J’étais passé totalement à côté de cette trilogie satirique, mais ayant adoré le premier volet, je me suis empressé de lire la suite des péripéties de la famille des Houx-Wardiougue. Cette suite se déroulant dix ans après la mort de Léon, le récit se retrouve immédiatement amputé de son personnage le plus attachant.
Ce deuxième volet se concentre donc sur son petit-fils Gégé, devenu marionnettiste et ayant épousé cul-de-jatte Suzie. Cela n’empêche évidemment pas les auteurs de poursuivre leur caricature jubilatoire du capitalisme, car notre ami Gégé va découvrir le "Manuel du Savoir-Winner" de Brian Molduren, de quoi garantir son ascension dans notre société de consommation en seulement six… ah non, cinq chapitres. Ce second tome est donc découpé en cinq parties, une par chapitre du manuel :
1) "Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt"
2) "Se donner les moyens d’agir"
3) "Les collaborateurs : savoir s’entourer"
4) "A=P(RS+O) : La valeur de l’Argent est égale au Pouvoir qu’il procure, multiplié par la somme du Respect Social et des Opportunités qui lui sont liées"
5) "Savoir tirer parti de ses échecs pour pouvoir repartir du bon pied"
Boosté par les conseils de ce manuel, cet homme timide et naïf va prendre confiance et s’engager sur une voie, certes parsemée de pots-de-vin, de corruption et d’arnaqueurs, mais menant inévitablement vers la richesse et la célébrité. Si certains regretteront l’absence de Léon himself, d’autres sauront se contenter de cette marionnette à son effigie, qui continue de "coacher" Gégé. Personnellement, j’ai à nouveau été totalement conquis par cette satire parsemée d’un humour noir et acide. D’un trait brouillon et spontané, De Grecy croque des personnages d’une grande expressivité, qui font tout le sel de ce récit haut en couleur, tandis que la colorisation plonge l’ensemble dans une ambiance particulière.
Me voilà donc fan de cette série, dont ce tome a d’ailleurs remporté le prix Alph-Art à Angoulême du meilleur album en 1998.