Après vous avoir présenté les All Blacks Sevens dans une première partie, vous avez pu découvrir le palmarès des Fidjiens lors des précédents World Games (la compétition internationale regroupant les disciplines non disputées aux Jeux Olympiques). Les îles Fidji ont remporté les trois dernières éditions et sont favoris pour la prochaine qui aura lieu cet été à Cali en Colombie. Alors qui sont-ils alors ces glorieux anciens ? Pour reprendre d’abord ceux cités par Gordon Tietjens qui leur témoigne « un immense respect »
Waisale Serevi, le plus grand joueur de l'histoire du Rugby à VII (Ici à Hong Kong en 2007)
Waisale Serevi (1968): le joueur qui faisait lever les foules, celui par qui la magie arrivait. Doué d’un talent exceptionnel, avec les qualités naturelles de vitesse et d’agilité de tout bon arrière fidjien, il assurait le spectacle sur le terrain avec ses gestes inspirés, ses pas de l’oie, ses crochets chaloupés, ses passes improbables d’une main ou dans le dos, ses petits coups de pieds par dessus. Toute la panoplie y passait. Il butait également, et il demeure encore le meilleur marqueur de l’histoire des Fidji.
Bob Dwyer l’entraîneur australien de Leicester, confiant, le fit passer à XV mais ses lacunes le poussèrent à quitter le club après une seule saison pour débarquer au Stade Montois. Il y resta quelques saisons avant de finir par une saison au Stade Bordelais, une à Staines (club londonien), et de prendre finalement sa retraite. Il n’était pas vraiment fait pour le XV, tant pis, tant il était éblouissant à VII où sa vista pouvait s’exprimer.
Quelques images de Waisale Serevi dans ses œuvres :
Marika Vunibaka (1974): Le joueur de VII le plus rapide selon G. Tietjens, qui en a vu quand même passer quelques uns. Il a joué 3 Coupe du monde faisant preuve d’une grande longévité au haut niveau, il en a remporté 2 en 1997 et 2005, et a été meilleur marqueur de l’édition 1997. Il réussit, lui, son passage au XV en marquant 35 essais en 50 matchs pour les Crusaders. Il en marqua aussi 8 en 17 sélections avec les Fijdi, participant notamment aux Coupes du Monde 1999 et 2003. C’était un vrai finisseur, avec la balle et un peu d’espace, personne ne le revoyait avant d’aplatir.
Marika Vunibaka était aussi semble t'il boxeur à ses heures perdues comme le montre cette photo face à Eric Rush
A ces deux là nous pouvons ajouter :
William Ryder (1982) : joueur le plus connu de l’ère récente, il a beaucoup en commun avec Serevi, aussi bien dans le style que dans la trajectoire. Légende du 7, joueur spectaculaire, il échoua aussi lors de son passage à XV au Stade Montois (il jouait précédemment au Japon) à tel point qu’on se demande encore du côté de Mont-de-Marsan si ce n’était pas un cousin qui a signé. Il était lui aussi taillé pour le VII et les grands espaces, son style exubérant n’étant pas adapté à la rigueur du XV. Son fameux crochet sur un pas de l’oie était un modèle du genre, pouvant déstabiliser n’importe quel adversaire en un contre un. W. Ryder était un artiste au jeu de jambes déstabilisant. Il est le 2e meilleur marqueur de l’histoire pour les Fidji.
Sireli Bobo (1976): celui qui a tiré sa révérence dans notre championnat (il jouait au Racing Metro 92) cette année pour s’engager au Japon (jusqu’à ses 42 ans !) a étonnamment eu un peu de mal à percer à XV. Il peut remercier le VII qui lui a offert une sacré carte de visite. Débutant en 1998 avec les Fijdi, il signa ensuite au Portugal avant de jouer en Espagne. De retour à VII en 2002 et devenant même capitaine en 2003, il marqua notamment 22 essais en 3 tournois. A partir de là, tout s’enchaîna, la NPC (ITM Cup) avec Wellington, le Super Rugby avec les Hurricanes, la sélection fidjienne à XV, et la signature à Parme en Italie où le Biarritz Olympique vînt le chercher avec la réussite qu’on connaît.
Vilimoni Delasau (1977): son passage à VII fut court mais mémorable, car il réussit l’exploit d’inscrire 82 essais lors de la seule saison 1999, et il tient toujours les records de 16 essais en un seul tournoi, 6 en un seul match. Il fut une comète sur le circuit, tant sur le terrain que par la brièveté de sa carrière à VII. Ses performances lui permirent en effet de décrocher un contrat au Japon, avant de jouer chez les Crusaders et les Highlanders, puis de venir faire admirer sa magie en France à Clermont, Montauban et Toulouse. N’oublions pas non plus ses performances en sélection comme à la Coupe du Monde en 2007, notamment contre l’Afrique du Sud et le Pays de Galles.
