ALTER EGOS
Résumé :À une époque où les super-héros ont perdu le financement du gouvernement et l'appui du public, un super-héros rencontre une fille qui peut l’ aider à surmonter sa propre crise existentielle.
Réalisateur:Jordan Galland
Scénaristes:Jordan Galland
Acteurs : Kris Lemche,Brooke Nevin,Joey Kern,Danny Masterson,John Ventimiglia,Christine Evangelista,Geneva Carr,Marina Squerciati,Carlos Velazquez,Daniel Sauli,Sean Lennon,Kristina Klebe,Adam LeFevre,Nathan Harlan,Aurelie Claudel
Pays :Etats-Unis
Année : 2012
Durée:80 min.
Critique :
Basé sur des situations farfelues(de par leurs encrages dans la réalité) agrémentées par des dialogues finement écrits justes et drôles sans oublier le coté intrinsèquement humain des personnage magnifié ici par la dualité identitaire que représente un super héros (monsieur tout le monde à la ville et surhomme en costume) Alter Egos surprend dans le bon sens du terme. C’est en jouant sur l’humanité de ses héros que Jordan Galland,le réal, arrive à insuffler à son film un côté surréaliste tout en étant complètement plausible. Son héros ,Fridge, est torturé par ses deux personnalités en en devenant presque schizophrène, pensant que sa petite amie préfère coucher avec son identité secrète plutôt qu’avec lui-même.
Des questionnements que se posent le personnage superhéroique et en discute avec son meilleur pote (un autre super héros) autour d’un café dans un resto en costume. Un humour pince sans rire qui fait penser à la série culte Seinfeld.
Vidés de leur rôle, les super héros ne sont en fait que des humains avec des pouvoirs; Humains rejetés par les gens «normaux». Parias d’une société qui ne veut plus d’eux. Jordan Galland nous livre une BD dans un contexte réel en quelques sortes. La façon dons les personnages sont traités fait fortement penser au cinema de Woody Allen, influence première du réalisateur new-yorkais. Des scènes absurdes traitées avec sérieux. Du grand art.
Aidé par un casting excellent, le film gagne en qualité et ce malgré un budget quasi inexistant. Bien emballé techniquement, Alter Egos captive par son professionnalisme. Tant le son que l’image ont été travaillés avec précision. Ajoutons une musique bien sentie et vous obtenez un excellent film.
Bref:Alter Egos est un métrage fin et intelligent qui joue avec les codes du genre. Un drame comique à voir.
Note: 16/20
Bande Annonce :
Production: Attic Light Films, Cloud 9 Films Partners
Sites Internet:
https://www.facebook.com/alteregosmovie
Interview du réalisateur et scénariste: Jordan Galland
Fantasticmovies:Pourriez-vous vous présenter en quelques mots aux lecteurs de fantasticmovies?
Jordan Galland: J’ai grandi à New York où j’ai fait des études de cinéma et de musique à la N.Y.U. J’ai continué à travailler dans les deux univers après mon diplôme en jouant à temps plein dans deux groupes (Dopo Yume et Domino), en collaborant avec d’autres musiciens comme Mark Ronson et Sean Lennon et aussi en écrivant des scénarios et en réalisant des courts-métrages. En 2007, j’ai décidé de me concentrer sur la réalisation, j’ai arrêté les concerts. J’ai réalisé mon premier film: Rosencrantz And Guildenstern Are Undead et quitté mon groupe tout en continuant à faire de la musique en studio et en composant de la musique de film pour les autres. C’est toujours où j’en suis aujourd’hui. Je fais des films mais je continue à faire de la musique pour d’autres projets.
Fantasticmovies: Quel est le dernier film que vous avez vu qui vous a le plus marqué?
J.G.: Je viens de voir Byzantium de Neil Jordan et je suis étonné de sa parenté avec son film précédent Mona Lisa. Je suis étonné aussi de la manière classique mais fraiche dont il aborde le film de vampire, plus à la The Hunger qu’à la Interview With A Vampire.
