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De la nécessaire éradication des contes et comptines pour enfants

Publié le 24 juillet 2013 par Artetmanieres @ArtetManieres

 Petit chaperon rouge

Je viens de décider de façon ferme et définitive que je cessais les traditionnelles lectures du soir dont je gratifiais généreusement ma progéniture afin de susciter chez elle un endormissement paisible propice à ma tranquillité. En effet, une récente étude menée par un scientifique de renom (moi – j’ai quand même eu un bac scientifique avec mention) auprès d’un échantillon représentatif de une personne (encore moi) a démontré que les contes et comptines constituent le pire ramassis d’allusions sexuelles, des cruautés et autres tortures psychologiques que la terre ait porté depuis Lucullus et ses parties fines dans la Rome antique.

Psychanalyse des contes de fesses

Jusqu’au début des années 1970, on pouvait, à loisir, abreuver nos chères têtes blondes de fées, de sorcières, de princes chevauchant la dague en bandoulière et de filles alanguies sur des lits attendant l’étreinte qui allait les réveiller sans trop se faire emmerder (Et oui, à l’époque on ne parlait pas de simulation. Le prince arrivait et hop, la dame était contente). Depuis, à cause de Bettelheim et de la greffe cérébro-pénienne dont il a fait l’objet par le dénommé Sterba, disciple de Freud résidant à Grosse-pointe (comme quoi, les choses sont bien faites), le voile a été levé sur les motivations profondes des contes et surtout sur le fait que, quand les adultes racontent des histoires, fussent-elles pour enfants, ils ne peuvent pas s’empêcher d’y coller du sexe. Le petit chaperon rouge aurait donc vécu ses premiers émois d’adolescente avec le grand méchant loup qui tire la chevillette pour lui ouvrir la bobinette. Blanche-Neige, pionnière du concept de sex-friend, se retrouve en colocation avec sept nains comme dans une vidéo amateur tournée clandestinement sur le Fort-Boyard avec les participations actives de Passe-Partout, Passe-Temps et Passe-Muraille s’empilant sur Felindra sous le regard attendri du Père Fouras. Le père de Peau d’âne décide lui que, finalement, l’inceste est un tabou hyper culturel fruit de notre vilaine éducation judéo-chrétienne et que bon, l’un dans l’autre, le meilleur moyen d’avoir une femme la mieux éduquée possible, c’est encore de l’avoir éduquée soi-même. Non franchement, il faut arrêter tout ça au plus vite. Je m’en vais te faire inscrire Perrault et les frères Grimm au fichier des délinquants sexuels moi, ça ne va pas trainer !

Au clair de ma lune

Le problème c’est que les délires salaces des adultes sont le plus souvent camouflés sous la plus innocente des niaiseries. Quand vos petits chantent à tue-tête le hit de l’été en anglais sur la route des vacances sans en comprendre un traitre mot, on vous pardonne ! On sait bien que vous avez arrêté de comprendre les cours d’anglais en 5ème C quand Mme Moreau vous a perdu à force de faire passer Brian de la cuisine au jardin (sauf si vous pensez sérieusement comme Natoo que la chanson est adressée à la petite chienne de Thicke). Mais tout de même, vous ne me ferez pas croire que vous n’avez pas vu la contrepèterie dans « il court, il court, le furet » ? Non ? Ah si, ça y est, vous l’avez ! Et le gentil Pierrot de « Au clair de la lune » qui va chez la voisine pour « battre le briquet » ? Sa chandelle étant morte, il finit donc chez la voisine, appelée « la brune » dans la chanson, et ce qui devait arriver arriva… Je vous laisse savourer le dernier couplet bizarrement rarement chanté dans les cours d’écoles.

Au clair de la lune,
On n´y voit qu´un peu :
On chercha la plume,
On chercha le feu.
En cherchant d´la sorte
Je n´sais c´qu´on trouva,
Mais j´sais que la porte
Sur eux se ferma

(pour la version complète ou une version alternative des dernières lignes c’est ICI)

Le summum semble atteint par « Nous n’irons plus au bois » qui vous semblera nettement moins gentillet avec les deux lectures possibles que je vous propose. On attribue la première à l’épisode de la coupe des bosquets de Versailles par le roi alors que ces haies abritaient généralement les couples illégitimes pour quelques galantes galipettes. L’autre explication viendrait de la fermeture des maisons closes par Saint-Louis, la branche de laurier ayant été le discret signe distinctif de ces établissements de plaisir.

Toute une éducation à refaire

C’est bon, vous pouvez arrêtez de vous lamenter en vous disant que vous venez justement d’offrir à votre petite nièce l’intégrale des comptines revisitées par Henri Dès. D’abord, ça ne mettra pas à l’abri la pauvre petite de ce déversement séculaire qui a aujourd’hui colonisé l’éducation dans le monde entier. Et secundo, il va bien falloir qu’un jour quelqu’un lui explique à quoi ressemble le loup et que l’histoire des choux et des roses, c’était juste pour endormir sa curiosité assez longtemps pour éviter qu’elle ne se retrouve enceinte à 12 ans. Quand je pense qu’on a voulu supprimer les cours d’éducation sexuelle du programme de 4ème, occasionnant une recrudescence de disparition des pages lingerie des catalogues de La Redoute dans tant et tant de foyers français et, collatéralement, des disputes insensées dans les couples sur de supposés fantasmes du monsieur, alors que le pauvre n’y était pour rien ! Tout ça pour apprendre que dès le berceau, on immerge les nourrissons dans un océan de stupre en veillant soigneusement à ne jamais dire « merde » devant eux. Bravo la cohérence ! Du coup, je me sens nettement moins mal à l’aise lorsque mon fils, encouragé par d’autres parents à leur chanter une petite chanson, articule parfaitement les trois premiers couplets de « Gare au gorille ». Au moins, il s’arrête avant que le singe n’ait raison de la vertu du juge. Bon ok, ce n’est pas par pudeur mais simplement parce qu’il n’a pas encore retenu la fin. Mais bon ça, ils n’en savent rien…

Grâce à ce billet, vous serez désormais incapables d’écouter tranquillement les chants des enfants à la kermesse paroissiale annuelle sans songer en secret à toutes les saloperies que la responsable de l’entraide catholique fait entonner à vos chers petits (oui, si vous y pensez, ne vous en ouvrez pas à votre voisin de chaise, vous pourriez vite être catalogué pervers de service). Ne me remerciez pas, c’est cadeau ! Vous avez bien été élevés avec ces mêmes comptines et vous ne pensez pas qu’à ça vous ?! Ah si ? Merde alors…

Gabriel de Calomnie


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