Bobo, Caucaunibuca et Delasau, trois des plus grands ailiers Fidjiens aussi bien à XV qu'à VII
Rupeni Caucaunibuca (1980): il fut aussi rapidement happé par le XV, après avoir inscrit aussi des essais à la douzaine lors des tournois en 2001. Cela lui permis de se faire rapidement repérer par Northland, puis les Blues. C’était alors la grande époque de Caucau, peut-être le meilleur ailier jamais vu avec Lomu, et cela semble loin. La suite fut plus compliquée, faite de hauts et de bas même si son talent ne s’est jamais évanoui. Pour ceux en revanche qui ne le sauraient pas, Rups (33 ans ; 7 sélections) fait partie de la liste des joueurs des Northland Taniwha retenus pour disputer la prochaine ITM Cup, championnat des provinces néo-zélandaises. Il sera accompagné de l’ailier des All Blacks, René Ranger (26 ans ; 6 sélections), futur élément de Montpellier. Après avoir apparemment perdu 15kgs, ce retour en Nouvelle Zélande a pour but de décrocher un futur contrat en Europe!
Viliame Satala (1972): Son surnom ? La civière (The Stretcher). Ça vous pose le bonhomme. Connu pour ses plaquages dévastateurs, sa capacité à aplatir ses adversaires sur ses percussions, Satala plaisait à ceux qui aiment l’odeur d’un hôpital au petit matin. Véritable terreur des terrains, ce n’était pas une simple brute mais un véritable guerrier et un joueur doué. Ceux qui l’ont connu lors de son passage à Mont-de-Marsan pourront sans doute en témoigner. Auréolé de plusieurs titres à VII où il jouait devant, il était performant en n°13 dans le jeu à XV. Il connut 29 sélections avec les Fidji pour 16 essais, ce qui constitue un fort beau ratio.
Semisi Naevo (1976): je vous présente maintenant « l’Ours des montagnes » comme était appelé ce gros mangeur à la carrure sympathique (1m97, 115 kgs). Solide au plaquage et bon dans les airs, Naevo était surtout connu pour sa vitesse surprenante malgré son gabarit. Prototype parfait d’un avant taillé pour cette équipe des Fidji, il était capable d’apporter la dimension physique nécessaire dans le combat comme de participer au jeu de mouvement.
Nasoni Roko (1979): reconnaissable à sa relative petite taille (1m78) et d’autant plus lorsqu’il portait ses dreadlocks, il se distinguait aussi grâce à son style exploitant au mieux son centre de gravité bas avec des crochets vifs et des accélérations foudroyantes. Bon buteur, il a inscrit de nombreux points pour les Fidjiens. Il est le 3e meilleur marqueur en W7S derrière Serevi et Ryder.
Jone Daunivucu (1977): nouveau joueur de l’US Romans-Péage en Isère après de belles années à Grenoble qui l’avait recruté à Tarbes, il ne faut pas oublier que Jone Daunivucu fut le capitaine des Fidjiens qui remportèrent la Coupe du Monde en 2005 et les W7S 2005-2006. Son sang froid et sa capacité à lire le jeu apportait de la sérénité dans le jeu fidjien, permettant à ses partenaires d’exprimer au mieux leur créativité.
Enfin, Jope Tuikabe (1966) le doyen fut un avant au solide gabarit (1m92 102 kgs) qui joua pour l’équipe à VII de 1995 à 2000. Il avait été sélectionné dès 1992 pour jouer à XV, mais étant engagé dans l’armée il dut servir au Moyen-Orient pour des opérations de maintien de la paix pendant plusieurs années. De retour au pays, il choisit le VII pendant 5 ans avant de se tourner vers le XV pour ces dernières années où il occupait le poste de n°8. Cela ne l’empêcha pas de disputer encore quelques matchs à VII, dont un certain Fidji 5-0 Nouvelle-Zélande en Argentine en 2002 où il inscrivit l’unique essai du match.
Pourraient aussi être cités parmi d’autres: Manasa Bari (1974) la « perle noire », Norman Ligairi (1976) passé par Brive et La Rochelle, Timoci Matanavou (1984) le Toulousain et ex-Montois (décidément !), Lepani Nabuliwaqa (1980) ailier de poche, Saula Rabaka (1980) recordman de poins en un match (32) qui joue encore à XV aux Fidji et enfin Temesia Kaumaia (1977-2006) décédé tragiquement à 28 ans après avoir été bousculé par un videur.
Encore un peu de Serevi pour terminer!