Comme l'indique si bien l'intitulé, il s'agit du rapport de la dernière Assemblée Générale du Comité de Développement du village de Nenbakré, en abrégé CODENEN. Mais auparavant, nous allons d'abord donner un aperçu de la localité en question avant de revenir au sujet.
Cela dit, Nenbakré. nen : œil, bakré : caïcédrats ; littéralement, ce nom composé signifie " dans les yeux des caïcédrats ", " derrière les caïcédrats ". Il paraît qu'à l'époque de sa création vers 1880, il y avait beaucoup d'arbres géants appelés bakré - en tupuri - dans ce village. Ces géants aux vertus thérapeutiques formidables, ont malheureusement pris congé de cette bourgade située à 5 km au sud-est de Touloum, chef-lieu de l'Arrondissement de Pohri. Après la disparition du fondateur, Tiyow vers les années 60, un de ses fils, Yaltoing lui succéda et présida les destinées de Nenbakré jusqu'en 1978. Après lui, vint le tour d'un autre prince, Méekréo qui, lui, ne fit qu'une seule décennie à la chefferie et céda en 1988 sa place à Egrébélé, l'actuel chef du village des caïcédrats. Et particulièrement sous le règne de ce dernier, de nombreux projets de développement ont été entrepris.
Le CODENEN est né en 2002. L'association regroupe en son sein les fils du village et leurs sympathisants. Apolitique, elle a pour seul objectif l'amélioration des conditions de vie des habitants de Nenbakré.
Le dernier rassemblement en date a connu singulièrement une forte mobilisation générale autour de son Président, Alain Kosga, Inspecteur Régional de Pédagogie à la Délégation Régionale des Enseignements Secondaires à Maroua. Élites intérieures ou extérieures, populations de Nenbakré-centre ou périphérique, chefs traditionnels et sympathisants, tous étaient au rendez-vous du vendredi 13 avril 2013, sous les neem de l'école publique du village. D'un commun accord, et quelques mois auparavant, les membres du Bureau Exécutif avaient accordé leurs violons sur un certain nombre de chiffres, tout en tenant compte des possibilités des uns et des autres. Les montants des contributions étaient répartis comme suit : jeune : 200 F, femme : 500 F, chef de famille : 1000 F, élites : 50.000 F.
Oui, les fruits ont tenu la promesse des fleurs. Les fonds récoltés étaient au-delà de l'imagination. Comme disait le Fils de Dieu, chacun y est allé de toute son âme, de toute sa pensée, de tout son trésor. Même les " villageois " souvent sceptiques à ce genre de collecte, n'ont ménagé aucun effort pour honorer de leurs biens cette rencontre historique. Les chiffres des contributions par quartier et catégorie sociale parlent d'eux-mêmes : faubourg de Ndéré : .3.000 FCFA, Faubourg Souguï : 18.000 FCFA, Faubourg Héebi : 38.000 FCFA, Going : 22.000 FCFA, Nenbakré-centre : 17.000 FCFA, élites extérieures et intérieures : 8.70.000 FCFA, sympathisants : 1.37.000 FCFA. Comme par un miracle, 1.005.000 FCFA rentrent dans le coffre-fort.
Face aux nombreux défis à relever, les membres du CODENEN ont retenu quelques projets majeurs réalisables au cours de l'exercice 2013. Il s'agit notamment d'implanter, en partenariat avec le PNDP, un forage dans le faubourg de Héebi et un autre dans celui de Souguï afin de remédier au fameux problème de pénurie en eau potable. Puisque l'eau c'est la vie, le bétail en a également besoin. C'est pourquoi, le projet de creusage d'un point de retenu d'eau a été aussi à l'ordre du jour en vue de répondre aux besoins des bêtes en saison sèche. Aussi, l'école n'est-elle pas en reste. Il a été décidé de construire une salle de classe au lieu prévu pour la création du C.E.S. Dieu merci, une élite capable et de bonne volonté, le Dr. Chuékréo connu sous le nom de Mboodï, médecin-chef de l'hôpital privé de Touloum, a pris sur lui l'heureuse responsabilité d'offrir à ses frères du village une salle de classe clés en main. Comme un seul l'homme, les participants se sont levés pour saluer ce grand geste de cœur. Sur ce, le rendez-vous a été pris pour mars 2014. Tous les CODENENiens sont plus que jamais déterminés à faire de Nenbakré un village émergeant à l'horizon, non pas jusqu'à 2035, mais d'ici l'an 2025.
" Aide-toi le ciel t'aidera ", dit un adage populaire. Main dans la main et depuis une bonne dizaine d'années, les fils et les filles du village des caïcédrats ont adopté la politique de l'oiseau : " petit à petit celui-ci fait son nid " ; ils ont ainsi intégré dans leur mode de vie le concept de développement participatif.