Car la maladie coronarienne tue aujourd’hui au moins autant de femmes que d’hommes chaque année, mais pourtant les femmes restent moins diagnostiquées et moins traitées, en particulier en prévention d’incidents cardiaques, à même niveau de risque, que les hommes. Ce bilan, proposé par la Fédération mondiale du Cœur (World Heart Federation) dans sa revue Global Heart, rappelle qu’ainsi, près de 9 millions de femmes décèdent chaque année de maladies cardiovasculaires, dans le monde.
Le Dr Kavita Sharma et le Dr Martha Gulati, l’Ohio State University rappellent que la maladie cardiaque -(A) sur schéma ci-contre- est responsable d’un tiers des décès chez les femmes, comme chez les hommes. Première cause de décès pour les 2 sexes, elle pourrait, sans effort de prévention, en particulier vis-à-vis des femmes, entraîner 23 millions de décès en 2030.
La maladie coronarienne reste pourtant trop sous-estimée chez les femmes, alors qu’elle les affecte de manière disproportionnée, et en raison de facteurs de risque tout à fait spécifiques, dont certains liés à la grossesse et aux maladies auto-immunes. L’unicité de ces facteurs de risques féminins implique, selon les auteurs, une prise en charge résolument spécifique. En effet, si les taux de décès cardiaques ont baissé dans l’ensemble des pays industrialisés et d’environ 30% ces 10 dernières années, ces taux restent en augmentation chez les jeunes femmes âgées de 55 ans et moins.
Un fardeau sous-estimé et des caractéristiques mal connues chez les femmes :
· Plusieurs facteurs de risque semblent affecter les sexes différemment, comme l’obésité par exemple qui va augmenter de 64% le risque cardiaque chez les femmes (vs 46% chez les hommes).
· Le taux de décès de crise cardiaque est double chez les femmes de moins de 50 ans (vs hommes).
· Le taux de décès de crise cardiaque est double chez les femmes de plus de 65 ans, dans l’année qui suit la crise (42% vs 24%),
· Enfin, les femmes sont aussi 20% plus susceptibles de souffrir d’angine de poitrine que les hommes.
Pourquoi le risque est-il aussi aigu chez les femmes ? L’imagerie montre que,
· les femmes ont des artères coronaires plus étroites que les hommes et sont donc plus susceptibles de souffrir de maladie cardiovasculaire,
· les femmes présentent des taux plus élevés d’érosion de la plaque coronaire, ce qui provoque des caillots de sang.
· Les antécédents familiaux de coronaropathie pèsent plus lourds chez les femmes.
· Le diabète multiplie le risque de coronaropathie par 3 à 7 chez les femmes, vs 2 à 3 fois chez les hommes.
· Les femmes sont également plus susceptibles que les hommes d’être atteintes de maladies auto-immunes, ce qui accroît le risque de coronaropathie,
· Des affections typiquement féminines vont également augmenter le risque cardiovasculaire (ovaires polykystiques, pré-éclampsie, diabète gestationnel ou cancer du sein).
Quels sont les principaux facteurs de risque ? L’âge, les antécédents familiaux de coronaropathie, l’hypertension, le diabète, la dyslipidémie, le tabagisme et l’inactivité physique sont des facteurs prédictifs importants de risque chez les femmes. Le risque augmente même de manière exponentielle chez les femmes, après 60 ans.
La prise de conscience de l’énorme impact de la maladie coronarienne chez les femmes est trop lente, écrivent les auteurs. Le recours à la réadaptation cardiaque après une crise cardiaque est insuffisant, en particulier chez les femmes. Des recherches sur la physiopathologie de la maladie coronarienne chez les femmes restent nécessaires, tout comme des protocoles de diagnostic et des stratégies thérapeutiques spécifiques.
Source: Global Heart doi:10.1016/j.gheart.2013.02.001Coronary Artery Disease in Women: A 2013 Update(Visuel AHA)
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