En ce milieu d’après midi, fin septembre, je retourne au bureau apporter les dernières informations avant d’aller à l’hôtel vérifier les confirmations des jours suivants. Des guides sont là à discuter entre eux en buvant un thé. D.S arrive est s’installe parmi eux. Pas un mot de son côté, ni du mien. Il parle avec les guides, téléphone, continue à discuter. Je ne comprends pas ce qui se dit, mon népalais n’étant pas assez performant pour suivre une conversation entre eux. Les regards furtifs que me jettent certains guides me signalent qu’ils doivent aussi parler de moi. Je continue mon travail sans y faire attention. Le groupe sort et j’interpelle D.S pour savoir ce qu’il compte faire. Je lui dis que je lui laisse l’agence. La première chose qu’il me demande est les codes du site internet. Moment de silence, de réflexion. Il est hors de question que je lui laisse mes 7 ans de travail à l’agence alors qu’il n’y a jamais touché. Pourquoi devrais-je lui donner ? Pourquoi serait-il plus à lui qu’à moi ? Trop facile. Il n’y a jamais travaillé dessus, je paie depuis plus de 3 ans l’hébergement en France. Se prend-il pour l’agence à lui tout seul pour qu’il le récupère. S’il veut l’agence, la partie népalaise, qu’il l’a prenne. Le site est en France, il ne porte même pas le nom de l’agence, il est hors de question qu’il change de serveur dans ces conditions. Le visage de D.S se décompose, vire au rouge. Je ne lui ai jamais rien refusé mais je ne le lui donnerai pas. Pendant plus d’une heure, dans le bureau, devant la secrétaire qui ne bouge plus, il me traitera de voleur et de beaucoup d’autre chose. Je suis comme anesthésié, ses paroles rebondissent comme d’un lointain échos. Peut-être me lance-t-il des menaces ? Je n’entends plus rien de ce qu’il me dit, je suis déconnecté de sa réalité. Il n’y a que le site qui l’intéresse et tout le travail effectué dessus. Sans le site, il ne veut pas de l’agence. Et bien, il n’en veut pas, elle sera fermée. Je ne veux plus associer mon nom à cette création et au fonctionnement hasardeux, trompeur, illégal et surréaliste de cette agence. Je quitte le bureau et me rend à l’hôtel pour diverses vérifications avant de nouvelles arrivées.
Arrivé à l’hôtel, quelqu’un m’appelle. Un trekkeur haut savoyard auquel j’avais organisé un circuit dans un groupe de 5 il y a 2 ans, arrive d’un trekking D.S. Il attend à l’hôtel avant de repartir en France dans la soirée. Me voyant un peu tendu, il me demande. Je lui parle de la situation de l’agence.
D.S est reparti accompagner un groupe, je n’aurai plus de nouvelles durant quelques jours. Un peu de calme. Je retourne à l’hôtel accueillir les arrivants. Ils sont six et viennent envoyés par une connaissance de Chamonix. L’avion a du retard et j’attends dans un coin du hall de l’hôtel. Dans l’attente et le silence du hall en milieu d’après midi, mes pensées essaient de faire un tri dans les événements. Elles s’emballent, ramenant des questions, les images passées de l’agence, du travail effectué, du temps consacré. Elles se mélangent à l’actualité et ne se projettent dans un plus rien. J’aurais pu le prévoir, j’aurais pu. Des alertes s’étaient allumées mais je les ai ignorées. Je ressens dans la tête un fourmillement, une impression d’urgence, d’accélération, de vertige. Une sensation d’oppression m’envahit. J’aperçois N.S dans le hall, il se dirige vers moi, s’installe en face et me parle. Il me demande comment je vais. Je lui réponds à minima. Sa voix est calme, la mienne aussi. Puis il continue avec les codes du site qu’il veut. Je refuse de lui donner. Il reprend pendant une vingtaine de minutes les arguments de son frère qu’il rallonge de menaces à peine voilés. Il repart comme il était venu juste avant que les trekkeurs arrivent. Je téléphone à la secrétaire qui me rejoint pour les accueillir. Je me sens calme, juste préoccupé. A leur accent, ils viennent du sud. Je leur parle des Pyrénées, des Alpes. Je les briefe, réponds à leurs questions, leur donne les conseils, encaisse le coût du séjour que je donne à la secrétaire. Je leur montre où ils peuvent faire le change avec l’argent. Ils partent sur un Tour des Annapurna et reviendront dans une quinzaine de jours. Je retourne à mon domicile.
