Albert Camus: Littérature et politique de Jean Yves Guerin

Publié le 26 juillet 2013 par Jpryf1
Albert Camus : Littérature et politique de Jean Yves Guérin vient de paraître aux éditions Champion Classiques et je viens d’en terminer la lecture. Pour dire le vrai je n’y ai rien appris de nouveau mais cela m’a confirmé dans l’idée que Camus est un de ceux qui a le mieux vu les problèmes de son siècle et ses analyses sont encore d’actualité. Il a, en effet, été très critique contre les idéologies du Xx° siècle et notamment contre le communisme dont il a vu les dérives alors que tant d’intellectuels se sont gravement fourvoyés. Mais ce qu’il dit  des idéologies de l’époque peut être repris aujourd’hui contre les idéologies liberticide et mortifère du moment je pense bien sûr à l’islamisme politique, ce cancer de notre époque.Camus s’est toujours intéressé de très prés à la politique et il a beaucoup appris en étant journaliste, un journaliste honnête, sachant écrire et qui tire les leçons de ce qu’il constate. A travers les faits divers et les affaires judiciaires il comprend la politique. On se souviendra de ces articles qui ont fait date sur la »Misère en Kabylie » et dont j’ai longuement parlé dans mon livre : « Albert camus et les Algériens ».Camus est aussi confronté avec les horreurs de son temps le nazisme, les camps, l’épuration mais également les camps soviétiques qu’il est assez seul à condamner avec force.Il y a dans tous ses écrits, journalistiques mais aussi de fiction une analyse et une condamnation des idéologies totalitaires. C’est ainsi que la Peste est un roman, pour l’essentiel, sur le totalitarisme et sur qu’il faut faire pour le combattre.
Par petites touches dans la Peste, Caligula, l’Etat de siège, les Justes il cerne la question du totalitarisme qui a été le cancer du XX° siècle mais qui  renaît aujourd’hui sous une autre forme : l’islamisme.On lira avec intérêt les pages 181 à 185 ou l’auteur fait l’analyse de la démarche de Camus. Camus montre notamment que « A mesure que l’idéologie se systématise, les inhibiteurs éthiques et culturels cèdent. Camus pose un lien entre l’esprit d’orthodoxie et l’Etat totalitaire. D’où la féconde notion de « théocraties totalitaires » et à un moment il parle de manière significative, a propos du nazisme qui est le régime de « la destruction des âmes » Peut on mieux dire ? Et est-ce que cela ne vous rappelle pas quelque chose de très actuel ?
Et dans le fond sa pensée profonde qui montre la difficulté de la question est contenue dans cette phrase essentielle : « « Si l'homme échoue à concilier la justice et la liberté, alors il échoue à tout. » Voilà qui nous donne une grille de lecture des politiques.Il y a donc beaucoup a apprendre de camus et il permet une réflexion sur des questions qui sont, malheureusement, encore d’actualité.
Je n’évoque pas ici les pages captivantes aussi concernant les rapports de Camus avec l’Algérie sur le plan politique ni  son rôle pendant la guerre.