Il ne s'agit pas d'une alternative mais d'un dilemme qui, quelle que soit l'option choisie, aura, du fait même du choix réalisé, des conséquences négatives.
Ce dilemme est appelé "cornélien" du nom de son inventeur Pierre Corneille, qui l'expose dans plusieurs de ses pièces, dont les plus connues sont Le Cid et Polyeucte.
Dans la pièce Le Cid, Rodrigue, qui doit épouser Chimène qui l'aime et dont il est amoureux, doit venger l'honneur de son père "bafoué" par le père de Chimène. La querelle des deux vieillards rejaillit sur la destinée des deux jeunes gens : si Rodrigue obéit à son Devoir, il doit tuer le père de sa promise, mais du coup perd son amour ; s'il refuse la vengeance au profit de l'Amour, il manque à son Devoir et portera toute sa vie la marque de la lâcheté.
On parle parfois de choix cornélien : ce terme est inexact, puisqu'un choix peut impliquer plusieurs possibilités, tandis qu'un dilemme ne propose que deux possibilités qui s'excluent l'une de l'autre.
D'autres cultures connaissent l'équivalent du dilemme cornélien. C'est le cas, par exemple, de la littérature japonaise, avec la notion de Giri-ninjo : il s'agit de l'opposition entre les obligations morales et sociales du devoir et son conflit avec les sentiments personnels. Ce conflit était souvent le moteur de l'intrigue dans le théâtre traditionnel, puis dans le cinéma japonais.