Non, rassurez-vous, vous n’avez rien fait de mal, ni vous, ni personne, et ce titre ne parle pas de mes sentiments mais du contenu de l’article que je vous invite à partager ici. Tout le monde connaît en effet les formes agressives que peut prendre la colère, pouvant même dégénérer en rage violente, mais on parle beaucoup moins souvent de la colère passive qui s’exprime également au détriment d’une ou de plusieurs autres personnes, mais surtout le plus souvent contre la personne en colère elle-même. Essayons d’y voir plus clair.
Les expressions de la colère passive
La colère passive se caractérise comme une forme intérieure, une manifestation totalement refoulée de la colère à l’égard d’une autre personne. Elle ne voit pas le plus souvent et opère à bas bruit, dans l’ombre, sous six formes principales (liste non exhaustive) bien identifiées, la plupart dirigées contre autrui, certaines tout de même plutôt autodestructrices.
- La réserve : adopter un comportement réservé est une façon sournoise de masquer ses sentiments et ses émotions en se comportant vis-à-vis des autres comme si tout allait bien alors qu’on leur en veut au plus haut point. Aucune confrontation directe ne se déroule et toutes les actions sont menées par-derrière. C’est cette forme de colère qui est le plus souvent la source des ragots, des humiliations indirectes, des lettres anonymes mais aussi des tentatives d’empoisonnement ou bien des vols ou autres escroqueries.
- L’indifférence et l ’impartialité : à première vue, un tel comportement ne ressemble pas à de la colère mais en est une forme dans laquelle masquer totalement ses sentiments et se contenter de snober les autres et, de ne montrer aucun intérêt aux situations qui en ont, est un moyen d’atteindre les autres. Ne régissant pas à la colère des autres et refusant de prendre toute décision, ces indifférents finissent par s’isoler complètement et sombrent souvent dans des addictions aux substances illicites (surconsommation alimentaire, drogue, alcool) ou aux machines (informatique, jeux vidéo, télévision, machines à sous …).
- La manipulation psychologique : il n’est plus ici question de passivité mais réellement d’action à visée nuisible dirigée contre la personne qui est l’objet de notre colère. Dans les cas les plus bénins, la manipulation peut consister à provoquer la colère chez l’autre afin de le rendre ainsi responsable des évènements mais elle peut aussi prendre la forme de chantage affectif, de provocation sexuelle ou de maladie imaginaire. Cette forme de colère est susceptible de provoquer autant de mal chez autrui qu’une colère classique et violente.
- Les obsessions : avoir un comportement obsessionnel révèle souvent une colère latente contre tout ce qui est contraire à un ordre établi ou plutôt que la personne en colère pense qu’il devrait être établi. Il s’agit d’une attitude extrême où tout est vérifié et revérifié dans la recherche d’une impossible perfection. Il n’existe plus de modération ou de demi- mesure : une anorexie sera souvent fatale, une boulimie extrême, une addiction rapidement destructrice.
- L’échec permanent : se mettre en permanence en situation d’échec est aussi une forme destructrice de colère passive. Celui qui est sujet à ce sentiment aura tendance à s’entourer de personnes négatives et à provoquer des situations d’accident ou d’échec, incapable par la même occasion de développer une vie affective normale.
- Le sacrifice de soi et la culpabilité : malgré les souffrances que cela peut engendrer, ces personnes se placent systématiquement en arrière des autres, font en sorte de ne jamais être premier(e)s. Ce sont des gens trop serviables qui développent une vision coupable de leur sentiment de colère et cherchent ainsi à se dédouaner de cette culpabilité en se mettant excessivement au service des autres. Ils passent le plus clair de leur temps à s’excuser et parviennent même à provoquer chez ceux qui les entourent un sentiment de culpabilité qui devient alors contagieux.
Préférons donc une saine colère
Vous l’aurez compris au vu de l’étude précédente, la colère passive ne comporte que des aspects négatifs et destructeurs vis-à-vis de soi ou d’autrui. Il est légitime de ressentir de la colère face aux injustices de l’existence ou face au comportement des autres mais il ne faut surtout pas garder cette colère enfermée, encore moins la laisser se retourner contre vous.
Exprimons notre colère puisqu’elle est une soupape de sécurité, sans culpabiliser le moins du monde mais en gardant tout de même le contrôle de nos nerfs afin de ne pas succomber à la tentation d’une rage elle aussi fortement destructrice pour soi et pour autrui.
Personnellement, je me mets rarement en colère mais ce n’est ni de l’indifférence, ni de la réserve, plutôt une forte propension à excuser et à pardonner. Je ne ressens pour autant aucune frustration et mes épisodiques accès de colère ne durent jamais bien longtemps tout en me délivrant à chaque fois d’un certain fardeau. Et vous, comment évacuez-vous votre trop-plein de mécontentement ? Ne me dites pas que vous râlez car je serais alors obligé d’ajouter un septième point à ma liste des manifestations de la colère passive !