On entend assez peu parlez du département de Kumamoto en ce qui concerne le thé, pourtant, ce département voisin de Miyazaki et de Kagoshima se trouve à la cinquième place en terme de surface cultivée, et ce juste après Miyazaki, et avant Fukuoka (Yame).
Plus encore, Kumamoto est, après Miyazaki, le second producteur de kama-iri cha !
Voici donc justement un kama-iri de Kumamoto, en provenance de Tsuge 告, dans les montagnes de la ville de Ashikita 芦北. Ce thé vert est l’œuvre de Kajihara-san. Soucieux du bel environnement de Ashikita, il n'utilise pas de pesticides et seulement des engrais bio.
Ce kama-iri est un blend de Yabukita, Oku-yutaka (un cultivar dont on entend beaucoup parler ces derniers temps), et de zairai-shu (variété botanique, c'est à dire pas des cultivars, mais des théiers tous différents reproduits naturellement - fleur - pollen - graine). Il m' a semblé que cet assemblage apportait plus que les cultivars (et non-cultivars) seuls.
Couleur vert olive des feuilles, avec des tonalités blanchâtres, dues au frottement sur la surface métallique du "kama" lors de la fabrication. Elles offrent un parfum plutôt léger, discret, qui rappel plus des petits wulong très peu oxydés que des thés verts japonais.
On est là dans du kama-iri cha d’antan, loin des standards des compétitions. Avec les kama-iri cha, ce type d'aspect extérieur peut parfois augurer du pire, mais lorsque l'on regarde de plus près la forme des feuilles, on y voit une manufacture de qualité.... goûtons donc !
4g, 70-80ml, 80°C (on peut monter au dessus), 1 minute.
Parfum tourbé typique, sans surprise, mais relevé par du sucré, du patissier, une rondeur rustique très appaissante.
Dès la première gorgée, on remarque comme ce thé s'exprime par ce qu'il renvoi dans la fosse nasale, la gorge, puis en aftertaste en bouche, plutôt que directement sur la langue.
On y ressent bel et bien une impression de thé des campagnes, quelque de très simple, mais très délectable. Les arômes tournés sont rustiques, mais pas grossiers, car il y a beaucoup de subtilités dans les saveurs minérales et boisées de cette liqueur. Aussi, il y a beaucoup de douceur, pas l'umami des thés plus calibrés, mais le sucre typique des productions naturelles réussies.
On voit par ailleurs que les feuilles qui, sèches, semblaient un peu terne, prennent de splendides et vivantes couleurs une fois hydratées par l'infusion.
Aussi, plusieurs infusions ouvrent grandes ces feuilles, qui restent bien entières, grasses et bien appétissantes.
Trois splendides infusions. Un aftertaste sucré à toute épreuve.
Une quatrième infusion reste très sympathique, mais manquante quand même un peu de force.
Oku-yutaka est le principal apport de douceur (dans le goût comme dans le parfum), les zairai sont porteurs d'une certaine profondeur, d'aftertaste et de parfum (plutôt dans les tonailtés minérales), alors que Yabukita vient probablement équilibrer le tout par ses qualités globales.
Ce kama-iri es tout à fait différent de celui de Takachiho à Miyazaki, offrant une vision autre de ce type de thé.
Le ferais-je régulièrement, est-ce la première et dernière fois, mais j'ai envie de "partager" l'ambiance musicale du moment où j’écris cet article, en re-buvant de ce kama-iri cha de Monsieur Kajihara.
There's a Riot Goin' On de Sly Stone.
Je ne suis pas spécialiste, mais cet album m'apparaît toujours comme un chef d'oeuvre, non seulement tous les morceaux sont excellents, mais leur ordre, leur enchainement est parfait.
La face 1 présente de grandiose Family Affair, où la voix de Sly fait ici très bien écho au toucher du hôhin Bizen-yaki de Nobuhara-san.
Ne cherchez pas de corrélation entre le thé présenté et la musique évoquée, il n'y en a pas. Seulement une envie de partager autre chose..... le referai-je ? je ne sais pas.