Bane…Bad to the Bone ?

On regardait The Dark Knight Rises hier, c’était la énième fois d’ailleurs et de ce fait je réfléchissais au personnage de Bane. Je dois dire que je lui porte une fascination qui pourra vous étonner même si je sais que je ne suis pas la seule.

Tout d’abord il faut parler de la façon dont Christopher Nolan a mené sa trilogie, d’une main de maître si vous voulez mon avis. Il a créé une montée en puissance incroyable dès le second opus avec l’énigmatique Joker glorifié par l’interprétation inquiétante du regretté Heath Ledger. Nolan pose les premières pistes de son questionnement. Car oui, une fois de plus les Super Héros remettent en question notre monde. Le bouquet final arrive dans le troisième opus avec un personnage à l’impact exceptionnel : Bane.

ATTENTION CET ARTICLE CONTIENT DES SPOILERS, N’ALLEZ PAS PLUS LOIN SI VOUS N’AVEZ PAS VU LE FILM !

Dans sa version première Bane est déjà un personnage compliqué et torturé. Il doit purger la sentence d’emprisonnement à vie que

Bane breaks Batman’s back in a splash page from Batman #497 (July 1993). Art by Jim Aparo. (Photo credit: Wikipedia)

son père lui a légué, autant vous dire que dès sa naissance l’homme naît dans l’injustice. Sa mère se laisse mourir à ses côtés et sa vie se déroule au près des plus grands criminels que la terre aient porté. Après avoir été laissé pour mort, Bane revient pour se venger, il purge alors une peine de dix ans d’isolement. Il passe le reste de son temps en prison à lire de nombreux livres, il est persuadé que le savoir reste un des moyens les plus puissants pour faire sa place dans le monde, ça et sa force.
C’est à sa majorité qu’il est victime d’une expérience militaire, on lui transfuse un venin dans le cortex cérébral afin de modifier sa masse musculaire. Le but premier étant de créer des soldats invincibles, mais l’expérience se retourne contre eux et Bane s’évade. Il se rend alors à Gotham après avoir entendu parlé d’un justicier qui fait trembler tous les criminels.

Dans la version de Christopher Nolan, Bane a un passé quelque peu différent. Il est également emprisonné mais on ne sait pas depuis combien de temps, ni pourquoi. L’enfant dans la prison ce n’est pas lui, c’est Talia al Ghul (Marion Cotillard), Bane n’est autre que son protecteur. Tandis que la peste sévit dans la prison, il la sauve d’une émeute. Elle arrive à s’enfuir, Bane, lui est sauvagement agressé. Il doit désormais porter un masque qui lui permet de calmer la douleur constante qu’il ressent. Talia revient le délivrer avec l’aide de son père, Ra’s al Ghul qui n’est autre que le mentor de Batman. Le maître les prend tous deux sous son aile mais il n’arrive pas à accepter Bane. Malgré tout Talia et Bane décide de venger la mort de Ra’s al Ghul et d’exécuter son plus grand souhait en montant une étonnante machination qui s’étale sur plusieurs années.

The Joker in The Dark Knight is portrayed by Heath Ledger. (Photo credit: Wikipedia)

Ce n’est pas étonnant que Christopher Nolan choisisse Bane comme personnage de son apothéose programmée. Le personnage est beaucoup plus ancré dans notre réalité qu’on ne pourrait le penser. Bane représente les opprimés victimes de constantes injustices, ceux qui n’ont pas eu la chance de naître au bon endroit. C’est quelque chose de très présent dans la vision de Nolan, il a également humanisé le Joker malgré la folie qui le dévore. Et il n’y a rien de plus marquant qu’un "méchant" de film qui renvoi au spectateur une vision de sa propre réalité.

"Je voulais vraiment voir Batman rencontrer son équivalent physique, ainsi qu’intellectuel. Bane c’est de la force pure avec une dévotion fanatique pour son devoir, et cette combinaison le rend imparable." Christopher Nolan pour Digital Spy

C’est aussi dans ses idées que le spectateur va pouvoir s’identifier. Même si le discours est poussé trop loin pour pouvoir y adhérer complètement, il repose sur des vérités : libérez-vous. Libérez-vous de l’oppression de la politique mensongère et des médias manipulateurs. Une fois de plus on nous mets en garde contre notre stupidité, nous somme contenus, on nous restreint par la peur, le mensonge, on annihile notre individualité en nous délivrant des émissions abêtissantes qui n’ont que pour seul but : notre docilité. Et ce qui nous fascine chez Bane c’est sa détermination. Sa mission est une mission suicide, elle est entourée d’une fatalité qui nous amène a sérieusement réfléchir. La cause est-elle vraiment si perdue ? C’est là que rentre en scène Batman/Bruce Wayne qui lui aussi se questionne sérieusement. Et c’est Blake (Robin) qui va apporter une lueur d’espoir. Il apporte une "solution" intermédiaire après cette étonnante scène finale sur le pont. Les ordres ne sont pas tous bons à suivre, le bon sens quant à lui prévaut.

"Nous reprenons Gotham aux corrompus ! Aux riches ! À ceux qui vous oppriment depuis des générations, qui vous font courber l’échine avec leurs fables sur l’égalité des chances et nous la rendons à vous… le peuple. Gotham est à vous. Nul ne s’interposera. Faites comme bon vous semble. Commencez par prendre d’assaut Blackgate et libérez les opprimés. Une armé sera levée. Les puissants seront arrachés à leurs nids de décadence et projetés dans le monde froid que nous connaissons et subissons. Les tribunaux seront institués. Et le butin sera partagé. Le sang sera versé. La police survivra en apprenant à servir la véritable justice. Cette grande ville… saura faire face… Gotham survivra !" (Citation de Bane de la version française)

On peu difficilement parler de Bane sans parler de l’acteur qui l’incarne : Tom Hardy. L’homme a tout simplement fait des prouesses dans son interprétation. N’utilisant que sa voix et son regard pour les émotions et sa carrure pour imposer une présence qui fait énormément d’ombre à Batman (Christian Bale). C’est d’ailleurs quelque chose de coutumier chez le réalisateur, il avait également partagé le poids d’un grand film sur plusieurs acteurs dans le très bon Inception (où on retrouve également des acteurs présents sur Dark Knight Rises). La transformation opérée par Tom Hardy est étourdissante et prédit de belles années à l’acteur qui a déjà ré-exploité sa carrure pour "Des Hommes sans lois" je ne peux que vous le conseiller.

"Au bout du compte, je jouerais n’importe quel rôle qu’on me croit incapable de jouer." Tom Hardy, propos recueilli par l‘Express

Il y a énormément de facette à ce personnage, et sûrement vous aurez découvert un autre discours que celui que j’ai pu lire dans le film. Il me faudrait bien des lignes pour parler de tous les aspects qu’a pu aborder Nolan : la dictature du fichier informatique qui poursuit Selena Kyle (Catwoman), la résistance du commissaire Gordon, la génération que représente Blake, les inquiétudes d’Alfred et même l’épisode à la bourse qui contient de nombreux détails qui apportent questions et dénonciations…bref on a rarement vu un film de "super héros" qui vous laisse avec plus de questions que de réponses, de plus des questions pour le moins troublantes.

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