Depuis le 13 juillet 2013, du jeudi au
samedi, à 20h, et le dimanche à 19h, se donne au Teatro
de la Ribera un spectacle conçu comme un hommage à la
milonga et aux danseurs de tango qui le pratiquent pour le plaisir,
pour la rencontre, pour la convivialité.
C'est le travail conjoint d'une
chorégraphe, Agustina Videla, et d'une photographe, Nora
Lezano, collaboratrice de la rédaction de Página/12.
Quatorze artistes sur scène, avec les plus grands classiques
du tango dansé en bande-son pour une soirée de
soixante-dix minutes environ, au Teatro de la Ribera, tout à
côté du Museo de Bellas Artes de la Boca Quinquela
Martín, sur le port de la Boca (Pedro de Mendoza 1821), le
théâtre public que le Gouvernement Portègne a
depuis quelques années consacré, à ce qu'il dit,
au tango (dans la réalité, on demande à voir !).
Le spectacle a fait l'objet d'une
importante couverture de presse, que l'on peut consulter
intégralement sur le site du spectacle (où l'on peut
aussi directement acheter ses places, avec un envoi vers le système
de réservation du théâtre), avec des
extraits-vidéos et des photos de la première.
Le spectacle se fait autour d'un fil
narratif, toujours le même : un homme connaît une certaine évolution personnelle, en se
découvrant lui-même, grâce à son expérience
du tango, l'écoute de l'autre, la découverte de
la femme danseuse, etc... Rien de bien original en soi, c'est le
traitement auquel cette idée donne lieu qui fait la différence
avec les spectacles de Tango for Export (tango pour les gogos
étrangers) qui viennent faire des tournées régulières
en Europe et qui sont essentiellement constitués de prouesses
techniques et de costumes invraisemblables.
Voici la présentation officielle
publiée par les deux créatrices :
SOCIAL TANGO
La transformación de un hombre a
partir de su descubrimiento del tango es el punto de partida de este
espectáculo que tiene a Buenos Aires y sus milongas como
escenario.
Danza, actuación, video y
fotografía se integran para rescatar los movimientos más
genuinos del tango social como el abrazo, la caminata y las figuras a
tierra, pero con la plasticidad y el concepto de grupo
característicos de la danza contemporánea.
Social Tango invita al espectador
a vincularse con una música y una danza que le pertenecen, que
le son propios. Pero pretende observar ese universo desde el
presente, desde nuestra contemporaneidad. E intenta ser, además,
un homenaje a todos esos milongueros anónimos, los
“desconocidos del tango” que lo bailan todos los días.
Agustina Videla y Nora Lezano
Tango de loisir
La transformation d'un homme à
partir de sa découverte du tango, tel est le point de départ
de ce spectacle qui a pour décor Buenos Aires et ses milongas.
Danse, jeu théâtral, vidéo
et photographie se mélange pour souligner les mouvements les
plus authentiques du tango de loisir comme l'abrazo, la caminata (1)
et les figures au sol mais avec la plastique et la notion de groupe
qui caractérisent la danse contemporaine.
Social Tango invite les spectateurs à
entrer en contact avec une musique et une danse qui leur
appartiennent, qui sont leur patrimoine (2). Mais il entend observer
cet univers depuis le temps présent, depuis notre
contemporanéité. Et il chercher à être,
en outre, un hommage à tous ces danseurs anonymes, les
inconnus du tango qui dansent au jour le jour.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Entrée : de 30 à 45 $ (ce
n'est vraiment pas cher), sauf le jeudi, qui est le jour du tarif
réduit (día popular), où les places s'emportent
à 25 $, à l'orchestre comme au balcon.
Quelques extraits de l'interview sortie
ce matin sur Página/12 :
“La milonga es un lugar para
compartir; ahí se vive el tango [...] Es un espacio atemporal,
donde se encuentran personas de culturas y generaciones distintas.
Como muestran las fotografías [...], un chico de 18 años
y un hombre de 80 se encuentran en el mismo lugar un sábado a
la noche. No importa si sos feo, lindo o flaco, de dónde
venís, ni cómo estás vestido, lo único
que importa es cómo bailás.”
Agustina Videla, in Página/12
La milonga est un lieu où on
partage, c'est là que l'on vit le tango [...] C'est un espace
atemporel, où se rencontrent des personnes de différentes
cultures et d'âges différents. Comme le montrent les
photos [...] un jeune de 18 ans et un homme de 80 se rencontrent au
même endroit le samedi soir. Qu'importe que tu sois laid, beau
ou pas costaud, d'où tu viens, comment tu es habillé,
tout ce qui compte c'est la manière dont tu danses. (3)
(Traduction Denise Anne Clavilier)
“El tango permite un lugar de
expresión creativa muy fuerte que te permite producir un hecho
artístico. La posibilidad de improvisar que tiene es muy
compleja; es una danza muy rica, que además te conecta con un
otro. Es un triángulo poderoso el que surge de la relación
entre la música, ese otro y la creatividad, y la gente se
transforma con eso. Es movilizador el hecho de abrazarte con alguien
desconocido y compartir cosas emocionalmente fuertes con una persona
que no sabés ni cómo se llama.”
Página/12
"Le tango offre un lieu
d'expression créative très fort qui te permet de
produire quelque chose d'artistique. La possibilité
d'improviser du tango est très complexe, c'est une danse très
riche qui en outre te lie avec quelqu'un d'autre. C'est un triangle
puissant qui surgit de la relation entre la musique, l'autre et la
créativité et les gens se transforment avec ça.
C'est mobilisateur le fait d'étreindre quelqu'un d'inconnu et
de partager ces choses émotionnellement fortes avec une
personne dont tu ne sais même pas comme elle s'appelle."
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12
Visiter le site Internet du théâtre
Visiter le site Internet du spectacle.
(1) Je ne traduis pas les termes
techniques. Les danseurs les connaissent dans le texte et aux
non-danseurs, même une traduction ne dirait pas grand-chose.
(2) Le spectacle a été
pensé pour les Argentins, pas pour les touristes. C'est un
très très très bon point ! Allez-y !
(3) Cette vision est de moins en moins
conforme à la réalité dans les milongas du
centre de Buenos Aires, de plus en plus gagnées par l'esprit
de compétition et de discourtoisie qui existe dans les
milongas des grandes villes d'Europe et d'Amérique du Nord,
car le nombre de touristes qui les fréquentent est très
important. Il faut maintenant se déporter dans les quartiers
périphériques de l'ouest portègne et quelques
milongas alternatives pour trouver ce climat cordial et accueillant.