Ces chercheurs de l’Université de Manchester viennent de démontrer un lien entre des concentrations élevées d’arsenic dans plusieurs régions rizicoles du monde, des niveaux d’arsenic élevés dans le riz destiné à l’alimentation humaine, et des risques pour la santé tels que des dommages chromosomiques. Ces conclusions, qui s’appliquent ici à une consommation régulière de riz, comme aliment de base, et qui restent à préciser en cas de consommation plus occasionnelle, appellent à une nouvelle règlementation.
La présence de ces micronuclei, de minuscules parties du chromosome qui n’ont pas pu participer à la division cellulaire, témoigne d’une lésion génétique. L’augmentation de la fréquence de ces micronoyaux a été également associée au développement de cancers
Les chercheurs ont mené cette étude au Bengale occidental, une région où le riz, l’aliment de base, contient plus de 0,2 mg / kg d’arsenic. Les chercheurs ont analysé plus de 400.000 cellules individuelles extraites d’échantillons d’urine de volontaires.
· Chez ces volontaires, les fréquences de micronoyaux sont plus fréquentes et sont révélatrices de lésions chromosomiques.
· Cette association s’avère dose-dépendante avec de plus grands dommages génétiques avec l’augmentation du taux d’arsenic dans le riz.
· La tendance observée s’avère également similaire à celle identifiée précédemment avec une exposition à l’arsenic par l’eau de certains puits, une exposition dont les effets dévastateurs sur la santé ne sont plus à démontrer.
Des dommages génétiques et donc des effets sur la reproduction : La consommation de riz comme aliment de base, et en particulier par des personnes dont l’état nutritionnel est fragile, soit, en réalité, précisent les auteurs, quelques centaines de millions de personnes pose une vraie question. Car c’est la première fois qu’un lien entre la consommation de riz arsenic des dommages génétiques et donc des effets sur la reproduction, est démontré. La question se pose aussi pour les pays plus riches, où la consommation de riz est moindre et l’état nutritionnel de la population moins vulnérable. Cependant, écrivent les auteurs, non seulement des recherches doivent être poursuivies, mais l’autorité de sécurité alimentaire européenne (EFSA) doit s’emparer de la question.
« Sans arsenic », le riz est un aliment qui apporte de l’énergie, des vitamines et des fibres et pour des milliards de personnes à travers le monde, mais cette proportion de riz qui contient de l’arsenic à des concentrations capables d’induire des altérations génétiques justifie l’introduction de normes réglementaires pour l’arsenic dans les aliments, et en particulier dans le riz. Le Dr Ashok K Giri, co-auteur de l’étude, se veut rassurant : « Il n’y a pas de raison de paniquer, les risques pour la santé sont le résultat d’une exposition chronique de long terme ». Ces résultats doivent maintenant aider les scientifiques et les autorités réglementaires à définir les doses journalières supportables et en particulier pour les milliards des personnes qui consomment du riz à hauteur de 10 à 50% de leur alimentation quotidienne.
Source: Scientific Reports 22 July 2013 doi:10.1038/srep02195High arsenic in rice is associated with elevated genotoxic effects in humans(Visuel@ Debapriya Mondal : Champ de riz au Bengale)
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