Et maintenant, on fait quoi ?

Publié le 27 juillet 2013 par Jeanpaulbrouchon

C’est la question que l’on devrait poser à Messieurs les Sénateurs de la Commission d’enquête sur le dopage qui viennent d’extirper des tréfonds, quinze ans après les faits, les noms de ceux qui croyaient jusque là être passés entre les gouttes lors des Tours 1998 et 99.

Désormais plus personne ne semble à l’abri des contrôles à effet rétroactif, comme une épée de Domoclès au-dessus de la tête des coureurs. Mais qu’en est-il des autres sports ? La liste publiée n’est pas une surprise car à cette époque pratiquement tout le peloton était chargé à l’EPO. Et si certains, débusqués et confondus, ont payé leur dérive, d’autres en ont profité impunément pendant des années pour construire leur avenir personnel sur des résultats totalement frelatés. En gagnant des courses, ils ont gagné de l’argent, beaucoup d’argent. Certains ont amassé des fortunes. Ils sont aujourd’hui bien en vue dans le milieu: responsables d’équipes, directeurs sportifs ou grands managers. Ils sont présents dans tous les domaines, certains même à la tête de l’équipe de France, ou alors sont consultants radio ou télé, ont des émissions à leur nom, donnent des conseils et des avis sans avoir honte de leur attitude et avec de nombreux supporters derrière eux…


C’est à croire que la France est devenue une république bananière, sans plus aucune morale, et qu’on y a a plus de compréhension pour ceux qui bafouent les règles et l’autorité que pour ceux qui les respectent… Sinon ce sont Bassons et Delion qu’on entendrait sur Eurosport et France Télévisions. Et non Virenque et Jalabert. Comprenne qui pourra.
Comment le CSA a-t-il pu tolérer jusqu’à présent que ces gens-là, notamment les grands protagonistes de l’affaire Festina, profitent des antennes mises à leurs disposition pour faire fructfier un patrimoine bâti sur la tricherie et le mensonge ? Quelque part, c’est insupportable. En Belgique, le gouvernement flamand avait momentanément interdit Musseuw sur la VRT publique après son implication dans une affaire de produits interdits qui l’avait éclaboussé à la fin de sa carrière.
Désormais il n’est plus possible de nier l’évidence et Jacky Durand l’a bien compris, qui a fait son mea culpa pour libérer sa conscience. On a plus de respect pour lui que pour tous ceux qui se complaisent dans le déni, comme Jalabert qui a coupé le micro et réfugié derrière des communiqués laconiques où il prend acte mais ne reconnaît rien !
Il est à espérer qu’avec cette initiative, diversément appréciée, c’est vrai, le ménage soit enfin fait en profondeur pour éliminer toutes les brebis galeuses. Ainsi Unipublic, l’organisateur de la Vuelta, a viré Olano de son poste de directeur technique, l’équipe Belkin s’est séparée de son directeur sportif Blijlevens, Julich a dû quitter l’équipe Garmin et O’Grady n’est plus membre de la commision des athlètes du Comité olympique australien ! Ce n’est peut-être qu’un début. Hélas il reste encore en place quelques personnages à la triste réputation, des managers sulfureux dont Riis (Saxo Bank), Vinokourov (Astana), Kim Andersen (RadioShack). Ceux-ci empêchent le vélo de redorer son image et de se refaire une virginité quand on sait ce qu’a été leur carrière…
Plus personne n’est dupe de l’ampleur du fléau mais une nouvelle fois le cyclisme est le premier sur le devant de la scène. Pourquoi n’a-t-on pas conservé les échantillons des prélèvements des footballeurs champions du monde 1998 ? C’était à la même période et il suffit d’entendre les allusions et les propos de Madame Marie-George Buffet, ancienne ministre des Sports de Chirac, pour se convaincre qu’on est là en face d’une belle arnaque…Deux poids, deux mesures. Mais à force de vouloir laver plus blanc que blanc, le vélo fait peur à beaucoup de fédérations qui n’ont pas la volonté d’aller aussi loin dans la traque aux tricheurs. Surtout à l’étranger où la notion de spectacle est essentielle pour plaire au public sportif et intéresser les sponsors. En définitive, il n’y a que les coureurs du Tour de France qui paient pour tout le monde et c’est insupportable.
Et maintenant, on fait quoi ?

 Bertrand Duboux