B. Hurel
Je l'ai dans la tête depuis des mois, Vraiment de longs mois. Toute l'histoire. Les lieux. Le thème. Les personnages.J'avais des notes aussi, des idées, mais pas de trame trop serrée, car il faut avoir de l'espace pour laisser l'imagination mener la danse dans les chapitres, et venir bousculer certains schémas préconçus.
J'avais même la dernière phrase, la dernière image, puisque lorsque j'écris, j'ai souvent l'impression de transcrire le film que je me fais dans ma tête.
Une fois n'étant pas coutume, j'avais même raconté quelques bribes de l'histoire à des amis. Certains pensaient que je leur parlais de "vrais" gens, que je connaissais. Ils prenaient même parti pour l'un ou l'autre des protagonistes!
Voilà, j'avais tout cela, et pas l'envie de commencer. Comme une appréhension. Je ne savais pas par quel bout le prendre, quel ton adopter... L'angle de la narration, c'est l'essentiel. De quel point vue se place-t-on? Quel temps grammatical employer? Utiliser le"je", le "elle", des noms ou seulement des prénoms?
Quand on me demande si j'ai peur de la page blanche, enfin, de l'écran vide plutôt, je réponds par la négative car je n'écris que lorsque j'ai envie de le faire, contrairement à des amis qui eux s'astreignent à écrire chaque jour à heure fixe. Ce n'est pas une question d'avoir plus de temps non plus ou à la faveur d'une oisiveté passagère, quand c'est le moment, je le sens et je me lance, n'importe où, n'importe quand, au lever comme en milieu d'après-midi, dans un avion ou sur ma table de travail.
Et le moment est enfin arrivé, il y a quelques semaines, et même si depuis il y a eu quelques petites interruptions, c'est bien parti. Le " bien" ( qui n'a rien d'un jugement de valeur) s'entend ici dans le sens d'un moteur- plus à essence qu'électrique- qui aurait commencé à démarrer gentiment, mais qui ne serait pas à l'abri de quelques ratés!
Donc, la rédaction du cinquième roman est en route... et c'est comme retrouver un jardin secret, un peu en friche; débroussailler, couper des branches, découvrir quelques fleurs derrière une rocaille.
Si je n'avais que cela à faire, je pourrais écrire d'une traite, mais les pauses forcées sont aussi une bonne façon de laisser sédimenter des idées, "sécher les couches", prendre de la distance pour ensuite relire et faire des coupes sèches, sans états d'âme.
Fallait-il être en Chine pour écrire une histoire qui, pour la première fois, va se dérouler en Suisse, entre Genève et Lausanne? Non, il ne le fallait pas, c'est fortuit, mais pas dérangeant. Et s'il me manque un nom de rue à Lutry, je peux toujours consulter le plan sur Internet.
L'histoire en quelques mots?
Un couple d'avocats français, un chirurgien grec, une femme qui a tué son mari dans les Dolomites, une transplantation cardiaque, la vie à pile ou face, sur un fond d'été caniculaire au bord du lac Léman...
La suite? J'espère que vous aurez envie de la découvrir!
A bientôt...