Pézenas : Rencontre littéraire avec Nahal Tajadod

Publié le 22 juillet 2013 par Idherault.tv @ebola34

Rencontre littéraire avec Nahal Tajadod pour son roman " Elle joue " sur la butte du Château organisée par les Amis de Pézenas, le 16 juillet 2013.

Nahal est Iranienne, lumineuse comme un rayon de lune sous les mirabelles dorées du début de l'été à Pézenas dans les jardins de la Butte du Château . Elle émigra en 1977, à l'âge de 20 ans en France et s'établit pour ses études à Paris.

Ne pouvant rentrer en Iran du fait de la répression qui suivi le départ du Shah et l'arrivée de Khomeyni au pouvoir en 1979 ; elle fit cependant plus tard, quelques séjours en Iran. Depuis la parution de ses romans faisant état avec sensibilité de l'horrible climat de répression surtout exercée envers les la femme, de leurs souffrances et de leurs épreuves, elle n'a pu retourner en Iran dont elle conserve une nostalgie attristé.

Mariée à Jean-Claude Carrière elle a compris ce qu'était le bonheur dit -elle : voir dans la famille de Jean-Claude Carrière, se succéder sur plusieurs générations dans un même village, dans une même propriété, sentir la présence de ceux disparus que l'on a aimé ; au village de Colombières-sur-Orb, la joie de vivre, la liberté d'être et d'exister. Pour elle la peur et celles de ces femmes qu'elle a rencontrées, a été le moteur de son expression d'écrivain.

Dans l'un de ses romans, elle raconte sa rencontre avec une star de la TV iranienne qui fut victime d'une agression à l'acide qui, heureusement, lui brûla le dos et non le visage. Rentrée chez elle, l'héroïne, effondrée moralement, en proie à une révolte violente, se rase la tête, se déguise en garçon, en prend les allures, les habitudes, se bat contre d'autres garçons; enfin libérée de son sexe féminin, ne portant plus le foulard, ni la burqa, enfin libre, un être libre. Dans ce pays, seuls les hommes sont libres. L'histoire se décalque sur l'histoire de la grand mère se souvenant d'une jeunesse libre et épanouissante , avant l'arrivée des islamistes, de sa fille vivant sous le régime islamiste, l'une se substituant à l'autre, développant ainsi un regard pour une analyse transgénérationnelle. Ma lecture actuelle du roman chinois " La Liberté de vivre " de Ha Jin, roman publié au Seuil, porte sur la répression en Chine continentale et les épreuves des chinois émigrés aux États- Unis, me frappe d'autant plus par la similitude des épreuves de ces universitaires bafoués, qui renient leurs culture pour en adopter une autre afin de survivre , et ceux restés en Chine qui renient leur liberté pour survivre aussi.

Pourtant, malgré le pouvoir religieux instauré par Khomeini et toujours cette tyrannie exercée sur le peuple iranien aujourd'hui par ses gouvernants, les services secrets et la police qui contrôlent tous les niveaux de la vie et de la création, l'Iran est devenu un pays laïque . Pour moi c'est le scoop de la soirée ! 70 % des universitaires sont des femmes, 16 femmes sont réalisatrices dans le monde du cinéma et malgré la censure continuent avec opiniâtreté : quel magnifique élan vers la création, la culture, la vie assumée, quel merveilleux espoir pour ce pays qui redécouvrira bientôt grâce à cette jeunesse éduquée et cultivée sa riche culture et son devenir actif dans le monde !

NOTE BIBLIOGRAPHIQUE :
A paris à l'Institut des langues et des civilisations orientales, Hahal Tajadod étudie le chinois et rédige une thèse sur Mani fondateur du manichéisme, qui est l'une des philosophies du bouddhisme. Elle étudiera le christianisme en Iran et l'œuvre du poète perse Rûmi .
De culture française, son écriture associe les rapports contemporains, historiques, la Perse, la Chine, et l'Europe. Elle a reçu la médaille de la Francophonie en 2007. Son dernier roman " Elle joue " à été publié chez Albin Michel en 2012.

Alice Caron Lambert

Un grand merci à Dan' Renault pour ses photos !