et tout à entendre. L’exposition de Claude Closky au MAC/VAL, jusqu’au 22 Juin, ne montre rien : une salle parcimonieusement éclairée, des câbles au plafond, des visiteurs suivant des parcours compliqués, de long en large, méthodiquement.
Tous les visiteurs ont des écouteurs, toutes les oeuvres sont sonores : dans chaque cellule de l’espace quadrillé est diffusée la lecture, l’énonciation plutôt, d’un texte de Closky. Le plan (bien sûr illisible dans la salle trop sombre) balise les cellules : ‘Tout ce que je peux faire’, ‘3415 vendredis 13′, ‘Les chiffres au féminin’, ‘Profils de célibataires’. Certains textes sont connus, ont déjà été édités sur papier, tous sont prévisibles, tournant autour des mêmes jeux de déconstruction des mots et des chiffres. Ils sont ici joués, interprétés, passant de l’écrit à la voix, changeant de nature. Il y en a trop, la profusion et le manque de repères montrent que tout est fait pour lasser le visiteur, le saturer; tout écouter systématiquement serait un exploit surhumain, on se lasse, la déclinaison incessante des mêmes thèmes rebute, écoeure, décourage, et c’est sans doute voulu.
Ce qui est plus drôle, encore qu’incompréhensible, incartographiable, c’est la lutte de territoire entre les cellules. Là où on s’attendrait à entendre ceci, on entend cela. Un des discours semble soudain remplir tout l’espace, on ne le perd pas en traversant la salle, il nous accompagne de bout en bout. Le visiteur obstiné est dérouté, il n’a plus de stratégie rationnelle de parcours, d’écoute, il s’en remet au hasard.
Closky est un maître du langage et des signes, il ordonne et il classe sans répit, selon les rigoureuses règles qu’il invente. L’intérêt premier de cette exposition est bien d’introduire de l’ordre, du classement, de la (fausse) rigueur dans son foisonnement. La seule faiblesse de cette exposition est son titre, 8002-9891, un peu trop simpliste.
Ailleurs dans le Musée (un de mes musées favoris, je ne cesse de le répéter), l’installation “State Britain” de Mark Wallinger est un peu à l’étroit, ne pouvant se déployer sur une assez grande longueur comme la “vraie installation” in situ ou la première recréation à la Tate Britain. Sa présentation ici en plusieurs rangées la rend trop muséale, à mon goût.
Ce jour-là, j’ai enfin pu passer assez de temps au Bar Séduire de Jean-Luc Vilmouth, charmé, entre autres, par Alexia Stresi et par Manon Schaap. Un bel exercice de narcissisme.