Salaires

Publié le 18 février 2011 par Gregory71

Je suis souvent étonné de voir quels sont les montants proposés en droit d’auteur pour des résidences d’artiste. Par exemple, une résidence de 6 mois est payée 3 000 euros soit 500 euros par mois. Même s’il ne s’agit pas d’un plein temps, je m’interroge sur ce que le lieu d’accueil attend pour une telle somme. Il faut remarquer que cet argent est même exceptionnel, parce que parfois il n’y a rien de prévu, le travail artistique étant alors considéré comme du bénévolat. De surcroît, la compétition est rude pour obtenir une telle résidence. Il y a un dossier à remettre dans lequel on doit expliquer le projet, les actions proposées vers le public, etc. Il y a un jury qui vous fera passer un entretien. Tout cela pour un travail de quelques mois à peine. Même si je suis conscient des efforts que font ces lieux d’art pour proposer de telle somme, et je sais combien ils doivent se battre pour convaincre leur commanditaire, je suis toujours surpris de voir de quelle façon est considérée le travail de l’artiste : le salarié le plus bas dans l’échelle de salaire n’est-il pas mieux payé ? Pour quelles raisons l’activité de production artistique est-elle à ce point (considérée comme) non-rentable ? Quel imaginaire professionnel est sous-jacent à une telle rémunération ? Les artistes doivent-ils avoir un métier à côté ? Doivent-ils être rentier ou aidés par je ne sais quel mécène ? Cette condition salariale n’est-elle pas le produit d’une histoire souvent inconsciente de l’art provenant des transformations impliquées au XIXème par la bohème et qui est sans rapport avec la situation actuelle ? Sans doute est-il de la responsabilité des artistes que d’exiger collectivement que leur travail soit payé selon les minimas légaux. L’objectif n’est pas seulement ici corporatiste, mais consiste en une réflexion sur les raisons de ces sommes proposées. Comprendre cette économie ne se limite pas à une approche instrumentale (avoir de quoi manger), mais aussi en une analyse critique des manières de vivre. De quelle façon considère-t-on la vie d’un artiste?