Tandis que pour « Arles in Black » l'édition 2013 des rencontres photographiques, Arles s'est parée de noir et blanc, c'est sous le signe de la couleur que se place l'exposition photographique Montpelliéraine de l'été « Couleurs Plossu : séquences photographiques 1956 – 2013.
Le jus d'orange,
Californie, 1980. ©
Bernard Plossu
Bernard Plossu, photographe français, féru de voyages et de cinéma, est avant tout connu pour ses clichés en noir et blanc, pour ses arpentages photographiques à la Brassaï et ses témoignages poétiques de la vie quotidienne. À l'époque du numérique, des écrans, des images aux couleurs criardes qui envahissent notre quotidien, le charme du noir et blanc est une valeur sure, un choix séduisant, relent nostalgique d'un paradis perdu. Or ce sont sur les tirages en couleurs que Gilles Mora, directeur artistique du lieu, et Marc Donadieu le commissaire de l'exposition Plossu, ont parié. Une couleur douce et douée d'âme, qui devient presque « sujet » tant sa présence transperce chacune des photographies exposées. La couleur, si courante aujourd'hui, est ici anoblie par un procédé bien particulier, le tirage Fresson, une technique sur papier mat, qui donne à l'image une atmosphère feutrée, à la lumière un caractère tamisé.
Carmel, Californie, 1974.
© Bernard
Plossu
Au cours de l'exposition, la couleur se manifeste sous différentes formes : dans la lumière des néons des enseignes de Charleroi, qui sous le regard du photographe se transforme en petit Las Vegas de province le temps d'une nuit pluvieuse ; dans le jaune pâle d'un vert de jus d'orange, dans les teintes bleues, blanches et rouges de trois chaussures en peau de croco, dans les robes à motifs des vieilles dames ; mais surtout dans les voyages, dans la blondeur d'un beatnik au feu rouge de San Francisco, dans la blancheur d'une Cadillac face au bleu de l'océan, dans le rosé d'un drap, sur les toits de Mexico, qui constitue le fond d'un portrait furtif, presque religieux.
Mexico,
Mexique, 1966 ©
Bernard Plossu
Enfin, peut-on parler de la couleur sans mentionner la peinture ? Non, à en croire les différents hommages à Hopper, Mondrian, ou encore Monet, avec ce cliché fantastique d'une vue de Giverny, véritable « photographie impressionniste ». Le flou, qui semble très prisé par le photographe, associé à la vibration si particulière des couleurs due au tirage Fresson, trahit la forte influence du pictorialisme qui traverse l’œuvre de l'artiste.
Vue
depuis la chambre de Claude Monet à Giverny. ©
Bernard Plossu
Encore une fois, c'est une exposition foisonnante qui envahit chaque parcelle de mur, de cet immense espace qu'offre le Pavillon Populaire, de quoi perdre souvent le fil. Par conséquent, certains passages m'ont plus intéressée que d'autres. J'ai par exemple été moins sensible à la partie sur l'Europe, plus graphique que colorée, mais qui révèle cette science du cadrage, très juste et épurée de Bernad Plossu. Je lui ai préféré les objets de la vie quotidienne, posés là par hasard, magnifiés par l'objectif, ainsi que la séquence californienne, dont les clichés, qui furent diffusés dans des revues comme Salut les copains ou Rock'n'Folk, traduisent cette atmosphère désinvolte de la contre culture des années 1960 aux États-Unis... qui m'est chère.
Grenoble,
1974. ©
Bernard Plossu
Cette rétrospective nous permet de découvrir une nouvelle facette d'un photographe déjà populaire et de poser un nouveau regard sur la photographie en couleur. Une parenthèse de douceur, sous ce soleil de plomb.
Ophélie.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Infos pratiques :
Couleurs
Plossu : séquences photographiques 1956 – 2013
Du 28 juin
au 06 octobre 2013
Entrée Libre
PAVILLON POPULAIRE ESPACE D'ART PHOTOGRAPHIQUE
En face du Musée Fabre, entre Le Corum et La place de la comédie
Ouvert du mardi au dimanche
de 11h à 13h et de 14h à 19h
04.67.66.13.46
Vue depuis la chambre de Claude Monet à Giverny. © Bernard Plossu