25 juillet 2013
Voilà un livre qui s’inscrit comme l’un des plus gros tirages de l’année dernière, tout à tour salué comme un chef-d’œuvre ou comme une mystification, un pastiche de la littérature américaine contemporaine bâti à coup de marketing mais couvert de prix littéraires – dont celui de l’Académie Française … et dont l’auteur est un jeune écrivain suisse de 27 ans, qui en est à son deuxième roman.
Alors, je le confesse, après avoir tourné la dernière page, je suis restée un bon moment sonnée, abasourdie par un tel talent, le style, la construction d’intrigue, la description des personnages foisonnants et pourtant si bien campés, les rebondissements incessants qui tiennent le lecteur perpétuellement en haleine selon la grande tradition du thriller américain où, tour à tour, les protagonistes les moins soupçonnables deviennent suspects.
On y retrouve plein de références, bien entendu. Les événements relatés par le narrateur – justement un jeune écrivain en panne d’inspiration pour son deuxième roman et qui vient trouver conseil auprès de son ancien maître - se déroulent à l’été 2008. Harry Quebert, 67 ans, est un auteur installé, reconnu de toute l’Amérique, après un roman d’amour impossible intitulé « L’origine du mal » qui en a fait un homme célèbre. Il vit dans une petite ville du New Hampshire, a enseigné l’art d’écrire dans une petite université locale où il pratique la boxe. Cela ne vous rappelle-t-il pas quelqu’un (même si on ne fait allusion ni aux ours, ni à Vienne ?). Cet auteur adulé est soudain impliqué dans une sordide affaire d’enlèvement puis de meurtre sur une jeune fille adorable de quinze ans survenue en 1975, Nola. Là aussi, on pense immédiatement à une autre affaire, celle d’un réalisateur Franco-Polonais… Ajoutons que le narrateur est affublé d’une mère juive absolument désopilante et que l’avocat d’Harry Quebert s’appelle Roth …
Donc, Marcus Goldman, le jeune écrivain, s’attache à disculper son mentor de cette accusation infamante et reprend toute les investigations trente-trois ans après les faits, avec l’aide du sympathique sergent Perry Gahalowood. Tout le monde se souvient de la disparition de Nola, tout le monde était peu ou prou amoureux d’elle, chacun détient une bribe d’explication … Mais tout le talent de l’auteur est de nous égarer au milieu de cette Amérique tellement conforme à l’image que nous en recevons soir après soir à travers les séries télévisées … Le livre est construit selon le principe des poupées russes : il y a le roman de l’écriture d’un roman à propos d’un écrivain qu’un autre roman a rendu célèbre …mais qui, en réalité, à élaboré ce premier manuscrit retrouvé dans un sac de cuir passé autour du coup de la jeune Nola, enterrée sous les hortensias bleus de la propriété de Goose Cove ? Il faudra remonter aux origines du mal pour éclaircir le mystère, et qu’éclate enfin la vérité …
Existe aussi en format poche ... car dès qu'on commence cette lecture, on ne peut plus la lâcher ....
La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert, roman de Joël Dicker, aux Editions de Fallois / L’Âge d’homme, 660 p.,22€