J’ai testé : le Festival Pantiero

Publié le 22 juillet 2013 par Generationnelles @generationnelle

Cannes, ses soirées, ses palmes d’or du 7° art et son Festival de musique Pantiero ! On vous avait déjà parlé de ces festivals au cadre exceptionnel. Solène est allée user ses sandales à pompons Clarks et son petit haut Glow dans cet évènement haut en couleurs … et en décibels.

Scratch, Scratch, Scratch. Mieux qu’un coup de feu, le top départ de Pantiero se manifeste d’abord par le crissement de sa pelouse. Un détail pas forcément rock’n roll mais qui fait le charme du Festival dans la baie de Cannes. Avec 5 groupes par soirée – c’est la grande nouveauté de l’année – et l’invasion de la rotonde pour terminer la nuit à l’abri, on a relevé des instants cocasses ou totalement jubilatoires entre les morceaux punk, hip hop et électro.

Et on a aimé :

  • La chorégraphique du « boxeur/chanteur » des Dirty Beaches

Les canadiens ont essuyé les plâtres de cette 12° édition. Alex Zhang Hungtai et ses acolytes live ont réchauffé une ambiance un peu froide et surtout présenté leur new wave lo fi brumeuse. Car même si le temps n’était pas à l’orage, le ciel était noir dans la musique du chanteur originaire de Taïwan. Comment ne pas penser à Suicide en écoutant « Night Walk » ? Pas celui de SOS Détresse Amitié mais du groupe new yorkais. En ouvrant les yeux, on est davantage face à Rocky Balboa qu’à Alan Vega avec une danse unique et … gants de cuir !  Mais avouons que ça va terriblement bien sur cette chanson.

  • Le rock de Frustration qui sonne comme celui de Papa

Ça sonne comme dans les années 80, ça ressemble aux années 80, mais ça a été créé en 2002. Le groupe Frustration fait partie de cette vague à souffler un vent de nostalgie dans nos oreilles au début de ce millénaire. Mais plus New Order que Stéphanie de Monaco ! De ce post punk noisy, le quintet français en a chipé le timbre rock sombre accentué par des jeux d’ombre et de lumière et une attitude froide, solide comme un rock mais bosseuse. Sur scène, ça gratte sérieusement sur des guitares saturées. Pas de « Worries  » à avoir, les parisiens tiennent la barre d’une main de maître  et ce jusqu’à la fin. Aucune frustration pour ce set bien mené qui donne envie de réécouter leur musique encore et encore.

  • La claque des Hives

Une seconde et … c’est le choc. S’il fait froid en Suède, les Hives savent briser la glace. En quelques mouvements seulement. La  bande de punks en habits dorés de toreros peut retourner une salle en un claquement de doigt et un « Come On !  » Laissant son frère Nicholaus Arson,  assurer le rôle de machine à gratter, le chanteur Pelle Almqvist endosse avec un naturel et une énergie unique celui de maître de soirée, pas mauvais en français, agitateur de consciences… très proche des gens, au sens premier du terme ! Approche efficace car, récoltant ce qu’il sème, le quintet reçoit en échange les cris délurés d’un public à fond la forme. Et ce n’est ni le marionnettiste géant de leur scène mégalo ni le ninja noir, assistant câble, qui arrêteront la folie tonitruante. Un peu comme une bombe à retardement, le tube « Tick, tick, boom ! » atomise le public à coup de pogo. Ça bourdonne encore longtemps dans les oreilles et dans la tête, et tant mieux.

  • Le rock à écouter sur l’herbe synthétique de Darkstar

Ou est-ce le rock qui abusait de synthétiseurs ? Les londoniens de Darkstar étaient-ils les moutons noirs de cette édition ? Le trio a en effet affronté un public, inhabituellement, glacial. Mais à coup d’effets aux claviers branchés et à la voix trafiquée, il est arrivé à bout et a même imposé son propre univers. Une atmosphère un peu planante à l’image de son morceau « Timeaway » mais qui a rassemblé tout le monde. Sur le gazon en plastique, on est parti haut, très haut. Et on n’était  visiblement pas les seuls.

