Ce qu'il savaient toutefois c'est que les deux avaient beaucoup bu. Et qu'ils dormiraient dans cette chambre ensemble, ce soir, car ils aimaient mourir dans les bras l'un de l'autre.
Décidée à le torturer davantage, et saoûle comme il était pratiquement interdit de l'être, Anaïs avait soutiré un 100 dollars à Alexis plus tôt au bar et était monté à la chambre pour déchirer en dizaines de petits morceaux le 100 dollars brun sur le visage, bientôt rouge de rage, d'Alexis étendu sur le lit.
"Tu vois bien que l'argent ne m'intéresse pas, Alex" dit-elle, joueuse et inconsciente de la colère qu'elle générait chez... son chum? son ex?...son coussin de fin de soirée? Anaïs, ivre et frivole, n'était plus certaine de rien.
Ne voulant pas lever la main sur elle, Alexis décompressa sa rage en déchirant la tapisserie old fashion de la chambre. Mur après mur. En grognant des mots qui n'étaient même pas de la langue française. Des mots d'aucune langue. Des mots de droogies. Complètement investi de sa tâche, Alexis avait perdu de vue Anaïs et en se retournant, il découvrît qu'Anaïs n'y était plus. Était-elle sortie? Si tel était le cas, elle s'était changée car le linge qu'elle portait tout juste il y a un instant gisait maintenant au sol. Elle s'était changée drôlement rapidement. Ou Alexis avait lui aussi perdu la notion du temps. Pour toute réponse à ses interrogations, Alexis avait saisi une bouteille de vodka et projetait de la finir au goulot. Straight. Écrasé dans un divan. Les yeux livides. Après deux ou trois minutes, seul, Alexis se leva et quitta la chambre.
Dans le corridor de l'hôtel, un détrousseur de chambre nota qu'un fort éméché Alexis quittait la chambre sans refermer la porte comme il se doit. Cet homme se faufila dans la chambre à son insu.
À l'intérieur de cette chambre, dans un coffre, s'était endormie, nue, Anaïs. En entendant le bruit que faisait l'inconnu dans la pièce, elle se réveilla et se rappela qu'elle voulait surprendre Alexis. Elle émergea du coffre, les deux bras dans les airs, se dévoilant dans toute sa nudité telle une jeune fille sortie d'un gâteau pour une armée de célibataires, face à...
...un inconnu.
Parce que saoûle, Anaïs prit quelques seconde avant de réaliser que l'homme devant elle était un inconnu. Aussitôt fait, elle échappa un petit cri et se recroquevilla en petite boule dans le coffre, couvrant sa nudité.
"Personne...c'est...c'est peut-être pas hyper hygiénique de s'assoeir nue dans un vieux coffre du genre comme ça..." dit Personne saisi d'un excès de bienveillance.
Confuse, Anaïs fit un sourire, les bras en croix sur sa poitrine.
L'inconnu pensa une fraction de seconde que la chambre avait été baptisée Mona Lisa pour ce moment, que ce moment et cette fille nue étaient tous calculés et faisaient partie du programme de la chambre à coucher.
Il n'avait rien volé encore
Il referma le coffre sur Anaïs nue, le cadenassa, le souleva difficilement et quitta les lieux.
Il pensait trouver un peu d'argent, un Iphone, des pacotilles.
Il ramènerait un trésor.
C'était soudainement la plus belle journée de sa vie.