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L’indécision

Publié le 26 juillet 2013 par Moralotop @moralotop
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Indécision

je n’arrive pas à me décider

Je nage en pleine indécision.

Je suis indécis… etc

Vous avez déjà dit ou entendu ces phrases.

Anne Stepourenko aussi.

Ça tombe bien, elle vous offre ici un nouvel article invité sur Moralotop.

Je le lis, je le lis pas ?

Au diable l’indécision : lisez-le… il est très instructif !

———————

-  Allô Sandrine ? 

 -  Ah, bonjour Sophie, comment va ?

 -  Comme ci, comme ça… Je peux te parler là ?

 -  Oui, oui… que se passe-t-il ?

 -  Écoute, je suis un peu embêtée… En rangeant la chambre de Romain, j’ai trouvé des DVD de jeux, tu vois, de ceux qui sont interdits aux moins de 18 ans… hyper violents…

- Bah tu sais, c’est un ado…

- Justement, il n’a que 15 ans !! Marc lui en a déjà parlé et il semblait avoir compris… mais là, je constate que non. Je ne sais plus quoi faire avec ce gamin.

- C’est pas si grave !

- C’est ça, mais bien sûr que si ! (hausse le ton) et à quand les boulettes de shit, l’alcool à flots et le vol à l’étalage ?

- Tu dramatises pas un peu ? Parle-lui…

- Il va encore s’énerver et s’enfermer dans le mutisme.

- Tu veux que Philippe lui en touche 2 mots, c’est son parrain après tout ?

- Non, non… ce serait pire ! Enfin non, je veux dire que c’est à nous de faire quelque chose, mais je ne sais pas du tout quoi !

C’est vraiment pénible l’indécision, quoi que nous fassions, nous aurons tort et l’ambiance sera gâchée pour la semaine.

Et si nous ne disons rien, il va recommencer… comment se décider ?

Conclusions

1) Vous voyez loin ! Vous prévoyez le pire !

2) Vous ressentez des émotions contradictoires, vous doutez.

3) Vous aimeriez que vos messages passent une bonne fois pour toutes !

Poussons un peu l’analyse… pour sortir de l’indécision

1) Votre rôle de parent vous entraîne à penser « famille » et « avenir », votre ado, lui, vit dans le présent et souvent pour lui-même afin de satisfaire ses envies du moment. Tiens, tiens ! Anticiper, c’est fabriquer des scénarios éventuels et imaginer des parades possibles, « avant » qu’une situation ne se présente, cela va sans dire. Une fois que la situation s’est déroulée et que vous avez constaté les résultats, la projection dans le futur ne produit que de l’inquiétude et du doute. Flop !

Je m’explique :

Si Marc a déjà discuté du sujet avec Romain, il aurait pu (dû » ?) prévoir des écarts possibles, la désobéissance, l’indifférence… Et d’ailleurs Romain devrait également savoir à quoi s’en tenir en cas de transgression. Dans le même cas, en parents préparés à toute éventualité, vous auriez sans aucun effort consolidé votre message. Cette évaluation préparatoire vous aurait rassurés.

Et même si votre ado est un provocateur-né, vous ne vous poseriez pas de questions à chaud sur l’attitude à adopter. Vous l’auriez déjà prévue : il ne vous resterait plus qu’à agir ! A votre ado d’assumer les conséquences de ses actes.

2) Vous êtes en colère contre ce jeune audacieux qui vous brave et en même temps, vous êtes inquiet pour lui. Court-circuit dans les neurones !! Eh oui, parce que la colère vous commande de le punir, mais l’inquiétude vous pousse à protéger ! Quelle voie choisir ? Quelle serait la bonne réaction ? Qui détient la bonne réponse ? Et si vous étiez trop sévère ? Et s’il ne vous aimait plus ?

Votre indécision est totale.

Les émotions, voilà bien un embêtement dont on se passerait !

Autant il est facile de doser au gramme près la quantité de sucre nécessaire dans une recette de gâteau, autant l’intensité d’une émotion est difficile à mesurer. Et pourtant, les émotions constituent notre carburant de bonne santé. Elles nous indiquent les limites, elles balisent notre chemin.

Ah oui, le chemin bien sûr… mais où est-il ce chemin ? Bonne question ! Là où vous avez campé vos valeurs personnelles.

Pensez à repérer ce qui est important, très important, moins important… Les jeux violents par rapport à la drogue ? La drogue par rapport au vol ? Construisez ensemble votre hiérarchie…

3) Savez-vous que les Tables de la Loi, Moïse est allé les chercher dans le désert directement chez Dieu lui-même ! Eh bien malgré tout, pendant ce temps, le peuple a détourné son attention vers d’autres dieux… Alors, relativisez ! Ce que vous avez prononcé une fois s’est certainement volatilisé gaiement. Vous rêvez que votre ado, devenu plus mûr et plus raisonnable, va vous suivre les yeux fermés sur les routes toutes tracées que vous damez pour lui. C’est beau…

Oui, c’est beau, mais bien peu réaliste.

Redescendez sur Terre et impliquez-le dans sa propre histoire. S’il obéit courageusement, sachez le reconnaître et le féliciter. S’il désobéit courageusement, ne vous encombrez pas de scrupules. Appliquez ce qui a été décidé entre vous au préalable. Après tout, dans la vie, le policier n’hésite pas à vous supprimer des points de permis si votre conduite laisse à désirer !

indecision_2On résume quelques idées ?

Décidez du choix. Repérez les valeurs les plus importantes dans votre vie. Celles que vous souhaitez transmettre. Celles qui vous font vibrer, pour lesquelles vous êtes prêts à batailler, celles que vous défendez comme des évidences.

Décidez d’une hiérarchie dans ces valeurs. En ce qui me concerne, j’avais sélectionné :

-  ce qui nuisait à la santé : interdit (ex : fumer, se droguer, faire de la moto…)

-  ce qui nuisait aux autres : interdit (ex : se battre, agresser…)

-  ce qui était contraire à la Loi : interdit (ex : taguer sur les murs…)

-  ce qui me dérange : négociable (ex: le fouillis, mauvaises notes, politesse…)

-  ce qui dérange les autres : négociable avec eux (ex : tourmenter le chat…)

-  et tout le reste : sans trop d’importance… (ex : retards, oublis, humeurs…)

En somme, rien de plus ni de moins que ce qui est acceptable selon le « bon sens » ! Bien sûr que mes ados ont transgressé, mais surtout sur ce qui me dérangeait, pour voir… Comme les négociations suivaient et que j’appliquais les conclusions tirées en commun, ils ne se risquaient pas au-delà…

Bien trop inconfortable : les ados ne sont pas des kamikazes !

Décidez d’animer des conseils de famille. Annoncez ce que vous attendez lors de moments privilégiés, selon l’importance que vous attachez à la chose. Une réunion de conseil de famille, un simple tête-à-tête, un silence prononcé, une riposte immédiate.

Dans tous les cas, ne laissez pas une situation gênante sans commentaires en pensant que l’oubli va colmater les dommages. La fêlure d’un os, mal soignée, peut vous handicaper toute une vie !

Une dernière chose très importante : vos enfants vous aiment quoi que vous fassiez, c’est ainsi ! Plus vous êtes fermes, plus ils ronchonnent, mais plus ils sont rassurés, c’est ainsi !

Ils vous embêtent pour vous consolider là où ils perçoivent vos faiblesses, c’est ainsi !

Reconnaissez vos points faibles et demandez-leur de l’aide, ils en sont capables et vous serez forts ensemble, c’est ainsi !


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