David Cenau était skinhead dans les années 90. Il traînait avec les néo-nazis bordelais et était guitariste dans le groupe Cinquième Colonne aux paroles sans équivoque : « Mon beau remède, la mort aux rats. Toutes nos cités tu nettoieras ». Bref un joyeux drille qui a depuis raccroché les docs en se consacrant à la bande dessinée. Son prochain projet sera sur la vie de deux militants des Black Panthers en partenariat avec Amnesty International.
Dans Mirador, Cenau revient sur ses années skinhead. Même si les actes étaient éminemment politiques, il insiste sur le fait que lui et sa bande n’étaient pas politisés. Leurs actions se cantonnaient à des défilés du 1er mai dans les rues de Paname (et leur mise à l’écart par le service d’ordre du FN), à l’organisation de concerts et à des ratonnades. Mais il y avait aucune réflexion derrière tout ça. Juste des mecs paumés.
Cenau évoque aussi le mouvement d’extrême droite et ses personnages éminents tel Grand Max (Grand Gilles, l’homme aux tétons dans le documentaire « Sur les pavés » de Serge Ayoub) ou le médiatique Werewolf (Serge Ayoub, alias Batskin), avec son immunité acquise grâce à ses accointances avec certains notables (sa mère était une magistrate d’origine libanaise proche de Charles Pasqua), qui est revenu sur le devant des projecteurs dernièrement grâce à l’affaire Clément Méric.
Cette bande dessinée est une plongée dans l’univers skin néo-nazi, ses beuveries (propre au trip skin en général), ses rixes et ses gardes à vue.
Un travail complet d’introspection et un bon coup de patte avec force de détails.