Vas-y Marcel
(Mais non c'est Benoît-voix off)
m'enfin! bref!
j'avions lu cette chose:
Benoît Hamon, le dernier ministre socialiste ?
"Dans les manuels d’Histoire de la prochaine décennie, peut-être Benoît Hamon aura-t-il sa notice biographique qui pourrait s’écrire ainsi : « Benoît Hamon, né le 26 juin 1967 à Saint-Renan (Finistère). Il fut successivement membre du cabinet de Martine Aubry, député européen, porte-parole du Parti socialiste, député de la XIè circonscription des Yvelines, puis nommé à partir du 16 mai 2012, ministre délégué à l'Économie sociale et solidaire auprès de Pierre Moscovici . Hamon fut aussi un animateur de la gauche du PS : tout jeune, il cofonda la Nouvelle Gauche en 1993, puis le NPS, des courants aussi fondamentaux que minoritaires… Il resta dans l’Histoire comme le dernier responsable du PS à faire voter par le Parlement une véritable mesure socialiste, avec la loi qui porte son nom, réformant le statut des coopératives en France. … »
Loin de nous l’idée d’écrire une nécrologie avant l’heure. Benoît Hamon est bien vivant, autant du point de vue personnel que politique. Preuve de sa bonne santé, il présente le 24 juillet devant le conseil des ministres un projet de loi sur l'économie sociale et solidaire.
Bien entendu, cette loi permettra de faire un peu de ménage dans ce bric-à-brac que sont les 200 000 entreprises à statut coopératif (associations, mutuelles, coopératives), qui concilient activité économique et utilité sociale, en donnant la primauté aux personnes sur la recherche de profits. Elles représentent aujourd'hui 10% du Produit intérieur brut (PIB) de la France et 10% des emplois, soit 2,35 millions de salariés. Mais dans l’esprit du ministre, il s’agit de bien plus que cela : démontrer qu’il existe une alternative au capitalisme, la production coopérative, dans laquelle le pouvoir est déconnecté du capital et est réglé sur le mode de la démocratie et le principe, un travailleur, une voie. Il renoue donc avec l’utopie française des coopératives, qui fut un puissant mouvement émancipateur au XIXè siècle, avant que les marxistes ne les balayent et que le « socialisme réel » promeuve les nationalisations comme alpha et oméga de la propriété sociale.
On le voit, Benoît Hamon n’a pas jeté à la rivière toutes ses envies de « changer la vie » radicalement, à la différence d’une bonne part des collègues du gouvernement. Son projet est le seul et unique texte de cette nature présenté depuis le début de la législature. Tous les autres pouvant s’apparenter à des réformes certes utiles mais sans visée révolutionnaire. Le Patronat ne s’y est pas trompé : alors qu’il était rentré dans la logique de l’accord national interprofessionnel sur l’emploi (ANI) qui réformait les pratiques des accords sociaux, il a décidé de tirer au canon sur le projet Hamon, au motif qu’il accorde aux salariés des PME un droit à être informé d’un projet de cession de leur entreprise deux mois à l’avance, de façon à leur permettre de proposer à leur tout une offre de rachat.
Pour les patrons, il paraît qu’il s’agit là d’une tracasserie supplémentaire et que l’intervention des salariés pourrait perturber l’entreprise ! De fait, en insistant sur le caractère quiritaire de la propriété dans les entreprises, le Medef a décidé de renforcer l’aspect idéologique de l’affrontement. D’un côté le droit d’user et d’abuser d’une entreprise comme d’une chose, et de l’autre celui du collectif de travail à assumer la production…
Des affrontements de ce type sont de plus en plus rares. Et on peut, hélas, craindre que la loi sur l’Economie sociale soit la dernière du genre. Et que Benoît Hamon soit alors le dernier ministre vraiment socialiste."
-Hervé Nathan- dans MARIANNE