Toutes ces paroles me poursuivent et mettent dans un état de réflexion intense. Seul, dans la maison, les murs ne me renvoient qu’un silence bétonné. Que dois-je faire ? Je suis un occidental dans un pays tellement complexe, paradoxal, impénétrable, avec une autre logique. Comme étranger, je sais que je n’ai aucun droit et que tout Népalais sera obligatoirement contre moi. De l’agence, je ne peux compter sur aucun guide. Peu importe, je suis étranger. Même après 10 ans, leurs comportements me sont ésotériques. La violence, elle y est très présente, visible, partout, et avec ces menaces je ne me sens pas en sécurité. J’avais lu dans un journal, il y a quelques temps, qu’on pouvait tuer quelqu’un pour moins de 2000€ et leur beau frère est un truand très connu au Népal. L’imagination fait tout le reste. Un accident, à pied, à moto, est vite arrivé. Menace réelle, imaginée ? Je n’ai absolument pas envie de l’expérimenter. Le téléphone sonne, c’est N.S. Je ne décroche pas. Il sonnera plusieurs fois jusqu’à 1h30. Je n’ai pas dormi de la nuit et ce matin devant l’ordinateur, une vague me submerge qu’alimente le ressac des pensées. L’oppression est intense, m’empêche de respirer. Impossible de contrôler. Je manque d’air. J’essaie de me calmer. Je respire amplement. Les spasmes s’atténuent. Je bois un thé. J’attends 8h pour téléphoner à C.S, un ami français. Il vient immédiatement dès qu’il trouve un bus. Quand il arrive, je suis à peu près calmer. Je lui explique la situation. Il me dit qu’il y a certainement une grosse part d’imagination. Mais je ne peux pas la contrôler. Je lui demande s’il connaît un avocat car les lois népalaises me sont impénétrables et je ne me sens pas capable de me lancer seul dans une procédure. Il téléphone et l’avocat lui dit qu’il passera en fin de matinée. Quand l’avocat arrive, je suis revenu à un état quasi normal. L’air est revenu et les spasmes totalement terminés. L’avocat T.K me questionne, je lui réponds, lui explique toute la situation. Il me dit qu’il faut qu’il trouve des fautes dans l’agence, ce qui facilitera d’autant plus la fermeture. Je lui parle de l’adresse illégale. L’avocat repart et reviendra cet après midi. Je téléphone à la secrétaire pour qu’elle vienne à la maison. Je lui explique que je ne suis pas bien et ne retournerai pas au bureau apporter mon travail. Je ne suis pas en sécurité. Je lui téléphonerai si j’ai besoin de renseignement et lorsque je ferai à l’hôtel les briefings aux arrivants. J’ai tous les dossiers des groupes et personnes que j’ai organisés dans l’ordinateur, elle les a déjà au bureau. Pour ce qu’a rapporté l’agence, je lui explique que j’ai comptabilisé les marges à minima, et que je les ai divisées en 3. Je laisse 2 parties pour la gestion de l’agence et leur part, comme nous faisions. J’en ai parlé à R.T qui m’a dit que ce n’est pas assez au nombre d’arrivants cette année. Je récupère ainsi un peu de ce qui me revient. Ca tourne autour de 1700 € pour un total d’une soixantaine de personnes. Je sais que je perds beaucoup avec ce calcul, plus de 2000 € mais peu importe. Je signe 3 chèques en blancs à la secrétaire pour qu’elle ne soit pas prise au dépourvu quand elle devra repartir les sommes pour les prochains trekkings. Il doit rester 5 ou 6 groupes. Je sais le risque que je prends mais si je ne le fais pas, les trekkeurs ne pourront pas partir. Elle me dit que N.S n’est pas au bureau aujourd’hui. C’est certainement pour cela que je n’ai pas eu de coup de téléphone. J’imagine qu’il est avec un groupe de l’autre agence. C’est parfait car ça me laissera le temps de chercher avec l’avocat.
