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Deux ou trois mois d'éternité

Par Belzaran

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Titre : Les petits riens, T6 : Deux ou trois mois d'éternité
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Juin 2013


Lewis Trondheim est un auteur majeur de ces vingt dernières années dans le domaine de la bande dessinée. Son univers est unique. Il est reconnaissable dès les premières pages de chacun de ses albums. Sa capacité à jouer avec les mots et à transcrire le quotidien sont sublimés par son trait si caractéristique. Le talent que je lui préfère est sa manière de décrire la vie de tous les jours comme une aventure tout en mettant toujours en avant ses absurdités. En créant Les petits riens de Lewis Trondheim, il s’offre un lieu d’expression de choix pour ce type de narration.

Cette série possède actuellement six tomes édités chez Dargaud dans la collection Shampoing. Chaque album se compose de plus de cent pages. Le format de l’ouvrage s’approche de celui d’un roman davantage que d’un ouvrage de bandes dessinées classique. Ma critique porte sur le sixième opus intitulé Deux ou trois mois d’éternité. Il est apparu dans les librairies au mois de juin dernier. Pour vous donner l’esprit du bouquin, je vous citerai la présentation faite de l’auteur dans l’album : « Lewis Trondheim est né durant le millénaire précédent. Aussi, bien qu’aimant aussi les nouveaux gadgets high-tech comme les clefs de voiture qui ouvrent à distance, il continue à aimer plus particulièrement les petites choses simples qui donnent à la vie tout leur sel. Il s’est très vite rendu compte qu’il n’aurait aucune prise sur les guerres à travers le monde, le terrorisme de masse et l’utilisation d’armes bactériologiques. Trouver le bonheur dans ces conditions extrêmes est chose faisable, mais savoir qu’on le tient et s’angoisser à vouloir le conserver, n’est-ce pas une preuve de bonne débilité mentale ? »

Le bouquin utilise les codes du carnet de notes. Il est amené à être feuilleté aux hasards des pages. D’ailleurs, ces dernières ne sont pas numérotées. Cela confirme le fait qu’elles ne sont pas ordonnées. Les planches se décomposent grossièrement en deux catégories. La première est celle qui m’intéresse le moins. Il s’agit de dessins reproduisant un lieu ou un objet. Cela peut être une camionnette de déménagement, un cimetière sud-américain, une tour à Dubaï ou des masques se trouvant dans un musée. Chacune de ses illustrations est accompagnée d’un petit texte nous expliquant le pourquoi du comment de ce choix. Ce n’est pas inintéressant car bien souvent Trondheim agrémente ces pages-là d’une anecdote ou d’une information marrante ou originale. Néanmoins, je préfère quand la planche se rapproche davantage des codes de la bande dessinée.

En effet, ces dessins touristiques bien souvent alternent avec des histoires d’une page mettant en œuvre Trondheim dans son quotidien. Là encore, il y a une réelle évolution par rapport aux premiers opus de la série. Le charme principal de ces albums réside dans le fait que l’auteur arrive à faire du quotidien de monsieur tout le monde une aventure. Il est difficile de vous donner des exemples car le style de Trondheim est unique pour sublimer le banal. Disons qu’il peut construire une histoire sur la base de la lumière dans un frigo ou sur les angoisses qui accompagnent le décollage d’un avion. Bien souvent, il arrive à rendre cela tellement drôle que de nombreux fous rires ont agrémenté ma lecture. 

L’évolution que j’évoquais précédemment est la conséquence des nombreux déplacements à travers le monde fait par Trondheim. Cela se ressent dans ses petits riens puisque la majorité de ses anecdotes se déroulent à l’étranger. Elles se construisent sur la base de la rencontre des cultures. D’une part, l’auteur nous fait découvrir avec son ton à lui les particularités de chaque nouveau pays qu’ils découvrent. Cela va des trottoirs au Brésil à la plus grande tour de Dubaï. D’autre part, il construit ses anecdotes dans une ambiance Lost in translation. Celles-ci sont souvent très réussies car elles retrouvent l’esprit « aventure » des histoires du quotidien. Néanmoins, ces nombreux voyages m’ont moins permis de me retrouver dans le quotidien conté. C’est dommage car il s’agissait incontestablement d’un des vrais plaisirs de cette lecture. 

Pour conclure, j’ai retrouvé avec beaucoup de plaisir mon auteur préféré dans une de mes séries favorites. Son dessin simple et ses personnages animaliers font vraiment partie de mon quotidien de lecture et chaque nouvelle parution est l’annonce d’un moment agréable. Néanmoins, Deux ou trois mois d’éternité n’est pas mon épisode préféré. Je trouve que la dimension humoristique est moins dense que dans les premiers opus. Cela ne m’a évidemment pas empêché de sourire très bien et rire aux éclats de temps à autre. J’attends toujours énormément de l’auteur de Les formidables aventures de Lapinot et Donjon. C’est pourquoi je suis exigeant. Mais cela ne m’empêche d’attendre avec une forte impatience la prochaine parution d’un ouvrage signé de Trondheim. Mais cela est une autre histoire…

par Eric the Tiger

Note : 13/20


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