L’apprentissage de la langue reposait principalement jusqu’à cette étude, sur les principes successifs de l’intégration des sons des mots entendus et de leur répétition, mais les mécanismes neuronaux sous-jacents à cet apprentissage restaient flous.
Ces chercheurs du King’s College, du Bellvitge Biomedical Research Institute (IDIBELL) et de l’Université de Barcelone sont parvenus à retracer les voies neuronales impliquées dans l’apprentissage des mots chez les humains. Ils montrent qu’un faisceau de fibres nerveuses reliant les régions de l’ouïe situées au lobe temporal à la zone du moteur située au niveau du lobe frontal de l’hémisphère gauche du cerveau, permet cette connexion entre le son et la prononciation. Cette découverte explique aussi pourquoi une déficience de développement dans ces zones cérébrales entraine des incapacités d’apprentissage du langage.
Un faisceau nerveux connecte le mouvement et l’audition : L’étude a porté sur 27 participants en bonne santé mis en situation de tâche d’apprentissage et sous IRM fonctionnelle, afin d’identifier les régions du cerveau activées durant la tâche. Les chercheurs identifient alors la forte association entre la capacité de se souvenir des mots et la structure du faisceau arqué, qui relie les 2 zones du cerveau, l’une liée au décodage auditif, l’autre à la coordination motrice associée à la parole. Plus ce faisceau arqué s’active, plus l’activité des 2 régions est coordonnée et plus l’apprentissage est rapide.
L’identification de ce mécanisme spécifique à l’Homme, explique la capacité humaine unique d’apprentissage des langues mais pourrait aussi contribuer à la détection précoce des troubles du langage comme la dyslexie, ou permettre d’expliquer certaines formes de troubles autistiques ou de schizophrénie. Elle soulève aussi une préoccupation pour les enfants d’aujourd’hui : Alors que la capacité à apprendre de nouveaux mots est basée sur une communication efficace entre les zones du cerveau qui contrôlent le mouvement et l’audition, nos enfants risquent d’avoir moins de vocabulaire alors qu’une grande partie de leurs interactions se fait via l’écran, le texte et le sms plutôt qu’à l’oral.
Source: PNAS doi: 10.1073/pnas.1301696110 PNAS July 24, 2013 Word learning is mediated by the left arcuate fasciculus (Visuel Fotolia)
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