Avec C.S, nous allons manger dans un petit restaurant de Thamel qu’il a trouvé. Il est dans une petite ruelle à l’écart et je ne risque pas une mauvaise rencontre. Je n’ai pas vraiment faim mais j’y vais. L’avocat me rejoindra pour aller sur l’agence. Sans faim, le repas est insipide et les pensées toujours fusantes. Je ne parviens pas à m’en détacher.
C.S est reparti sur son chantier de décoration et avec l’avocat, nous nous rendons au bureau. Il sait ce qu’il cherche, la fraude à l’adresse. Tous les documents et affiches ont disparu. Les cadres sont sur le mur mais les cadres sont vides. En l’absence de ces documents, il fouille dans les statuts de l’agence, la comptabilité. Il s’arrête sur le dernier état de compte de 2010. Il m’explique que cet état a été signé par les 2 associés. Ca me semble assez cocasse. Mais si la signature de N.S est bien reconnaissable, celle de R.T n’est pas la bonne. Je lui dis qu’elle est en France et qu’elle ne peut pas avoir signé ce document comptable officiel. D’ailleurs la signature n’est pas la sienne. Il va faire des photocopies du document comptable pour qu’il puisse l’éplucher. C’est fou, comment N.S peut impliquer son associé, sans consentement, dans ces combines frauduleuses. Pas la moindre moralité. Si l’administration y tombe dessus, R.T ignorante de toutes les magouilles, y sera également compromise. Nous faisons une partie du chemin de retour ensemble. Je lui parle de la pression qu’ils me mettent pour récupérer le site internet. Je lui dis très clairement que ce site n’est pas à moi ni à D.S, qu’il appartient à l’agence, que je ne suis pas l’agence, qu’il n’est pas l’agence, que je ne leur donnerai pas mais que s’il en a besoin pour quoi que ce soit, je lui fournirai les codes. Il me répond qu’il n’en aura pas besoin. Je lui parle également de se sentiment d’insécurité, de leur beau frère. Il me répond que l’on ira demain matin à la police des touristes déposer un main-courante.
Je retourne maintenant seul vers la maison. Je ressens une immense impression de solitude. La ville semble différente. Les endroits si vivants que je connais pour y être passé des centaines de fois me paraissent bizarres, suspects. Cette ville devient étrangère, menaçante, les regards inquiétants. A la maison, je me prépare un thé et me mets devant l’ordinateur pour vérifier le courriel. Parmi les divers emails, il y en a deux de N.S, un de R.T et d’autres personnels. Ceux de N.S me disent d’ouvrir la pièce jointe. Il veut faire une réunion exceptionnelle du bureau directeur. En 7 ans, c’est bien la première fois qu’il y a une réunion. Le courrier de R.T me dit qu’elle a reçu le même courrier mais qu’elle ne peut pas logiquement, étant en France, s’y rendre pour le lendemain. Je transfère ces messages de N.S à l’avocat. L’avocat me dit de ne pas y répondre, qu’il y a rien d’officiel dans ces courriers et qu’il utilise à mauvais escient les papiers à en tête. Je dois également lui faire parvenir tous les courriels que je recevrai. T.K, l’avocat, me guidera dans ce que je dois faire ou pas. Je reçois encore des coups de téléphone jusqu’à tard dans la nuit. Encore une nuit blanche dans lequel les pensées chassent les réflexions et mélangent réel et irréel dans une imagination destructrice. Je ne me sens pas bien, envie d’exploser. Rien pour atténuer, accrocher une logique, un fil conducteur. Rien, que des murs dans la nuit. Le matin arrive sans arrêt, dehors la vie reprend. A 9h, l’avocat me donne rendez-vous pour aller à Brikuti Mandap (bureau de la police des touristes). En attendant 10h, dans le "tea house" à côté du bureau de la police où nous buvons un thé au lait, il y a une autre personne, avocat aussi, qui doit, à ce que comprend, servir de témoin à la déposition. Il me dit, entre 2 gorgées de thé, que les comptes sont faux. Avec les documents photocopiés, il a épluché et