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De l’artiste à la personnalisation de la grandeur

Publié le 26 juillet 2013 par Lilioto

De la personnalisation de la grandeur…

Une valeur de l’être conjuguée aux valeurs du savoir-faire fit de l’histoire des artistes de l’antiquité à nos jours, d’une disposition ou d’une capacité à la personnalisation de la grandeur, habité du don et donc du privilège d’être bien né. De par la vertu, la vocation ou la discipline naissent au fil des siècles une socialisation de l’excellence de l’être qui présuppose l’existence chez certains d’un registre précieux voire divin inaccessible à autrui, au commun des mortels. Diantre ! Quel privilège !

Au regard de la vie des artistes de l’antiquité jusqu’à nos jours, ce privilège fut un lourd fardeau à porter, plongeant plus souvent le « doué » dans les affres de la précarité et des servitudes qui perdurent encore aujourd’hui. Constat : Mieux vaut une vie « inspirée » proche des pouvoirs ou peut-être « inspirée » des pouvoirs afin que le « doué » n’expire pas de la nature même de ce haut privilège ! La perception alléchante d’une vie « inspirée » en dehors de toute forme de consensus social l’enjoindrait vite à découvrir les matérialités d’un enfer « insufflé» !

De « l’excellence de l’être »…

De « l’excellence de l’être » reste le seuil érectionnel d’un être intériorisant les codes et les normes de l’ordre social d’une société différenciée. Les spécificités « calorifiques et énergétiques » de notre « surdoué » sont les chimères divines d’une rationalité contraire à toute émancipation et à toute dissonance cognitive (comme on pourrait peut-être l’imaginer éventuellement chez l’artiste) !

L’ordre des valeurs…

De « l’excellence de l’être » reste aujourd’hui une manière d’être au monde et d’être aux autres dans le cadre exclusif « d’être ensemble », une excellence entrepreneuriale du lien social ! De « l’excellence de l’être » était une distinction octroyée et digérée auparavant par l’académie, les salons, aujourd’hui elle est contrôlée par les institutions para artistiques de l’art contemporain au service du pouvoir politique, musée, centre d’art, FRAC, CNAP. De « l’excellence de l’être » réaffirme par les gouvernants la nécessité d’une répartition dans la population de groupes sociaux hiérarchisés. Notre société de plus en plus globalisée et différenciée n’entrevoie pas de scission, de schisme dans la socialisation du citoyen lambda comme chez l’artiste. L’ordre des valeurs subdivise l’espace social et lamine nos principaux atouts : notre propre capital naturel d’inventivité, de sensibilité, de singularité.

De la distinction…

De « l’excellence de l’être » est un précepte intégrateur, unificateur, accumulateur qui nie que l’être possède en soi un énorme capital de créativité et d’abstraction. Nous pensons de « l’excellence de l’être » comme un contre-espace du matérialisme, son double contretype. Nous pensons que « créer » n’est point coutumier mais fort rare et singulier ! Cette « excellence de l’être » est au service d’une économie de la rareté et de la distinction.

Création et créativité...

Nous savons tous que même les Fous créent, nos enfants, alors l’imaginaire créatif est à l’homme un mode intériorisé, une gestion intérieure du sensible, un formidable instrument de recherche, d’investigation et aussi un mode d’échange et d’expression.

Le sens de la vie est une lutte perpétuelle entre ce capital humain qui gère au nom de nos capacités de création notre propre évolution et l’acceptation de son reniement et de son renoncement.

L’expression culturelle…

Après trente ans de vie artistique, je ne conçois pas cette norme stupide de « l’excellence de l’être ». En vieillissant, nous constatons dans notre pratique artistique que notre richesse est une richesse accessible à tous et nous relativisons fortement notre propre création. Elle s’inscrit dans un flux, le flux de la création contemporaine, véritable sens de l’art contemporain. Bien sûr, à nos yeux notre production est précieuse, mais celles des autres aussi, des pratiques dites « amateur » aux plus talentueuses ; l’expression culturelle. Vous comprenez que l’économie de la rareté ou de la distinction dans une société n’est pas le marché de l’art. L’économie de la rareté dans une société réside dans la capacité des divers groupes sociaux à se réunir autour d’une exigence commune : « Aller au-delà du seuil des contraintes et des libertés préétablies et édictées » dans tous les domaines et dans tous les registres des composantes de notre civilisation.

Lili-oto artiste plasticien, revendique un regard et une action critique sur ce système culturel global et unilatéral de la création artistique et contemporaine en France et à l’étranger où les auteurs créateurs et les public s ne sont plus que des instruments « intégrés » de marketing politique et de spéculation économique.


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