Longtemps annoncée sans pour autant voir le jour, l’interdiction des sachets plastiques devenait, au fil du temps, comme une nébuleuse dans l’imaginaire collectif des populations. Ce qui les autorisait à douter de la volonté réelle du gouvernement à prendre des mesures idoines pour mettre fin à ce fléau. Heureusement, le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Salif Ouédraogo, vient de redonner l’espoir à tous ceux qui militent pour le bannissement de cet objet très nocif pour l’environnement. « Il est impératif de prendre des mesures pour endiguer le phénomène. C’est pourquoi nous analysons actuellement l’option d’interdire une catégorie de sachets et emballages en plastique, notamment les sachets en polyéthylène souple à faible densité qui sont fortement impliqués dans la pollution de notre environnement », a affirmé le ministre Salif Ouédraogo lors du point de presse du gouvernement, du jeudi 11 juillet 2013.
A cet effet, il a précisé que son département compte introduire, dans les prochains jours, un avant-projet de loi visant l’interdiction de la production et de la commercialisation de ce produit. Il reconnaît, néanmoins, qu’il sera difficile d’arriver à l’élimination totale du plastique du quotidien des Burkinabè. C’est le cas des emballages des produits alimentaires, des produits de soins médicaux, des appareils électriques et électroniques, de même que des effets d’habillement et des matériaux de construction qui resteront toujours à traiter et à éliminer progressivement.
Apparu dans les années 70, le sachet plastique a envahi les villes et campagnes du Burkina Faso. Pas un mètre carré sans un sachet plastique. Importé ou produit sur place par des sociétés, le sachet plastique nécessite une matière première non renouvelable (produit pétrolier), beaucoup d’eau, d’électricité et génère des émissions polluantes. Sa durée de vie utile est d’environ une trentaine de minutes, à la sortie des caisses, mais il met plus de 400 ans à se décomposer !
Une étude réalisée dans le cadre du troisième projet urbain, montre que la ville de Ouagadougou produit plus de 3 tonnes de déchets plastiques par jour (représentant environ 6% en volume des déchets solides produits par jour). Le sachet plastique présente de nombreux inconvénients pour la nature et pour la santé humaine et
animale.
A titre d’exemples, citons, entre autres, le spectacle des sachets plastiques multicolores dispersés çà et là, décorant tristement les arbres, les chaussées dans les villes et villages. Les sachets plastiques favorisent également la stagnation des eaux, ainsi que la propagation de maladies hydriques (choléra, fièvre typhoïde, dysenterie, choléra, hépatites, poliomyélite, parasitoses intestinales, fièvre jaune) et surtout le paludisme. Par ailleurs, l’incinération de plastiques pose d’importants problèmes de pollution. En effet, lors de l’incinération, il se dégage des métaux lourds et de dioxine contenus dans l’air et les cendres solvants qui se déposent sur les plantes et le sol. Ces matériaux lourds et de dioxine entrent dans la chaîne alimentaire et vont s’accumuler dans l’organisme humain et des animaux. A de fortes concentrations par accumulation, ils entraînent un effet cancérogène chez l’homme, des actions négatives sur le système immunitaire et des effets néfastes sur la reproduction. Autant de dangers qui font que des pays ont déjà pris des mesures interdisant ou tendant à réduire l’utilisation des sachets plastiques.
Ainsi, l’Assemblée nationale française a voté, en octobre 2005, l’interdiction de la commercialisation des sacs plastiques non biodégradables à partir de 2010. En Afrique, des pays comme l’Afrique du Sud, la Tanzanie (depuis 2006), le Rwanda, le Gabon ont interdit l’utilisation des sacs en plastique. Le Kenya, l’Ethiopie, le Ghana ont introduit des règles limitatives. Cela prouve que l’on peut bien interdire cet objet aussi au Burkina.
Toutefois, il ne faut pas se leurrer, l’interdiction seule ne suffira pas à faire disparaître les sachets plastiques du quotidien des Burkinabè. Il faudra aller au-delà de cet acte politique pour mettre en place une véritable campagne de sensibilisation pour révolutionner les consciences en la matière. Il faut que chaque Burkinabè travaille à se passer de cet outil en utilisant ou en exigeant chez son commerçant, des sacs en tissu, en papier et en plastique biodégradables pour ses différents besoins. Cela y va de la survie de notre environnement et notre devoir de le préserver pour les générations futures.
Raphaël KAFANDO