ça ne correspond pas. Je suis totalement dégoûté de tout ce qui a pu être fait dans le dos, sans concertation, mettant à rien toute la philosophie originelle de l’agence. Ca ne me parait pas possible. La main courante est faite et officialisée par le tampon de la police. L’officier me donne un bristol écrit en népalais et tamponné avec un N° de téléphone et le nom d’un interlocuteur. Je dois l’avoir sur moi. Ca ne me protégera pas d’un coup mais ça nommera le commanditaire. Pour les coups, je sors depuis quelques jours avec un sac sur le dos et 2 gros bouquins dedans. L’avocat ira au bureau rencontrer N.S vers les 16h. Je rentre à la maison en changeant de chemin. A midi, je rejoins C.S dans le petit restau. Je prends sans appétit, pour accompagner, une petite galette newar et un lemon soda. Nous parlons de ce que l’avocat découvre sur l’agence. Je lui dis que l’avocat est très bien, très procédurier, très efficace et puis il est d’un calme qui dénote avec l’hyper activité de mes pensées. Il est certes cher mais peu importe, je veux sortir de ce cauchemar dans lequel je ne comprends plus rien. De retour à la maison, je m’installe face au vide et regarde défiler des heures pétrifiées. Envie de rien. Pas même de lire ou d’écouter la musique. Rien.
Je rencontre en fin d’après midi l’avocat qui me parle de la rencontre avec N.S. Que ça va être difficile car il s’accroche et se défend sur tous les points mêmes les plus litigieux. Il ne peut pas se servir de ses découvertes comptables, ça ne toucherait pas les intéressés mais l’avocat qui a signé et validé l’état comptable. Je lui paie ses honoraires. 1500 €, c’est cher pour le Népal mais il est efficace. Ca devrait être complété avec l’avancement de l’affaire. Il me dit aussi que N.S est allé porter plainte contre moi pour vol du site internet mais que sa plainte n’a pas été notifiée car nous y étions passé le matin. Il est allé me signaler auprès de différentes associations qui gèrent l’activité montagne au Népal. Un message SMS d’N.S me dit qu’il va porter plainte à l’ambassade de France. Je suis totalement abattu. Il veut totalement m’achever. Je n’ai jamais rien volé de ma vie même pas un bonbon dans ma jeunesse. Comment peut-il agir de la sorte alors que toutes les exactions ne proviennent que de lui ? Croit-il que je sois comme lui ? Tricher, voler, n’appartient pas à mon éducation. Toutes les personnes qui me connaissent et m’ont connu peuvent en témoigner. La montagne, en 50 ans, m’a appris à ne pas tricher avec, à ne pas la tromper. C’est le fondement même des activités en montagne. Ca se paie toujours cash un jour ou l’autre. Je ne m’aventure donc pas sur ce terrain miné. Je n’ai fait aucune erreur dans le travail, dans la gestion, rien si ce n‘est de m’être associé à un qui m’a imposé l’autre. Dire que j’ai volé alors que je ne désire pas rendre quelque chose qui ne lui appartient pas. Comme si l’agence était entièrement à lui. Lui qui a passé plus de temps dans une autre concurrente sans seulement s’intéresser à celle qu’il n’a jamais considéré comme sienne. Je suis à bout et les nuits sans fin ne me reposent plus et se peuplent de sombres silhouettes. Ca va s’arrêter, ce n’est pas possible. C’est un mauvais rêve. Il faut que je me réveille, sorte de ce cauchemar. La nuit, le jour, rien ne s’arrête. Et cette oppression qui à nouveau m’étreint, m’empêche de respirer. Et toujours ces spasmes incontrôlables. Je suis à bout. Tout lâcher, me foutre en l’air depuis la terrasse de la maison. Un pas, juste un pas pour m’ôter le poids de tous ces mensonges avec lequel il m’accable. Ils seraient trop heureux et auraient atteint leur but. Résister. Je me prépare un thé, essaie de contrôler la respiration, me calmer. Je dois me calmer. Attendre que l’ambassade ouvre. M’informer. Leur expliquer. J’ai laissé un message à l’avocat pour qu’il me rejoigne.
