Comme dans tout art, il y a dans la musique des hommes de l'ombre, à la fois méconnus et dominants tout un territoire. Des personnages voués à leur art, tissant un seul fil invisible tout au long de leur carrière, cherchant à travers toutes leurs collaborations un même but. Et si une véritable carrière artistique se résumait à l'épuisement d'une seule intuition musicale ? Une carrière sans compromis à l'industrie culturelle et qui pourtant se mêle sans cesse à l'esprit du temps.
Tout ceci pour parler de Mick Harvey et de son sixième album solo Four ( Acts Of Love), deux ans après Sketches From The Book Of The Dead. Membre des Bad Seeds de Nick Cave jusqu'en 2009, collaborateur régulier de PJ Harvey, il a aussi travaillé cette année au grand retour d'un autre groupe australien, Crime & The City Solution. C'est dire qu'il n'a jamais renié l'héritage post-punk.
S'il a maintenant quitté son ami d'adolescence, Mick Harvey garde toujours une sensibilité à la fois proche de celle et de Nick Cave, chant mélancolique, rock tendu, à la limite de l'angoisse. Et une même exigence musicale : un album n'est pas simplement une compilation de différents titres, mais doit être un véritable organisme vivant, chaque morceau ayant besoin dela pulsation vitale des autres pour s'épanouir.
Grâce à cette unité, les différentes reprises de l'album ( "Summertime In New York" d'Exuma, "The Story Of Love" de The Saints) sont absorbés par son univers. Un univers où l'amour se mêle ici à la mélancolie à travers trois actes musicaux qui structurent les quatorze titres de l'album. En fait, les reprises servent plus de ponctuation, en proposant des morceaux plus rapides, à côté des morceaux méditatifs propres à Mick Harvey et qu'on retrouve dans chacun des actes.
"Praise The Earth" reste bien sur l'élément indispensable à cet objet musical, pour que l'objet se fasse œuvre. Moment initiant et clôturant ce parcours, il résume à lui seul la mélancolie qui irrigue cet album très homogène.
En bref : Avec cet album, Mick Harvey poursuit sans faillir sa quête personnelle. Le post-punk se fait plus intérieur, plus émotif. Même si on peut regretter l'absence de prise de risque, on écoute toujours avec autant de plaisir ce rock tout en douceur.
Note: 4/5
Site internet de Mick Harvey