Cette année, le moins que l’on puisse dire, aura été riche en voyages. Après être parti une douzaine de jours en Thaïlande au mois de mars, une dizaine de jours en Turquie (Istanbul et la Cappadoce) au mois de mai, quelques jours en Bretagne (ah ben si, ça compte quand-même), voilà que je suis à quelques jours de repartir en Thaïlande.
Long tail boat – Baie de Haad Salad – Ko Pha Ngan
Thaïlande – Mars 2013
Si je suis parti en mars avec la ferme intention de me reposer, je n’ai pas résisté à mon envie de battre la campagne, même si les limites naturelles de l’île de Ko Phangan m’ont assez tôt empêché d’aller voir trop loin ; il aurait été dommage de rester le cul sur la plage à attendre que ça passe. J’ai trouvé de quoi faire dans cette petite baie, à observer les gens vivre, à regarder par la lucarne ce qui se passe à l’intérieur et même là où tout a été gangréné par le tourisme de masse, on arrive encore à trouver de quoi se satisfaire en frappant au carreau et en demandant si l’intrusion est permise… Évidemment, cela m’aura été plus compliqué en Thaïlande que dans cette Turquie qui me devient familière et pour laquelle je commence à avoir une certaine appétence au regard de la langue. Le thaï me rebute par son alphabet et ses diphtongues. Le vocabulaire me semble complexe et de toute façon, les Thaïs visibles parlent presque tous anglais et n’incitent pas à ce que vous rentriez dans leur langue. Il faudra que j’apprenne à débusquer les invisibles.
Parmi les moments forts de ce dernier voyage, l’escale à Dubaï où je me suis surpris à parler à l’agent de sécurité qui contrôlait les bagages à main — une belle grande femme toute voilée de noir, aux grands yeux perçants. Mon sac présente une anomalie, une masse compacte au fond ; des livres. Je l’entends parler en arabe à l’un de ces collègues et j’attrape dans la conversation le mot كتاب (kitab) que je reconnais grâce au turc (kitap). Je répète le mot. Elle me dit en souriant kitab = one book, kutub = several books. Et là je reconnais le pluriel interne qu’on retrouve aussi en turc (je fonctionne par association, kütüphanesi = bibliothèque). Nous échangeons un sourire complice…
Wat Pho – Bangkok
Thaïlande – Mars 2013
Un autre moment fort pour moi aura été cette presqu’amitié avec un chien que je m’étais amusé à surnommer trois pattes pour les raisons qu’on imagine. Dès que je descendais sur la plage, quelle que fût l’heure, il était là et me suivait en trottinant quand il n’était poursuivi par les autres chiens qui ne supportaient apparemment pas sa différence.
Parmi les moments de doute, je me suis retrouvé sur un bateau brinquebalant à l’heure du renard sur la mer houleuse du Golfe de Thaïlande entre le Mu Ko Ang Thong National Marine Park et l’île de Phangan. Tandis que les brisants frappaient sur la coque fragile de l’embarcation, je m’imaginais déjà couler à pic tandis que la structure entière du bateau craquait dès qu’une vague était un peu trop forte. Je me suis juré qu’on ne m’y reprendrait pas, malgré une très belle journée passée dans les îles, en compagnie de petits singes sauvages et à me baigner dans une eau aussi chaude que ma douche… J’ai aimé aussi la ville de Thong Sala avec sa grande artère et le marché de nuit où l’on peut manger un pad thaï sur le bord du trottoir… Chaloklum sous une pluie battante, ville discrète où se dessèchent au soleil au bord de la route des milliers de seiches dont l’odeur âcre finit par prendre à la gorge. A Bangkok, je me plairai à nouveau à errer du coté du Wat Pho, de ses entrepôts cachés ou sur les quais du côté du Tha Thewet Pier, où grouillent des poissons-chat énormes dans l’eau grise et puante de la Chao Phraya, ou dans le quartier des vendeurs de Bouddhas que j’ai traversé en tuk-tuk au soleil couchant, ou encore le soir au Wat Suthat où j’ai discuté avec un moine qui m’a appris la différence entre les moines theravāda et les moines mahāyāna. Je retrouverai aussi l’ambiance anxieuse de l’attente dans les aéroports, une ambiance unique, fiévreuse, faite uniquement de passages, de transits, de couloirs traversés et de parcours fléchés. Des énormes comme Roissy ou Bangkok, de tout petits comme Ko Samui, d’où décollent les ATR 72 vrombissant dans la nuit chaude.
Je pars vendredi soir, le 3, pour rejoindre Bangkok (BKK) où je passerai la nuit près de l’aéroport. Je pourrai ainsi voir la lumière étrange du matin planer aux abords des pistes avant de repartir pour Chiang Mai (CNX) jusqu’au 8. Retour à Bangkok (BKK), jusqu’au 12, puis départ pour Ko Pha Ngan où j’arriverai en bateau en passant par Ko Samui (USM), jusqu’au 22. Retour à Bangkok pour 5 jours, d’où je pars le 27 pour Paris (CDG). Si tout va bien, vous aurez quelques nouvelles de moi si vous passez par Routes Croisées.