Les ailes de Prune, par la Compagnie Les Fugaces
Les yeux de Prune se posent sur moi, assis au premier rang des spectateurs, « attrape ! » me dit-elle en lançant une pomme rouge, « croque ! ». Et je croque et l’histoire commence. Prune a 18 ans, elle entre dans la vie active par la « coopération » et va découvrir l’Afrique, les Afrique, celle des institutions, celle des vivants, des enfants, de Rachida, en tout cas pas celle qu’on imagine à 18 ans… Julie Métairie, la comédienne, happe son public, ne le lâche jamais, joue avec lui. Elle n’est pas enfermée dans son histoire (qu’elle a vécue et écrite), elle est là pour la partager, comme elle partage la boisson rouge à l’hibiscus. Elle raconte, elle rythme les mots, elle s’accompagne d’un balafon, d’un piano à pouces, de sa marche. Car elle marche beaucoup, elle ne s’arrête pas, elle tourne, de récit en récit, dans cette cour un peu à l’écart de l’agitation de la ville, fait signe à la fille à sa fenêtre. Elle a construit son texte en cinq actes comme une pièce classique mais chaque acte a un ton différent, ni unité de lieu, ni unité de temps ; quand elle nous salue, elle a 20 ans.