Troisième aparté de la série cette fois-ci centré sur le personnage de Killer Croc, (les deux précédentes interludes correspondaient au second Batwoman #0, et à celui consacré à Maggie Sawyer), JH Williams III et W. Haden Blackman s’offrent cette fois-ci les talents de Francesco Francavilla pour illustrer les états d’âme d’un personnage les plus populaires du bestiaire de l’univers de Batman, mais dont au final nous ne connaissons pas grand chose.
Laissé quasiment pour mort suite à la défaite de Medusa dans l’arc précédent (mais non je ne vous spoile rien, Batwoman elle finit toujours par gagner, non mais), alors qu’il s’était transformé en monstre gigantesque et légendaire, et détruisant ainsi une bonne partie de Gotham (je me suis même demandé à l’époque dans quel état on allait le retrouver au final, le pauvre), Waylon Jones ne doit son salut qu’aux membres du culte de la Religion du Crime, dont le leader Kyle Abbot, soutien émérite pour notre héroïne n’a pas survécu.
C’est dans les égouts que Killer Croc sera soigné et trouvera le réconfort dont il a besoin dans les bras de Claire, une métamorphe reptilienne qui va panser ses blessures physiques et bien plus encore, car oui Messieurs Dames, même une créature aussi monstrueuse et sanguinaire que Croc a besoin d’un peu de répit, et c’est bien là que réside tout le génie de ce numéro : il reste bien un homme derrière toutes ces écailles.
Alors qu’il est persuadé de ne pas être maître de son propre destin, ses nouveaux compagnons lui proposent pourtant de devenir leur nouveau leader, mais il devra en échange tuer Batwoman qu’ils jugent responsable de la mort d’Abbot.
Intégralement dirigé du point de vue de Jones, on découvre ainsi dans ce numéro l’homme derrière l’animal, ses pensées en disent long sur sa condition de créature rejetée par le commun des mortels, et trahissent constamment l’image froide et ultra-violente que l’on connaissait du personnage jusqu’à maintenant.
Grâce au duo de scénaristes, nous arrivons en effet le temps d’un seul numéro à apprendre sur lui ce qu’aucune autre histoire n’était réellement parvenue à dévoiler depuis sa création par Gerry Conway et Don Newton en 1983. On assiste à une véritable réhabilitation du personnage, dont le background s’avère être tout aussi touchant et fascinant que n’importe quel autre villain du Bat-univers, Mr Freeze et Le Pingouin en tête.
Pour servir graphiquement au mieux cet épisode, Francavilla nous offre une composition très organique, avec des cases en forme d’écailles de reptile comme si cette histoire devait se lire à même la peau du "héros". Le dessinateur ne déroge donc pas au style Batwomanesque tout en imposant sa patte hautement reconnaissable, on le sent ici très à l’aise avec notre héros du jour et ses acolytes métamorphes, malheureusement moins avec les autres personnages (Batwoman, Maggie et Hawkfire) où certains détails manquent cruellement.
Ceci dit, cette page avec Maggie contemplant Gotham a su néanmoins faire mon bonheur, je n’ai pas de quoi me plaindre outre mesure, je préfère cela à une case fignolée par deux dessinateurs et qu’au final pas grand chose n’en ressorte, comme ce fut le cas parfois dans les précédents numéros.
Batwoman #21 est donc un numéro à ne pas rater, le jeu des interludes commençant à être régulier dans cette série, jusqu’à maintenant c’est un sans faute et on attend même le prochain avec beaucoup d’impatience, quitte à devoir pleurer quelques larmes de crocodile.