En 1984, Serge Gainsbourg démontre qu’il est plus lascif que jamais. Enregistré à New Jersey et entouré d’une brochette de musiciens américains. Ainsi, sur Love On The Beat, l’anglais est omniprésent, sans pour autant éclipsé le français. En effet, si les morceaux sont tous intitulés dans la langue de Shakespeare, les paroles, elles, mélangent refrain en anglais et couplet en français. « Hmm hmm hmm » étant l’exception, entièrement en français.
Huit titres donc, de l’éponyme « Love on the beat », à la fois obscure, enfumé, lascif et sexuel, à « Lemon incest », en duo avec sa fillette Charlotte (pour qui il écrira et composera un album entier en 1986, Charlotte Forever, interprétant avec elle deux nouveaux duos, la laissant seule sur les six autres chansons, entouré de quasiment la même équipe) et composé d’après l’étude n°3 en mi majeur op.10 de Chopin, en passant par « Sorry angel », histoire d’un suicide, au vulgaire facile « Harley David son of a bitch », sans oublier le majestueux même si ultra provocateur « Ni comment », Gainsbourg ne fait pas dans la dentelle. J’ose imaginer la réception de cet album, à l’époque, malgré la réputation déjà répandue du français depuis deux décennies déjà un peu partout dans le monde (même dans les pays où certaines de ses chansons ont provoqué des tôlés, comme en France, ou, ont carrément été censurées, comme ce fut le cas entre autre en Italie ou en Espagne). Mais je n’ose même pas imaginer, aujourd’hui, un artiste en faire autant.
En guise d’avertissement, la photo par William Klein pour la couverture est aussi expressive que splendide. Gainsbourg, travesti pour l’occasion, y est plus belle que jamais.