Joseph Conrad, Amy Foster
Une longue nouvelle où un
naufragé ne parlant pas anglais échoue dans un village du Kent. Son aspect
rebutant et sa langue incompréhensible en font un objet de frayeur pour la
population. Il s’intègre cependant, se marie avec la jeune fille qui avait
manifesté de la bonté à son égard mais finit victime de la peur instinctive de
l’Autre. Un bijou, dont la puissance risque d’être amoindrie par une préface
trop explicative. Il vaut mieux la lire après.
Julien Blanc-Gras, Touriste
Julien Blanc-Gras a
rencontré des humanitaires. Il sait que ce n’est pas sa vocation. « Si je ne peux pas sauver le monde, je
le raconterai », écrit-il dans un livre où il affirme son ambition de
visiter tous les continents, tous les pays. Et il y va, en se moquant
copieusement de lui-même, en toute connaissance des limites entre lesquelles il
voyage, sans prétendre tout connaître et fasciné par les questions sans
réponses. A lire de toute urgence avant de partir. Et même si on reste.
Stewart O’Nan, Emily
Emily n’a plus vingt ans
depuis longtemps, elle en est consciente depuis la mort de son mari. Peut-être
devrait-elle acheter, d’ailleurs, une voiture plus maniable que la grosse
Oldsmobile qui dort dans le garage ? Après Nos plus beaux souvenirs (réédité en même temps), Stewart O’Nan
offre à la vieille dame de 80 ans d’autres beaux moments, teintés de la
nostalgie de ce qui n’est plus. Jusqu’à une fin en forme de nouveau départ,
puisqu’il n’est jamais trop tard.
Chico Buarque, Quand je sortirai d’ici
Plus que centenaire, Eulálio Montenegro d’Assumpção
ressasse quelques épisodes de sa vie. Les événements, tragiques pour certains,
se superposent les uns aux autres, les époques se mêlent et l’espoir d’un
hypothétique futur demeure entier : « Quand
je sortirai d’ici », dit-il plusieurs fois… La coulée presque continue
d’un récit qui digresse et dont le narrateur radote exerce une irrésistible
fascination. Autant que la désagrégation d’une famille qui tombe en ruines.