En mai dernier sont sortis deux ouvrages de la toute fraiche maison d’édition Tusitala : Un Locataire et Mémoires d’un bison. Nous avons dévoré les deux livres…
Mais parlons d’abord de Tusitala. Tusitala, c’est le nom d’une araignée. Les éditeurs aiment considérer le champ littéraire comme une gigantesque toile, la penser comme des lignes partant dans toutes les directions et se connectant les unes aux autres, nouant ainsi des idées, des écrits, des événements et des cultures. Ils aiment aussi le livre comme objet, ils ont ainsi confié la charte graphique des romans à l’excellent graphiste bruxellois Stéphane de Groef. L’araignée se retrouve dans le logo, et des symboles mêlés jonchent la couverture. Tusitala aime les belles lettres et aime les belles étrangères. Aussi, son catalogue s’enrichira de traductions d’œuvres inédites en français.
Elle vit avec son mari Pétur en location. Bientôt, leur maison sera construite, du moins s’ils trouvent l’argent pour finir les travaux. Un jour, l’homme débarque dans l’appartement, pousse le canapé dans le vestibule, range sa valise dessous et s’installe. Voilà le locataire qui allait sans doute changer sa vie, à elle, et à son mari.
Roman très particulier, que n’auraient sans doute pas renié les Éditions de minuit… Les personnages se cherchent, se fuient, se méfient… Le locataire entretient son mystère, mais permet au couple de se réaliser, peut-être pas dans la voie choisie… le quotidien chamboulé par cette présence, le regard des voisins, aboutira à un Noël pétrifiant que l’on vous invite à découvrir.
Le bison, le bison brun, devrions- nous dire, c’est Oscar Acosta, ce gros Mexicain basané, qui disparut mystérieusement en 1974. Bison, comme l’animal que tout le monde a massacré. Oscar est un avocat, qui à la fin des années 60, plaque tout pour se lancer sur les routes américaines. Dévoré par des ulcères, mais aussi par ses démons, il nous raconte ses souvenirs d’enfant chicano, ses luttes dans une Amérique raciste, ses rencontres, notamment, celle mémorable avec Hunter S. Thompson (vous savez l’auteur de Las Vegas parano) qui signe d’ailleurs la préface de l’ouvrage. Nous sommes en pleine période hippie aussi, le sexe, les drogues donnent un côté fleuri, musical au style, particulièrement aux dialogues, parfois crus. Ils traduisent, en même temps, les blessures du héros-narrateur.
Oscar Zeta Acosta est un activiste peu connu ici, nous sommes heureux d’apprendre que les éditions Tusitala redonneront la parole au Bison plus tard dans l’année.