Je rejoins l’ambassade à peine un peu calmé. L’air matinal, en moto, m’a un peu retapé. La vice-consul qui me reçoit me dit que personne n’est venu et qu’aucune plainte ne peut être prise à l’ambassade. C’était juste encore pour me mettre la pression. Je ne sais plus où est le vrai, le faux. Je deviens dingue. Tout est mouvant. Sur quoi me fier pour agir ? Je lui explique la situation, ce que je subis depuis plusieurs semaines. Avec mes explications, je ressens cette oppression intenable à nouveau m’envahir et j’explose. Trop de tension contenue, emmagasinée. Le policier de l’ambassade présent également dans le consulat ne comprend pas que cela puisse m’arriver. Il m’a vu solide et je ne suis qu’une loque. Effondré. Je ne tiens plus. Je m’excuse. Il me parle de quitter le Népal. Je retrouve un peu de quiétude alors que l’avocat arrive. La discussion est moins stressante et l’avocat prend quelques informations puis repart. I.L, la vice consul, téléphone au docteur de l’ambassade ; le cabinet est dans le jardin, derrière le consulat. Il me prend immédiatement. Il me donne des anxiolytiques. Je lui dis que c’est la troisième décompensation que je fais en une semaine. Je rentre à la maison. En fin d’après midi arrive le groupe qui était parti sur le Tour du Dhaulagiri. Demain, un autre arrive pour partir sur le même parcours. Ce soir, C.R, une Française qui a un restaurant, organise un repas chez elle. Je pars retrouver C.S dans le petit restaurant de Thamel et reprends une galette et un lemon soda. Je lui parle de cette possibilité de quitter momentanément le pays. Il me répond que c’est une solution pour je retrouve la santé et puisse réfléchir plus posément à la suite. Je lui dis que j’ai encore des groupes, que la saison n’est pas finie, que mon billet est déjà pris pour mi décembre. J’ai peur surtout que les 2 frères fassent quelque chose avec les groupes que j’ai organisés. Je suis sûr qu’ils peuvent demander à un guide de quitter les trekkeurs sur un circuit. Je n’ai pas de solution pour cela, sinon d’être présent.
Je rencontre et accueille le groupe arrivant de trekking. Ils ont réussi et ont pu même faire l’ascension du Dhampus Peak. Ils sont contents de leur séjour. Cette réussite me sort de mon quotidien défoncé. La secrétaire qui m’a rejoint à l’hôtel me demande pour la prime de sommet pour le guide. Que doit-elle faire ? J’avais oublié de la comptabiliser sur le devis. Je lui paierai de ma poche les 200 € de prime. Les 1700 € du partenariat à 50% dans l’agence déjà repartis pour l’agence. Je laisse le matériel prêté au guide pour le groupe suivant qui vient de Chambéry. Ils font la même chose avec une antenne vers le camp de base nord de l’Annapurna, celui de la première ascension. Le jour décline et je quitte l’hôtel ravi pour me rendre chez C.R. J’y retrouve d’autres Français. Ils savent la situation que je vis. Ca me fait du bien de les rencontrer. Ils me disent que je devrais rentrer en France, je leur réponds que je le ferai en décembre quand il n’y aura plus de groupes. Je ne peux pas les laisser, assurer les briefings, les accueillir. Comme toujours, le repas ouvert est excellent. L’ambiance et la réussite du groupe m’ont donné un peu d’appétit. Je retourne à la maison vers les 21h30, prends l’anxiolytique et je vais me coucher.
