Alors que l’Organisation mondiale de la Santé, à l’issue de son second Comité d’urgence, a jugé, qu’à ce stade, le coronavirus MERS-CoV n’est pas une urgence mondiale de Santé publique, ces scientifiques canadiens de l’Hôpital St. Michael décrivent, à contrepied, le potentiel de MERS-CoV à se propager au niveau international, à l’occasion des grands pèlerinages, et encouragent les autorités et les professionnels de santé à ne pas oublier l’expérience du SRAS.
Selon cette nouvelle recherche, le coronavirus pourrait se propager plus rapidement et auprès d’un plus grand nombre de contacts, à l’occasion des 2 rassemblements de masse impliquant des millions de personnes lors des pèlerinages de la Mecque. En cause, les moyens de diagnostic et de surveillance trop limités des pays d’origine des pèlerins, ou, au retour, d’importation possible de nouveaux cas.
Les chercheurs se sont basés sur les statistiques du trafic aérien et sur les données historiques du Hajj pour prévoir les mouvements de population vers et hors d’Arabie Saoudite. Leur recherche a pris également les données de la Banque mondiale pour estimer les capacités de réponse en santé publique des différents pays. Enfin, les chercheurs ont utilisé la plate-forme « BioDiaspora » utilisée également par de nombreux organismes internationaux, y compris les US Centers for Disease Control and Prevention (CDC), le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour évaluer les nouvelles menaces de maladies infectieuses.Les deux tiers de tous les pèlerins proviennent de pays à faibles ou très faibles revenus : L’analyse révèle que sur les 16,8 millions de voyageurs qui ont pris l’avion vers l’Arabie saoudite, la Jordanie, le Qatar et les Emirats arabes unis entre juin et novembre 2012 (soit un mois avant le Ramadan et jusqu’à un mois après le hajj), 51,6% venaient de seulement 8 pays, l’Inde, l’Egypte, le Pakistan, la Grande-Bretagne, le Koweït, le Bangladesh, l’Iran et Bahreïn. Contrairement au SRAS, plus de la moitié de tous les voyageurs aériens au départ de l’Arabie Saoudite, de la Jordanie, du Qatar et des EAU retournent vers des destinations finales situées dans les pays à faibles ou très faibles revenus. Les deux tiers de tous les pèlerins du hadj proviennent ainsi de pays à faibles ou très faibles revenus.
Des pays qui disposent justement de ressources limitées pour détecter rapidement les cas importés, mettre en œuvre des mesures de contrôle et une prise en charge efficace des infections sévères. Les chercheurs appellent donc à anticiper, avant le début du hajj, qui a lieu du 13 au 18 octobre cette année. Anticiper, en s’inspirant de l’expérience du SRAS qui, lui aussi causé par un coronavirus jusqu’alors inconnu, avait entraîné 800 décès dans le monde. Ils suggèrent donc un dépistage au départ des régions du Moyen-Orient plutôt qu’à l’arrivée et appellent à la formation des personnels de santé de première ligne pour détecter et surveiller. Dans l’épidémie de SRAS, ce sont les retards de diagnostic qui ont entraîné des retards de mise en œuvre des mesures de contrôle des infections, qui ont permis la propagation du SRAS au sein des établissements de santé.
De septembre 2012 au 18 juillet, l’OMS a été informée au total de 88 cas confirmés en laboratoire d’infection par le MERS-CoV, dont 45 mortels. Une précédente étude, publiée dans le Lancet, a jugé, elle, le virus en l’état, trop peu transmissible pour déclencher une épidémie, en raison d’un taux de reproduction jusque-là limité à 0,8. L’étude ne prenait pas en compte le risque lié à ces grands rassemblements.
Source: PLOS Currents: Outbreaks July 17, 2013Potential for the International Spread of Middle East Respiratory Syndrome in Association with Mass Gatherings in Saudi Arabia
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