L'idée d'une série sur Leonard de Vinci est brillante et promet de montrer un visage de ce génie différent de celui de vieux crouton barbu sous lequel on le représente habituellement. Da Vinci's Demons le décrit comme un homme ambigu, à la fois intelligent et fou, drôle et touchant, lunatique et extrêmement lucide... De plus, toutes les conditions nécessaires à la plongée dans un univers pré-renaissance sont réunies: les décors sont assez crédibles, notamment les vues extérieures, et les costumes respectent l'époque tout en possédant une pointe de modernité pour ne pas tomber dans le ridicule. Jusqu'à la moitié de la première saison, j'étais accrochée par les projets de De Vinci, les magouilles politiques de Rome, la tension entre les frères Médicis, la recherche de l'espion du pape, etc. Enfin tout ce qui fait une bonne série historique comme les Tudors ou les Borgias. Et puis l'histoire a basculé dans la recherche pseudo mystique du "Book of Leaves" dans laquelle Leonard se promène chez Vlad Tepes (qui a inspiré le personnage de Dracula à Bram Stoker) et projette de partir pour l'Afrique, continent assez peu exploré. Même si certains moments de cette quête sont bien pensés et bien construits, je n'ai pas pu m'empêcher de penser que la série sombrait dans le n'importe quoi. L'équilibre entre historique et fantastique ne se fait pas donc il est difficile de cerner correctement la série et j'ai eu le sentiment d'avoir été trompée sur la marchandise.
Comme toute série historique qui se respecte, Da Vinci's Demons n'échappe pas à l'équation sang + sexe + anachronismes. D'ailleurs, il est important de préciser que ceci est une série qui s'appuie sur un contexte réel (la conjuration des Pazzi ou le procès de De Vinci par exemple) mais dont le contenu est fictif. Le plus bel exemple est l'histoire sentimentale entre Leornard de Vinci et Lucrezia Donati qui n'est que pure invention puisque De Vinci était plus que vraisemblablement homosexuel. Ce n'est pas un secret. Du coup, la série est bancale dès le départ puisque cette romance ne peut pas exister.
Fort heureusement, les acteurs sont excellents. Tom Riley campe un De Vinci pas très chevelu mais tout même très crédible; il fait très bien passer le bouillonnement intellectuel qui submerge son personnage sans tomber dans l'excès. D'ailleurs, ces passages sont portés à l'écran accompagnés des dessins originaux de De Vinci, c'est très intéressant et intelligent. Elliot Cowan, le Darcy de Lost in Austen, est méconnaissable en Lorenzo Medicis, personnage psychorigide mais sympathique malgré tout. Le meilleur est à mes yeux Blake Ritson, déjà repéré dans des adaptations de Jane Austen et Un Monde sans fin. Il incarne magistralement le comte Riario, un infâme et cruel manipulateur à la solde du pape. On le voit très peu au cinéma mais il est certainement une valeur ajoutée aux séries dans lesquelles il joue puisqu'il est aussi convainquant en personnage romantique qu'en froid calculateur.
Cette série partait donc d'un bon principe, et elle est assez bien traitée si l'on exclut les quelques problèmes scénaristiques que j'ai évoqués. C'est vraiment dommage.