Depuis lors, il n’a jamais quitté cette ligne de conduite et créa le « Mouvement des citoyens du monde ». L’idée est simple : nous sommes tous citoyens du monde et nous sommes donc tous solidaires, sans besoin de gouvernements nationaux. Cette idée est cependant bien éloignée de la mondialisation telle que nous la vivons aujourd’hui, à savoir surtout une mondialisation des capitaux, et non pas – malheureusement – des êtres humains. Bref, une machine à broyer plutôt qu’un ferment de paix et de concorde.
L’idée de Davis (et d’autres) est sans doute trop simple. Elle méconnaît la réalité des nationalismes et autres sectarismes qui plus que jamais nourrissent notre monde. Mais n’est-elle pas, sur un plan politique, la seule issue ?
La question n’est pas culturelle : nous naissons tous dans une certaine culture dans laquelle nous allons construire notre identité propre. Celle-ci sera unique, en s’inscrivant intimement dans une certaine culture. Ayant voyagé un peu partout dans le monde, j’ai pu constater que ce qui fait la spécificité d’un lieu, c’est sa culture et son rapport à la religion (ou – autrement dit – aux questions ontologiques fondamentales). Il serait vain de viser une culture universelle. Non seulement ce serait impossible, mais de plus une telle tentative serait fondamentalement un appauvrissement de l’humanité, par formatage de la diversité.
Par contre, sur un plan politique – c’est-à-dire la gestion collective des biens communs – comment peut-on imaginer à terme autre chose qu’une gestion véritablement collective des biens communs et donc un gouvernement mondial ?
Davis s’en est allé poursuivre son chemin. Ses idées restent, peu diffusées il faut bien l’avouer. Mais il restera, à tout jamais, le « premier citoyen du monde » !