J’ai craqué mon slip (de bain)

Publié le 24 juillet 2013 par Pimprenelle2

Suis méditerranéenne suis marseillaise, c’est une hérésie, j’aime pas aller à la plage. Je n’aime pas devoir me faufiler entre serviettes et rabanes, à grand coup de pardon excusez moi, m’installer à mon tour entre glacières et radios hurlantes, m’allonger et recevoir sur mon corps et mon visage enduits de crème le sable projeté par des hordes sauvages bien moins polies.

Et puis arrive le moment où la cuisson se faisant cuisante, il devient vital de s’en aller refroidir dans l’eau, l’un après l’autre, l’un allant se baigner, l’autre gardant les sacs et les serviettes. Après être arrivé à se frayer un passage entre les châteaux de sable et les baleines échouées, vient l’épreuve de l’entrée dans l’eau. Moi j’aime prendre mon temps, y trouve du plaisir, mouiller mon corps progressivement, sauter les vagues, les laisser me surprendre, jouer avec le ressac, caresser l’écume. Oui mais tous n’ont pas le même rythme, nombreux sont les véloces hurlants et éclaboussants, qui se collent à vous et à moi, et n’en doutons pas s’en viennent discrètement pisser à quelques centimètres de votre peau.

Tête baissée sur le sable bouillant et vos (mes) cuisses roses et celluliteuses, râlant en silence sur votre triste sort, vous allez prendre le relais de votre vigie écarlate.

Légèrement saoule, de fatigue et de chaleur, c’est le moment idéal pour piquer un bien mérité petit roupillon. Sauf que. Sauf le mioche qui ne supporte pas d’avoir du sable entre les doigts de pied ou dans sa couche culotte ; celui qui en a été délesté et s’en vient pisser sur votre natte ; le chien qui hurle à la mort, ayant perdu de vue son maître ; la mère qui hurle à l’ombre de son parasol, et tente ainsi d’attirer l’attention de sa progéniture occupée au loin à sauter dans les vagues ; et le vendeur de glace, et celui de chichis, et celui de boissons ; et les joueurs de volley et ceux de badminton.

Rajoutez à cela l’urticaire géant qui ne manquera pas d’orner mon décolleté, ma peau douloureuse et rougeoyante, devenant verte fluo sous la pression de mes doigts, et me rappelant que la nature est mal faite, que j’aurais dû être blonde.

Alors non, je n’aime pas la plage. Moi j’aime les étendues de sable désertes, j’aime la mer à perte de vue et d’horizon, j’aime être bercée par le roulis et le tangage, j’aime le goût du sel sur ma peau, j’aime le vent iodé qui s’engouffre sous la transparence de ma robe, j’aime dénouer mes cheveux ondulés et rêches battre mon visage. J’aime m’allonger là où viennent mourir les vagues, laisser s’écouler le sable entre mes doigts. J’aime immerger mon corps nu et le laisser couler, j’aime émerger et m’ébrouer. J’aime

J’aime, mais tout cela n’est que souvenir, j’aime, et dois me contenter de bains de minuit habillée, j’aime mais les occasions sont très trop rares, si rares, qu’aucun de mes maillots n’a survécu à cette attente, tous y ont sacrifié leus élastiques, tous m’ont abandonnée à l’orée de la plage …

Donc, j’aime la mer, mais pas la plage, donc je n’aime pas la plage, mais reconnaissez qu’elle me le rend bien …


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