  • La poésie intérieure de Ghostpoet

Lunettes noires et mains agiles… c’est un peu ça le résumé de Ghostpoet en live. Le musicien londonien fait depuis 2010 rythmer les mots à coup de hip hop d’un nouvel âge. Ça swingue dans la bouche mais pas forcément sur scène. L’ancienne première partie de Metronomy reste stoïque face à un public incrédule qui sursaute aux notes des chansons de son premier album. La création qu’il a montrée dans sa vidéo « Liiines  », est beaucoup plus sage, en live. Celui qui a choisi son pseudo pour s’effacer derrière sa musique s’attarde parfois sur son clavier pour tapoter quelques notes, comme des arrêts dans le métro londonien qui inspirent tant ce « Tricky nouvelle génération ». Une prestation qui donne envie de redécouvrir ses disques studio.

  • Crystal Fighters : fourre tout, lâche rien :

Voir Crystal Fighters en live, c’est une expérience sensorielle étrange et une lutte contre les préjugés. Les préjugés, oui. Car que penser quand une sorte de Jésus en côte de maille à paillettes déboule sur scène à côté de deux choristes inspirées par Shéraïzade et Esmeralda devant un batteur de percussions exotiques. Mais les 6 jouent à fond leur rôle, et le tout n’est pas cohérent mais fou ! Ce mic mac visuel londonien (évidemment !) fait écarquiller les yeux mais également frétiller les oreilles. Le big band atypique joue de ses différences et de son instrument en transe, surtout son chanteur atypique et chevelu, Sebastien Pringle.  Il en profite pour ordonner : « Allons dans la plage ! » avant d’enchaîner sur le tube indie folk « Plage  » ; résultat immédiat dans le public en folie. Un peu comme si Foals, période premier album « Antidotes  », avait fait la bande originale du Roi Lion. Vous voyez le tableau ?

  • Le total look de Kavinsky et le guest « surprise »

La pochette de son album, « Outrun  », est encore toute fraîche dans la mémoire et voilà que Kavinsky débarque derrière ses platines avec la même dégaine. Plus à l’aise sans sa veste, mais toujours avec les lunettes vissées sur la tête, un peu comme un Dogû japonais, le producteur français reste flegmatique. Mais c’est ce flegme, boosté par quelques pas de danse, qui pousse tout le monde à lever un index rageur et s’agiter en rythme surtout sur un remix de Daft Punk. Dans cet univers écarlate, un mystérieux guest vient sur scène  jouer avec les ombres et les couleurs. Et quand « Nightcall » retentit, c’est comme si le public captivé ralentissait, comme au cinéma, sur ce bon set électro/dance. Efficace ; n’est-ce pas ce qu’on demande à un set de DJ?

  • Nouvelle vague de new wave avec Lescop

Les soirées dans la rotonde avaient instauré un climat assez atomique les premiers soirs avec les punks surexcités Duchess Says et I.R.O.K., Lescop allait-il refroidir avec de sa Cold Wave tricolore ? Avec son teint de stuc, le chanteur de Châteauroux était loin d’être une statue sage comme une image. Son petit pas de danse, digne d’Etienne Daho, et ses regards hérités d’un Antony Perkins en plein Psychose saisissent, fascinent et font sursauter sur les notes de « La Forêt » ou de « Tokyo, la nuit  ». Le public était, sans doute, aussi motivé par les chorégraphies « à bras …la guitare « de Cédric Le Roux, ancien guitariste de Saez. Bref, une new wave épuré sans Ian Curtis, ni la fin tragique, juste ce qu’il faut pour finir un festival haut en émotion.

Epuisée mais ravie, on est conquise décidément de pouvoir se reposer entre deux sets avec une jolie vue sur le Majestic et très contente d’avoir vu les Tshirts La Bone Shop pour cette édition 2013. Une ambiance avec une programmation exigeante et festive, bien que si différente du Cannes des clubs, qu’on a hâte de retrouver l’année prochaine!

Crédits: Solène L.