Le père de Simon est mort. Simon, l’aîné de la fratrie (un frère et une sœur), revient à cette occasion. Lui qui passe sa vie sans se fixer redécouvre le salon où repose la dépouille de son père, un homme autoritaire, qui menait ses enfants sans tendresse, si l’on en croit Simon, le narrateur. Ce face à face avec un mort réveille les souvenirs de l’enfance et les plus récents. Simon cependant n’est plus un enfant. Il a encore des reproches à faire à ce père, et notamment de n’avoir pas toujours vécu comme il l’enseignait à ses propres enfants, mais il comprend aussi qu’il n’en a connu qu’un aspect, toujours égoïstement lié à sa propre histoire. Comment peut-il juger l’humilité de cet homme fier quand son père (le grand-père de Simon) le rabroue ? Comment peut-il comprendre que cet homme, devenu grand-père à son tour, se soit attribué le sobriquet de « Géronimo » ? Est-ce une référence au Chef indien ou simplement parce que ce nom commence avec les premières lettres de « gériatrie » ? Des petits poèmes ferment chaque chapitre, suspendant le rythme de la narration, avant de repartir dans le chapitre suivant, le souvenir suivant.
est-ce
qu’on grandit
jamais ?
Et quand on arrive à la fin du livre, on revient aux citations que Guy Goffette a mises en exergue, et en particulier celle-ci, d’Albert Cohen : « Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte. »