Magazine Société
Avec mon post sur Robert Filliou nous étions à la sortie de la guerre et avec deux maquisards FTP engagés très jeunes ( 17 ans ) dans le combat de
la résistance à l'ennemi allemand, au fascisme. Leurs adversaires étaient SS ou Wehrmacht, armée régulière qui s'est comportée avec atrocité et cruauté avec les maquisards, les populations
civiles... Troupes d'occupations odieuses, barbares en provenance d'une Allemagne pervertie qui s'est donnée entière par voix électorale au nazisme! J'étais il quelques jours sur les côtes de
la Manche où il est impossible d'éviter ces lèpres bétonnées, témoins du crime allemand, que sont les blockhaus. Ce n'est pas le fleuron de l'architecture allemande qui domne ces plages et
dunes... Chaque horizon est verrouillé par ces monstres. Nous avons hérité d'un dépotoir de guerre, d'une muraille de béton et de ferraille érigées par des prisonniers esclaves
pour protéger la démence du nazisme et maintenir la France dans un servage de 1000 ans comme le Reich promis aux fières populations aryennes. Je suis écœuré chaque fois que rencontre ces
blockhaus et le devoir de mémoire s'impose. Je suis écœuré que bien jamais l'Allemagne n'ai porté le moindre dédommagement pour la défiguration de nos côtes... Double peine pour nous victimes.
Sur la route du retour, à Neville-sur-Mer, il a y un éclair de lucidité et de mémoire. Un travail artistique promu par une association, Mémoires en couleurs, qui lutte pour la paix contre la
guerre. L'association a fait appel à un jeune artiste allemand, Ebbehard Mattheis, pour la réalisation d'une œuvre éphémère sur le site d'une batterie de blockhaus. Dans le silence des dunes
balayé par le vent marin le fait culturel, le geste pictural, vient grandir le droit de mémoire et pose silencieusement en couleurs la revendication ultime de vivre en paix et de refuser la
guerre. La place de la culture aux côtés de l'histoire prend ici sur ce site une importance primordiale qu'il faut toujours mettre en avant. Je m'étais auparavant recueilli sur le
site de la Pointe du Hoc tourmenté des traces des ravages d'une violence explosive pour nous libérer du joug allemand et ces blockhaus colorés non seulement explorent la douleur d'une
occupation, de feu et de sang mais encore nous procurent un vif espoir de permanence de la mémoire que souvent nous faisons vaciller, par abandon lâche, en la livrant à la lente érosion du
temps.