Fantasticmovies:Quelles sont vos influences en tant que cinéaste?
J.G.: J’ai grandi en aimant tellement de films et de réalisateurs populaires qui ont influencés tout le monde à l’instar des Beatles, Rolling Stones et Led Zeppelin pour la musique.
Orange Mécanique et Shining de Kubric,La Dolce Vita de Fellini, Rosemary’Baby de Polanski, Le Parrain de Coppola, Les Affranchis de Scorsese, Blue Velvet de Lynch. Bien sûr ces réalisateurs ont réalisés d’autres superbes films.J'ai aussi un énorme penchant pour de nombreux films de Tim Burton, Ridley Scott, Tony Scott, Jim Jarmusch, Park Chan-Wook, Wes Anderson, Tarantino, Truffaut, Jim Henson. La liste est longue et j’adore m’étendre sur le sujet. The Hunger et True Romance de Tony Scott font partie de mes films favoris. Basic Instinct est aussi un film que je peux revoir sans fin. Mon réalisateur actuel préféré est Nicholas Winding Refn. Mais ma première influence, celle qui m’a poussé à écrire est Woody Allen.Les films que Gordon Willis a tournés pour lui sont mes préférés, un mélange rare de cinématographie étonnante et de narration perspicace et brillante.
Fantasticmovies: Que pensez-vous du cinéma de genre actuel en général et dans votre pays?
J.G.: Je me sents dépassé la plupart du temps par celui-ci.D’un côté, je me dis: «Qu’est-ce que j’aurais aimé voir ses effets spéciaux quand j’étais petit». De l’autre je me dis: «Heureusement que je n’ai grandi avant ces effets spéciaux» car je n’aurais pas tant apprécié la lecture de livres et de comics. J’ai passé beaucoup de temps à m’imaginer ce que je lisait dans les livres, et ce qu’ils donneraient dans la vrai vie. Les films de notre époque montrent quasiment tout et transportent le public dans une montagne russe 3D conduite par des monstres en CGI. Bien sûr c’est marrant, mais après vision,on n’a plus à s’imaginer grand chose. Je m’inquiète du fait que notre imaginaire se restreint.
J’aime les films qui ont des effets graphiques faits avec goût, et distillés parcimonieusement sans altérer la narration comme dans Let The Right One In. Je pense de même pour les comédies, je ne veux pas de blagues ou de CGI qui nuisent à l’histoire et je serais énervé que le film prenne la tangente pour un rire ou un effet racoleur.
Fantasticmovies:Comment écrivez-vous un scripte? Quelle est votre manière de travailler?
J.G.:J’ai écrit un synopsis de 20 pages puis j’ai fait une cinquantaine de brouillons de l’histoire jusqu’à ce qu’elle soit solide. J’ai ensuite écrit le scénario. Il m’a fallu une cinquantaine d’essais, j’y ai inclus les indications d’amis, de producteurs et d’écrivains.
Fantasticmovies:Comment est né le projet?
J.G.: J’avais besoin de trouver un moyen pour faire un film pas cher. J’ai écrit un tas de gros budget qui ont fait le tour d’Hollywood, passant de producteurs en producteurs mais qui sont restés au point mort. Voilà pourquoi j’ai tout fait à l’envers, j’ai d’abord trouvé les lieux de tournage (une station de vacance rétro hors saison), puis les acteurs (des gens avec qui j’ai travaillé sur Rosencrantz), après je me suis occupé des effets spéciaux ( Gari Breslin m’a dit ce qui serait faisable avec un petit budget) alors j’ai décidé : « Ce serait cool que ce soit des super héros.».Puis, j’ai écris un scénario à la Reservoir Dogs avec des super héros. Au final, il est moins violent et s’apparente plus à un Clerks avec des super héros
Fantasticmovies: Alter Egos est vraiment très beau à regarder et le travail du son est vraiment bien, était-ce beaucoup de travail en post-production?