Camp au Dhampus Pass - le Dhampus Peak - Tour du Dhaulagiri
Le groupe arrive, je les accueille, les briefe, leur parle des Alpes. Nous partageons nos expériences de montagne. Je leur présente le guide et la secrétaire qui récupère le coût du séjour. Ils sont montagnards, ont de l’expérience. Il ne devrait y avoir aucun problème. Je les laisse à leur préparatif. Je rejoins C.S au restaurant mais je n’ai pas d’appétit. Il y a d’autres français avec lui. M. cherche à acquérir et tenir un restaurant dans Thamel et un autre qui fait des massages qui cherche à s’installer. Ils y croient tous comme je devais y croire il y a 7 ans. En allant vers la maison, je rencontre l’avocat qui tente de joindre N.S. Il n’y arrive pas. On lui a dit qu’il était parti à Lukla. Pourtant quand il arrive à le joindre, l’avocat entend les bruits de circulation routière. C’est vrai que les voitures, c’est courant à Lukla, en pleine montagne. Je lui demande si mon retour en France lui poserait un problème pour la suite de ses investigations et la fermeture de l’agence. Il me répond par la négative. Il peut rester en contact avec moi via Skype et internet. R.T peut le joindre également. A la maison, j’essaie d’envisager la situation avec les groupes restants. Que puis-je faire ? Je pense les envoyer vers une autres agences plus sures mais cela s’avère impossible puisque l’argent avancé est déjà à la banque. Je pourrais juste le faire avec un groupe de novembre qui n’a pas versé d’acompte. Leur Tour des Annapurna est confirmé. Je contacte C.B, une Française qui tient aussi une agence. Elle passe me voir et nous discutons de la possibilité de sécuriser le départ des groupes sur les trekkings à venir. Elle peut mettre des équipes en attente au cas où la situation empirerait jusqu’à devenir insupportable pour les trekkeurs. Elle s’occupera du groupe qui n’a pas versé d’acompte. Il y a aussi le groupe de 5 personnes qui arrivent le 27 octobre. Ce sont des amis et certains me connaissent depuis plus de 20 ans. Elle me dit de ne pas me faire de souci. Je reçois un courriel de N.S qui m’annonce qu’il a la preuve que j’ai volé le site internet. La pièce jointe est une facture le signifiant. Le seul hic, c’est que la date est fausse. C’est un faux grossier que j’envoie à l’avocat. Je n’y répondrai pas. Il part en trekking. D.S revient le 27 et je ne sais pas pour le retour de N.S.
Avec les anxiolytiques, les nuits sont plus fermes, encore courtes mais me permettent de me reposer un peu. Je téléphone à la secrétaire qui passe à la maison vers les 10h. Je lui explique la situation à venir. Je lui dis que je vais quitter le Népal le 25 octobre si je trouve une place. Je dois changer mon billet d’avion. Je lui ai préparé une feuille reprenant les divers points du briefing. Je lui explique comment il faut faire. Elle me dit qu’il n’y aura pas de problème. Je lui dis que je passerai dans l’après midi au bureau prendre mes affaires. Je lui donne également une prime de 5000 roupies pour Dashain (fête népalaise). Je lui dis que je ne sais pas ce qu’il va se passer mais même si elle sait tout, qu’elle ne les contredise pas, qu’elle ne me protège pas de leurs mensonges. Ca peut être dangereux pour elle de s’y opposer, qu’elle les laisse dire, me pourrir, me salir. Elle sait tout, elle sait le travail que j’ai fait, tous les mensonges qu’ils professent. Elle sait et c’est le principal. Le reste n’a que peut d’importance...