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Égypte, Tunisie : la guerre civile

Publié le 27 juillet 2013 par Laurentarturduplessis

Deux projets de société incompatibles

La violence gagne l’Égypte et la Tunisie. Dans les deux cas, deux peuples s’affrontent : l’un veut la séparation de l’État et de la religion, et des libertés publiques analogues à celles des démocraties occidentales ; l’autre veut l’instauration de la charia (loi islamique) dans le cadre d’un État fusionnant le politique et le religieux.
Ce sont deux projets de société incompatibles. Cet antagonisme installe une situation de guerre civile en Égypte et en Tunisie. L’Égypte est la plus « avancée » dans ce processus. La Tunisie s’y engage à la suite de l’assassinat du député de gauche et opposant Mohamed Brahmi, qui a fait écho à celui d’un autre opposant, Chokri Belaïd, perpétré en février dernier.
Dans les deux pays, une violente réaction allergique est née de l’action de réislamisation des institutions et de la société par des gouvernements des Frères musulmans issus des urnes. En Égypte, l’armée a renversé le président Morsi avec l’assentiment de ceux des Égyptiens qui rejetaient la constitution d’inspiration islamiste votée par référendum en décembre 2012, ni l’islamisation systématique de l’État et des médias. De sanglants combats de rue les opposent aux partisans de Mohammed Morsi, qui exigent que l’armée le rétablisse dans ses fonctions. En Tunisie, l’incapacité de l’Assemblée nationale constituante (ANC) a voter une constitution (à cause de ses éléments islamistes), alors que cela aurait dû être fait le 23 octobre 2012 (au terme d’un an de délibérations) révolte les tenants de la laïcité. Ils voient dans cette procrastination une manœuvre d’Ennahda, le parti islamiste qui domine le gouvernement, visant à se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible et à profiter du pourrissement de la situation. C’est la stratégie du chaos.

Crise économique et violence islamiste

La montée de la violence torpille les économies égyptienne et tunisienne : tourisme en berne, investisseurs découragés… Cela dans le cadre d’une crise économique mondiale qui va entrer dans sa phase aiguë. C’est pourquoi le bilan économique des technocrates du gouvernement provisoire, non islamiste, mis en place par l’armée au Caire, ne pourra être que désastreux. Celui d’un éventuel gouvernement non islamiste en Tunisie, aussi.
La guerre civile s’accentuera dans ces deux pays. Leurs armées, sous dépendance américaine, n’installeront sans doute pas au pouvoir des dictateurs réprimant implacablement les islamistes. Ceux-ci entretiendront un climat de violence. À terme, ce sont eux qui tireront les marrons du feu et leur composante salafiste sera projetée sur l’avant-scène.



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