J.G.: Merci! C’était un travail énorme. La post-production a duré 9 mois. J’ai monté le film pendant trois mois, puis j’ai travaillé avec Sean Lennon sur la musique, puis envoyé certaines compositions de Sean à Patrick Soluri pour les arranger et les lier à des scènes. Pendant que je travaillais avec Patrick, je travaillais avec Gary Breslin sur les CGI. Il a fait toutes les CGI compliqués comprenant les effets des pouvoirs de glacés de Fridge pendant que moi je m’occupais de tous les inserts TV et news du film. J’ai aussi, simultanément fait le sound design moi-même. Trois jours de nettoyage de dialogues, puis rajouts de bruits de pas, de bruissements de vêtements, ainsi que les sons des super pouvoirs qui étaient rigolos à réaliser.Puis Matthew Polis a tout mixé à Soundspace.
Fantasticmovies:Parlez-nous des effets spéciaux.
J.G.: Mon approche pour des effets spéciaux est liée avec le style des super-héros eux-mêmes. J'ai voulu que vous ayez le sentiment d’entrer dans une bande dessinée, mais que celle-ci soit réelle et que l’environnement soit naturel. Les costumes sont brillants, moulants et pas modernes à l’inverse de ceux de Batman de Christopher Nolan et des films Marvel . Dans cet esprit, j'ai senti que, puisque le costume de Fridge est bleu et le bleu est souvent la couleur du froid, le faisceau de glace qu'il tire de sa main doit être bleu lui aussi. Avec le pouvoir d'invisibilité de Danny Masterson, il était simple de le faire apparaitre et disparaitre mais ça ajoutais un plus aux plans si la caméra était tenue à l’épaule.Je voulais aussi pour le film un look «caméra à l’épaule», cela ferait plus réaliste qui contrasterait avec la musique épique, le thème des super héros et ce qu'ils vivent.
Fantasticmovies:Parlez-nous de votre collaboration avec Sean Lennon.
J.G.: Sur Rosencrantz and Guildenstren are Undead, Sean a fait le score pendant que je montais le film. Il a fait les titres issus des références que je lui ai données qui allaient bien avec le montage.J'en suis fier, mais ce n'était pas la meilleure façon de travailler, plus tard, quand j'ai voulu apporter des modifications au montage juste avant sa première au Slamdance, il y n'avait aucune marge de manœuvre avec la musique. Nous avons fait en sorte que ça marche, mais je ne voulais pas répéter les mêmes erreurs. Avec Alter Egos, nous avons commencé de la même manière, avec une approche qui était plus inspirée de la musique excentrique de Napoleon Dynamite avec un peu de style «espionnage italien» tout en étant liée à l'histoire.Alors quand Sean et moi nous sommes vus, nous avons travaillé pendant quatre jours dans une direction totalement différente. Nous n’avons pas dormi, bu du redbull et Sean a composé dix-sept nouvelles chansons. Chacune composée avec l'intention de soutenir les émotions qui apparaissaient dans les scènes. Nous avons eu beaucoup d'influences, d’ Angelo Badalamenti à Danny Elfman en passant par le surf rock et le disco. Sean et moi avons toujours travaillé de cette façon, lorsque nous avons collaboré dans le passé, mélangions les genres et nous inspirions de diverses références.La chanson « Mon hero» a été l’idée de Sean. J'ai couru avec elle et ai passé quelques jours à bricoler les paroles.
Fantasticmovies: Dans votre film, les super ont des problèmes humains, comment pourriez vous définir un super héros dans notre société moderne?
