On m’avait dit que les Vieilles Charrues c’était dément.
On m’avait dit que c’était le meilleur festival de France, que l’ambiance était super, qu’il fallait le faire au moins une fois.
On m’avait dit que le site des Charrues était génial, qu’il s’y dégageait une atmosphère particulière.
On est un con et il m’a menti.
J’avais l’impression d’être à un "spring break" d’adolescents frustrés.
J’ai trouvé un grand espace, beaucoup trop grand, sec et terreux. Au jeu du meilleur site, celui de Beauregard, avec son grand château, son herbe fraîche remporte la manche haut-la-main.
Les Charrues c’est une immense fête du village. Et qui dit fête de village, dit gens au bord du coma éthylique. Le jeudi, quand on arrive à Carhaix, le trajet gare/Vieilles Charrues ressemble à un flash-mob organisé par Kronenbourg. Une procession de festivaliers très peu vêtus ou déguisés en Obélix – le thème de cette année : les gaulois – tenant à bout de bras des packs de 18. Dans la rue, un peu partout des stands et buvettes rouges au couleur de la célèbre marque de bière. Pas étonnant qu’à 17 heures 30, on se retrouve au milieu d’une population tellement alcoolisée qu’elle ne sait pas trop ce qu’elle fait ou ce qu’elle dit (ai-je bien entendu un mec qui aboie ?). Encore moins étonnant qu’une fois la nuit tombée, les secours se livrent au bal des brocards pour ramasser toute la viande qui jonche lamentablement sur le sol.
Les Charrues, c’est une immense fête du village (bis). Les jeunes se retrouvent en bande-organisée au camping. Certains n’y vont que pour le camping. Et les concerts, finalement on s’en tape. De toute manière, on ne voit rien, on n’entend rien (sérieusement le son sur la scène Kerouac… les basses dégueux…) et on est les uns sur les autres, les uns contre les autres. Oui, ok c’est un festival et dans ces conditions-là, il ne faut pas être contre la promiscuité, ni même agoraphobe. Certes.
Ces gens qui, viennent en masse, parfois ne connaissent pas les groupes (oui The Roots c’est ultra connu. The Hives ne se prononce pas zi ive). Ca arrive, on ne peut pas tout connaître. Mais, sont-ils obligés de conspuer les groupes qu’ils ne connaissent pas. Pendant Half Moon Run, on entend une bande hurler "La suite, La suite". Pour Raphael "casse-toi dans ta Caravane". Alt J : "c’est de la merde". Si tu n’aimes pas, pourquoi tu t’affliges à toi-même la souffrance d’écouter ce son-là ? POURQUOI ?
Et puis, pourquoi ne pas servir d’eau dans les stands ? Pourquoi ne pas mettre de fontaine ? Pourquoi dire que le festival veut réduire la consommation d’alcool quand elle sert si peu de soft, met en place des gobelets de 25 cl et … sert des gros pichets d’un litre ? POURQUOI ?
Et puis, il y a cette manie de beugler dans les oreilles, de regarder de travers parce que t’as décidé de te looker un peu, parce que tu viens de Paris (yeurk Paris quoi), parce que tu as mis un chapeau. Cette manie de renverser sa bière sur les gens, de souffler sa fumée de pétard dans la gueule. De fumer dans l’espace presse (couvert !).
Je n’ai pas aimé les Vieilles Charrues. Il y a quand même eu des points positifs : le sourire d’Half Moon Run quand ils jouaient sur scène. La folie de La Femme, la leçon de Phoenix, le rock crade de Hanni El Khatib, le dancefloor de Yan Wagner à 20h30, le mysticisme de Suuns, le charme de Benjamin Biolay.
Après réflexion, je me dis sans doute que le problème vient peut-être de moi. Peut-être suis-je trop vieille pour les festivals. Peut-être que la programmation (superbe) était en fait trop éclectique et a donné d’étranges mélanges de population : Raphael / Rammstein le même soir : OUATZEFEUK? Peut-être que je suis trop asociale ou que je n’aime pas trop la foule. Peut-être tout simplement que je n’aime pas les Vieilles Charrues.
Ce sera sans moi les prochaines années.
Oui, dis-le, je suis qu’une connasse de Parisienne.