La Liberté de vendredi dernier a publié un article très éclairant dans lequel le spécialiste en communication Gilles Lugrin décrypte l’affiche du parti du bouc recyclée à l’occasion du vote sur les naturalisations du 1er juin prochain.
Le chercheur et maître-assistant à l’Université de Lausanne observe que l’affiche ne présente que des mains d’hommes, plus ou moins hâlées et colorées, noueuses et dépourvues d’alliance.
L’image est claire, ce sont des mains de travailleurs, célibataires qui travaillent pour pas cher, voire qui abusent du système en plus de voler des passeports. La symbolique pourrait se résumer ainsi :
l’homme étranger fait main basse sur votre travail, sur votre identité et sur vos femmes.
On comprendra sans peine que cette affiche vise les tripes. Elle vise à créer l’insécurité, le rejet, voire la haine chez l’Homo helveticus qui, à travers cette représentation, va se sentir menacé au niveau de ses revenus et de ses ressources ainsi qu’au niveau de son besoin de procréer. L’affiche de l’UDC attaque à la base de la pyramide des besoins de Maslow. L’UDC joue sur les instincts. L’UDC compte sur le système limbique des citoyens.
Le plus formidable dans cet article est la réaction d’Alain Hauert, porte-parole du parti au bouc, qui se demande si le chercheur en sémiotique n’a pas été influencé par les prises de position de l’UDC dans son analyse de l’affiche. Par cette remarque, le porte-parole reconnaît explicitement que le parti du bouc accuse tous les travailleurs étrangers candidats à la naturalisation de le faire pour s’approprier d’en vouloir à « notre » travail et « nos » femmes. Plus xénophobe tu meurs !
Voilà, sans doute ce que le parti du bouc appelle utiliser sa tête.