J.G.: J’ai observé une tendance dans les films de super héros qui montre des gens normaux devenir des super comme dans Kick Ass, Defendor et Super.Quand les super héros sont mutants, comme dans X-Men, ils ne montrent pas vraiment leur côté humain. Ils le font mais toujours dans un contexte de film d’action. Je voulais explorer l’intimité profonde de ces célébrités colorées. C'est plus proche de la série Robot Chicken quand ils montrent la Ligue des Justiciers organisant une fête d'anniversaire ou discutant sur une livraison de pizza que Kick Ass. Mais pour répondre à votre question, je pense que les super-héros dans notre société, comme les politiciens et les stars de cinéma, sont écorchés, pleins de secrets et de désespoir, comme le reste d'entre nous, et probablement plus tentés par le côté obscur, à cause du pouvoir qu'ils ont dans notre société.
Fantasticmovies:Fut-il facile de trouver des acteurs et une équipe motivés pour le film?
J.G.: Je ne veux pas dire «facile» parce que leur travail n'est pas facile du tout.Et je me sens chanceux de travailler avec des acteurs de talent.J'ai rencontré la plupart d'entre eux lors de mon premier film.J'ai donc écrit des parties pour eux, en espérant qu'ils diraient oui.Brooke Nevin était le seul acteur que je ne connaissais pas et il a dû passer une audition.Le DP - Chris Levasseur -a également tourné mon premier film.Il y avait donc beaucoup de familiarité sur le plateau, ce qui était super.Je n'avais travaillé avec aucuns des membres de l'équipe avant, et c'était vraiment difficile de convaincre les gens de talent de travailler pour très peu dans des lieux exigus et des circonstances inconfortables.
Trois personnes partageaient un lit, ce genre de chose. Seize heures de travail par jour. Très épuisant.
Fantasticmovies: Que pouvez-vous nous dire à propos des conditions de tournage?
J.G.:Il gelait au début, et il a fait super chaud à la fin.C'était une période de trois semaines du printemps durant laquelle vous ne savez pas quel temps il va faire. Les super-héros crevaient de froid les deux premières semaines de tournage à l'extérieur.Et nous n'avons pas eu beaucoup de temps, nous avons donc travaillé aussi vite que possible.Toutes les scènes de dialogue ont été tournées en 12 jours, et les flashbacks,la semaine suivante.
Fantasticmovies: Avez-vous une anecdote à propos du tournage?
J.G.:Moondog joué par Carlos Velazquez, qui est aussi mon partenaire de production sur le film,quand il s'est présenté sur le plateau dans son costume, après être passé par la coiffure et le maquillage, personne ne l'a reconnu.Les gens avec qui il avait travaillé durant des jours venaient se présenter.Je suis toujours surpris quand ce genre de chose arrive, parce que je ne m' y attendais pas.Pour moi, il ressemblait à Carlo avec une perruque et des lunettes de soleil.L'ironie fait que c'était un film de super-héros dans lequel vous vous attendez qu’ un personnage comme Claudel réalise plus tôt que Brendan est Fridge, mais elle ne percute pas.Et nous voyons que ce genre de chose peu se produire en vrai.
Fantasticmovies: Parlez-nous du budget d’Alter Egos.
J.G.: Le budget était très limité.La plupart des mariages et des fêtes de promotion coûtent plus cher.Mais j'avais écrit le scénario avec cela à l'esprit.
Fantasticmovies: Pouvons-nous espérer une sortie du film en Europe?
J.G.:Il va sortir le 15 Juillet au Royaume-Uni, et puis dans d’autres marchés étrangers plus tard dans l'année
Fantasticmovies: Des projets futurs?
J.G.:J'ai un certain nombre de scriptes en sur le feu. L'un d’eux est mon propre point de vue sur un film de possession qui commence là où la plupart se terminent.Il s'agit d'une jeune fille qui se remet d’une possession démoniaque.Et je veux que ce soit un retour au genre «film d’horreur avec Mia Farrow» comme Rosemary’s Baby ou The Haunting.Et l'autre est plus un thriller psychologique.J'ai été très inspirée par l'idée de combiner Psychose et Misery. Un Misery à l’envers où l'écrivain prend en otage les fans.