garder cette merveilleuse chanson d’Etienne Daho qui, elle, donne envie de déplacer des montagnes.
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